dimanche 27 janvier 2019

Noé (Darren Aronofsky, 2014)

Je continue mon périple dans le film biblique, je crois que j'aime bien ça surtout quand le combo nanar / délire bigot pointe le bout de son nez et avec Darren Aronofsky derrière la caméra et Russell Crowe devant, c'est la garantie de bien rigoler. Effectivement ce Noé millésimé 2014 est d'une nullité pratiquement du début à la fin, avec en prime Anthony Hopkins plus mauvais que jamais, cabotinant en oracle conseillant Noé et toute sa famille, habillé de tissu en lambeaux, le visage boursouflé de rides exagérées et une tignasse de longs cheveux blancs laissant apparaître une large calvitie.

Le destin de Noé est connu de tous mais il s'agit dans ce long, très long, trop long film de le rendre hollywoodien. Il est nécessaire de la rendre spectaculaire car des les quelques versets du live de la Genèse, rien n'est spectaculaire, bien au contraire. Les lignes consacrées à l'arche de Noé se contentent de donner les dimensions de l'embarcation, d'indiquer qui a embarqué et que les animaux sont recueillis en couple pour repeupler la Terre. Si Darren Aronofsky s'en était tenu à la Bible, le film aurait duré 40 minutes comme dans ce film muet que j'avais vu en décembre, Noah's ark et The Deluge. Déjà un film édifiant.

Noé a des visions, un serpent au yeux perçants qui s'avancent dans l'herbe grasse, une main phosphorescente qui saisit un fruit. Oh l'allusion au Jardin d'Eden, à Adam et Eve dont il est rappelé à plusieurs reprises dans des dialogues grandiloquents qu'il en est le descendant (au cas où on aurait oublié). Plus tard, Noé fait un terrifiant cauchemar. Il est sous l'eau et voit des milliers de personnes se noyer, il voit des milliers d'animaux remonter à la surface pour rejoindre un immense bateau en parallélépipède. Tiens, je crois que je vais construire une arche et faire grimper des animaux dedans dit-il au bord de son lit à son épouse (Jennifer Connelly) qui acquiesce.

Le temps d'une pause, parlons de la famille de Noé. Avec sa femme, il a eu 3 fils. Attention Shem (Douglas Booth) l'aîné est un mannequin pour shampoing, il a de très soyeux cheveux longs et un sourire ultra-brite. Le second Cham (Logan Lerman), cheveux courts, est un rebelle, il est peu jaloux de la meuf de son grand-frère, Ila (Emma Watson, l'actrice se croit dans un soap opera). Les deux amoureux se roulent des pelles dans la forêt. Mais Ila est toute triste car elle ne peut pas tomber enceinte. Enfin, le petit dernier Japheth (Leo McHugh Carroll), un rôle qui ne sert absolument à rien. Tous sont des jeunes gens, à peine adultes.

Evidemment Darren Aronofsky modifie beaucoup le récit de la Genèse pour apporter un peu de chair car non seulement Noé était un vieillard dans la Genèse mais en plus ses trois fils étaient mariés et accompagnés de leur famille dans l'arche. Le film joue sur un suspense existentialiste : l'humanité va-t-elle survivre avec Ila comme unique femme sur l'arche ? Car elle est stérile, comme je le disais plus haut, et son fiancé le rappelle à chaque ligne de dialogue. Quand le cadet se trouve une fille, son père la laisse crever quand l'eau commence à tomber pour entamer le déluge divin. Cham en est tout fâché.

Mais surtout Noé est un film d'action avec des effets spéciaux délirants (les géants de pierre qui aident à la construction de l'arche) mais hideux, une bataille épique avec le descendant de Caïn (Ray Winstone), soit des milliers d'hommes qui veulent embarquer dans l'arche. On ajoute une pincée de complot, le fils Cham qui recueille en secret ce aïeul de Caïn. Bref, il y a de quoi tenir une heure de plus avec tout un tas d'éléments dignes d'un film d'action, paradoxalement, une fois que l'eau a tout envahi, le film ne cherche pas à créer du suspense sur un éventuel danger aquatique (par exemple un trou dans la coque de l'arche).


En revanche, le film se lance dans un défi scientifique et là est le seul intérêt du film. Noé cherche à faire coïncider la bêtise du récit biblique avec la science. Ainsi, une fois les animaux entrés dans l'arche, ils sont endormis grâce un encens créé SCIENTIFIQUEMENT par l'épouse de Noé. Astucieux. Mais le morceau de bravoure est le récit de la création de la Terre en 7 jours sur des images qui illustrent la théorie du Big Bang et de l'évolution des espèces. Tout ça en quelques minutes à peine. Ça ressemble vaguement à la séquence cosmique de Tree of life. Tout cela dénote surtout l’ineffable naïveté de Darren Aronofsky dans cette tentative risible de réconcilier deux courants si opposés, en tout cas aux USA où le créationnisme a tant d'adeptes.
































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