Tournés
en 1972 ou 1973, sous la glorieuse ère du Président Pompidou, Le
Grand bazar, Tout va bien et Les Valseuses ont un
point commun : le supermarché. A la fin du film de Godard &
Gorin, Anne Wiazemsky et une bande de gauchistes mettaient à sac un
Carrefour, au début du film de Bertrand Blier, Gérard Depardieu et
Patrick Dewaere se faisaient refouler par un vigile (l'inénarrable
Marco Perrin) à cause de leur tenue de hippies (cette scène des
Valseuses a été tourné près de Valence dans un supermarché
Mammouth que je connais bien). Chez Claude Zidi, un Euromarché
(marque disparue) vient s'installer pile en face du café commerce
d'Emile (Michel Galabru). Le petit commerce est en danger !
Phil,
Jean-Guy, Gérard et Jean (bref, les 4 Charlots) viennent chaque
matin boire un café chez ce sympathique cafetier. Accessoirement,
ils jouent au baby-foot mais surtout ils partagent avec Emile la même
passion pour la moto. Hélas pour eux, ils sont trop pauvres pour se
payer la Kawasaki de leur rêve, les quatre jeunes gars habitent
encore chez leur parents, dans la souriante Cité des Fleurs, enfin
comme le dit le panneau publicitaire, les immeubles sont déjà des
cages à lapins d'où doivent s'extirper chaque matin nos quatre
compères pour aller au boulot. Jolie et inventive séquence des
réveils respectifs au son de la sentence répétée par tous « alors
tous les matins c'est la même chose » comme une ritournelle.
Le
boulot consiste à assembler des tondeuses à gazon, symbole extrême
du travail du loisir, l'homme tond son gazon le week-end, mais ils se
font virer quand ils construisent une simili moto avec quatre
tondeuses. Comme dans Les Bidasses en folie, une partie du film
consiste à exercer de nouveaux boulots où leur incompétence fait
tout capoter. Gérard vend des appartements pourris dans la cité
(c'est lui qui a les meilleurs gags). Pour les trois autres c'est la
routine, mais Phil s'est vu réserver un gentil gag. Il distribue des
tracts que les gens froissent et jettent immédiatement. Pour attirer
leur attention, Phil décide de leur donner le tract tout froissé,
les gens le déplient et commencent à le lire. Astucieux,
n'est-ce-pas.
Mais
revenons au supermarché construit en face de l'épicerie d'Emile.
Son directeur est joué par un Michel Serrault en plein cabotinage ce
qui avec le jeu outré de Michel Galabru offre un spectacle
légèrement supérieur aux gags visuels des Charlots constitués
pour l'essentiel de maladresse causant ici ou là des désagréments
pour le supermarché. Ce qui m'intéresse toujours dans ces films
tournés en décors naturels, c'est voir la vie de l'époque dans les
années 1970, les marques, les produits, c'est costaud les fringues,
on remarque l'absence de code-barre et que les caissières
connaissaient les prix par cœur. Et puis cerise sur le gâteau, un
séquence de comédie musicale dans l'épicerie, chantée et dansée,
Claude Zidi s'avérait plutôt doué pour le genre.
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