mardi 15 janvier 2019

Edmond (Alexis Michalik, 2019)

Dans le générique de fin du film Edmond, il est présenté dans les coins des extraits des différents Cyrano de Bergerac qui parsèment l'histoire du cinéma, de Jean Piat à Gérard Depardieu en passant par Jean Marais et Mel Ferrer. Mais cela commence par Coquelin le créateur du rôle au théâtre à Paris le 27 décembre 1897 (pile deux ans après le premier film Lumière). Le film dure pas même deux minutes et il est réalisé par l'opérateur Clément Maurice, il est visible sur le DVD Retour de flamme volume 5 édité par Lobster.

La scène choisie est celle où Cyrano déclame « et à la fin je touche », plan séquence mais en couleurs, Cyrano et son interlocuteur sont teints au pinceau (les autres silhouettes restent en noir et blanc). Mais ce qui ravit dans ce film de 1900 est que l'on entend la voix de Coquelin aîné, on entend un son venu du fin fonds du siècle. D'après Lobster, le film était prévu pour l'exposition universelle, il est donc logique que des techniciens aient cherché à présenter la voix du comédien dans cette prise de vues.

Cette scène du duel dans la pièce Cyrano de Bergerac est l'un des exigences de Coquelin que joue Olivier Gourmet dans le premier long-métrage d'Alexis Michalik. L'acteur belge s'en donne à cœur joie dans le cabotinage tout comme Clémentine Célarié qui incarne une Sarah Bernhard à la folle mégalomanie. C'est elle qui commande à Edmond Rostand cette pièce en vers pour son ami Coquelin, sans succès en 1897, ait une pièce de théâtre à jouer. Alors Gourmet et Célarié sont bons, ils sont agréables à regarder.

Edmond Rostand est joué par un acteur que je ne connais pas, Thomas Solivérès. Petit corps fluet pour jouer la timidité car l'idée unique du film est d'en faire un auteur peu sûr de son art. Il ne sait écrire que des vers quand son pair Feydeau (joué par Alexis Michalik) est à son apogée Pire que cela, il n'a jamais d'inspiration et il trouve le matériel de la pièce dans ce que son ami Léon vit. Le film joue sur un suspense fallacieux (la pièce aura-t-elle du succès?). Jamais la mise en abyme sans fin ne prend corps, le soufflé de décolle pas.

Comme pas mal de réalisateurs débutants (je pense à Nicolas Bedos en 2017) il faut faire cinéma, c'est-à-dire qu'on a droit à une surabondance de mouvements d'appareil. Il faut que ça bouge et que ça ne fasse pas théâtre, le tout est accompagné d'une musique tonitruante et de beaux costumes rutilants. Logiquement les meilleurs moments du film sont ceux des tirades de la pièce, mais pas de découverte, seules les scènes connues (le balcon, le nez, le duel) sont déclamées. Grosso modo, on ne sort pas des clichés.









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