mercredi 30 janvier 2019

Le Grand bazar (Claude Zidi, 1973)

Tournés en 1972 ou 1973, sous la glorieuse ère du Président Pompidou, Le Grand bazar, Tout va bien et Les Valseuses ont un point commun : le supermarché. A la fin du film de Godard & Gorin, Anne Wiazemsky et une bande de gauchistes mettaient à sac un Carrefour, au début du film de Bertrand Blier, Gérard Depardieu et Patrick Dewaere se faisaient refouler par un vigile (l'inénarrable Marco Perrin) à cause de leur tenue de hippies (cette scène des Valseuses a été tourné près de Valence dans un supermarché Mammouth que je connais bien). Chez Claude Zidi, un Euromarché (marque disparue) vient s'installer pile en face du café commerce d'Emile (Michel Galabru). Le petit commerce est en danger !

Phil, Jean-Guy, Gérard et Jean (bref, les 4 Charlots) viennent chaque matin boire un café chez ce sympathique cafetier. Accessoirement, ils jouent au baby-foot mais surtout ils partagent avec Emile la même passion pour la moto. Hélas pour eux, ils sont trop pauvres pour se payer la Kawasaki de leur rêve, les quatre jeunes gars habitent encore chez leur parents, dans la souriante Cité des Fleurs, enfin comme le dit le panneau publicitaire, les immeubles sont déjà des cages à lapins d'où doivent s'extirper chaque matin nos quatre compères pour aller au boulot. Jolie et inventive séquence des réveils respectifs au son de la sentence répétée par tous « alors tous les matins c'est la même chose » comme une ritournelle.

Le boulot consiste à assembler des tondeuses à gazon, symbole extrême du travail du loisir, l'homme tond son gazon le week-end, mais ils se font virer quand ils construisent une simili moto avec quatre tondeuses. Comme dans Les Bidasses en folie, une partie du film consiste à exercer de nouveaux boulots où leur incompétence fait tout capoter. Gérard vend des appartements pourris dans la cité (c'est lui qui a les meilleurs gags). Pour les trois autres c'est la routine, mais Phil s'est vu réserver un gentil gag. Il distribue des tracts que les gens froissent et jettent immédiatement. Pour attirer leur attention, Phil décide de leur donner le tract tout froissé, les gens le déplient et commencent à le lire. Astucieux, n'est-ce-pas.


Mais revenons au supermarché construit en face de l'épicerie d'Emile. Son directeur est joué par un Michel Serrault en plein cabotinage ce qui avec le jeu outré de Michel Galabru offre un spectacle légèrement supérieur aux gags visuels des Charlots constitués pour l'essentiel de maladresse causant ici ou là des désagréments pour le supermarché. Ce qui m'intéresse toujours dans ces films tournés en décors naturels, c'est voir la vie de l'époque dans les années 1970, les marques, les produits, c'est costaud les fringues, on remarque l'absence de code-barre et que les caissières connaissaient les prix par cœur. Et puis cerise sur le gâteau, un séquence de comédie musicale dans l'épicerie, chantée et dansée, Claude Zidi s'avérait plutôt doué pour le genre.



















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