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dimanche 19 juillet 2020

Haceldama (Julien Duvivier, 1919)

Je ne dirais pas que c'est un Graal, mais j'aime cette idée de découvrir, enfin, le tout premier film d'un cinéaste que j'aime bien. 1919, plus de 100 ans, Julien Duvivier tourne ce western en Corrèze, Haceldama, ce titre biblique renvoyant à Judas Iscariote pour un film contemporain de son action mais tout de même un peu étrange. Le film est disponible sur la plate-forme Henri. Il y a d'ailleurs beaucoup de films muets de durées variées, des courts, des feuilletons, des adaptations d'Emile Zola, mais pour l'instant c'est Haceldama.

Je ne suis pas certain de pouvoir raconter le film dans ces détails et même pas dans sa ligne générale tant le rythme est lent, parfois proche de l'hypnose avec ses acteurs hiératiques. En gros, c'est l'histoire d'une jeune femme Minnie (Suzy Lilé) adoptée par un homme très taciturne, Landry Smith (Séverin-Mars). Un homme fortuné dont le magot attise certaines convoitises. La petite bonne Kate Lockwood (Yvonne Brionne) veut se l'accaparer. Pour cela, elle va s'acoquiner avec Bill Stanley (Camille Bert), un gringo, un cow-boy qui joue avec son pistolet.

À cela, il faut ajouter une vengeance à parfaire. Un jeune homme, plutôt joli de sa personne, Jean Didier (Jean Lorette) veut rendre justice. Il pense que Landry Smith a causé la ruine de son père. Seulement voilà, ce Landry, il l'a rencontré et il a sympathisé avec lui, mais sans connaître son identité. Qui plus est, Jean tombe (forcément) amoureux de Minnie. Il sera au fur et à mesure tiraillé entre l'honneur familial, les amours naissants et le respect pour cet homme. Mais assez tôt, le réel ennemi de Jean devient Bill Stanley qui ose violenter Minnie.

Le film est entièrement tourné en décors naturels, c'est-à-dire souvent sur les chemins, dans les orées des bois, dans les rues du village. C'était somme toute assez rare dans le cinéma français muet pour de simples raisons d'organisation (et oui, dehors il risque de pleuvoir contrairement à un décor intérieur). Julien Duvivier tente quelques flashbacks pour évoquer ce passé obscur qui obstrue le futur de Jean Didier. C'est à peu près tout ce qu'il y a se mettre devant les yeux, le récit, je le redis, est pas simple à comprendre, un peu tarabiscoté, malgré sa brièveté.
































lundi 30 mars 2020

L'Imposteur (Julien Duvivier, 1944)

C'est la première fois que j'entendais Jean Gabin parler anglais. Certes, il a fait peu de films aux USA pendant son exil hors de la France de Pétain. L'Imposteur commence cependant en France, à Tours précisément où tout le monde parle anglais. Clément, le personnage de Gabin, est en prison. Ce jour-là est son dernier jour, il est condamné à mort et on l'emmène à la guillotine. Il a tué un policier lors d'une bagarre.

C'est le début de la guerre et les avions allemands bombardent Tours. Il parvient à s'échapper de prison qui est totalement détruite. Il fuit vers le sud de la France. Il monte dans un camion où se trouvent des soldats. Un deuxième bombardement. La plupart des soldats sont touchés, à terre, certains sont morts. D'un geste fou, il décide de prendre les papiers de l'un d'eux. Il était près de mourir, il renaît sous un nouveau nom.

Le périple avec sa nouvelle identité ne fait que commencer. Il s'appelle désormais Maurice Lafarge. Il embarque dans un bateau à destination de l'Afrique. Il se lie immédiatement d'amitié avec Monge (John Qualen), un ancien fermier normand, il se trouve sur le quai au moment où Lafarge s'apprête à embarquer. Lafarge et Monge deviennent des soldats au Congo Brazzaville alors colonie française. Ils deviennent partisans de De Gaulle.

Sur le navire, on découvre les autres personnages. Ils sont moins dessinés que Monge, ils existent avec un simple trait de caractère. Hafner (Peter Van Eyck) ne rêve que de se battre (il sera le premier à mourir au combat plus tard). Bouteau (Allyn Joslyn) est un fermier, Cochery (Eddie Quillan) employé de banque. Ils sont sous le commandement de Varenne (Richard Whorf). Le ton est celui d'une comédie dans ces premiers temps.

Les voilà ainsi au cœur de la forêt tropicale pour construire un aérodrome destiné à servir de relais pour la Résistance. Comme dans tous les films qui se déroulent en Afrique, les Africains n'existent que comme force de travail. Pendant qu'ils coupent la forêt, transportent les arbres, creusent, les Blancs surveillent, dirigent. Puis, une fois que les Africains ont bien bossé, les soldats se font servir le repas (toujours le même, ils en rigolent même).

Alors comme Jean Gabin n'est pas le meilleur anglophone possible, il joue essentiellement avec son corps, avec ses yeux surtout. Il ne doit pas se trahir, donner sa vraie identité. Mais son visage exprime autre chose, il est présent autour de ses camarades mais on sent bien qu'il refuse de s'attacher à eux. En tout cas dans un premier temps. Pourtant il subit un grand bouleversement dans sa vie d'homme.

En revanche, Julien Duvivier ne cherche pas à jouer sur le suspense qui consisterait à ce qu'on découvre l'identité de Lafarge Clément. Car peu lui importe qu'il soit découvert et confondu. C'est pour cela qu'il accepte d'aller se battre, un peu casse-cou, un peu leader, en tête de son escouade. Bref, il se rachète dans une idée consensuelle de l'héroïsme qu'on peut facilement qualifier de typiquement hollywoodienne.


C'est un tout petit film de Julien Duvivier presque sans femme. Seule la fiancée de Lafarge Yvonne (Elle Drew) est présente. Après des mois sans nouvelle, elle le retrouve. Il s'en suit un procès, un acte héroïque et une scène sur un cimetière militaire où ce bon vieux Monge vient se recueillir sur ses camarades tombés sur le champ de bataille. La caméra finit son travelling sur une tombe où aucun nom n'est indiqué, celle de Clément.