Dans
le générique de fin du film Edmond,
il est présenté dans les coins des extraits des différents Cyrano
de Bergerac qui parsèment
l'histoire du cinéma, de Jean Piat à Gérard Depardieu en passant
par Jean Marais et Mel Ferrer. Mais cela commence par Coquelin le
créateur du rôle au théâtre à Paris le 27 décembre 1897 (pile
deux ans après le premier film Lumière). Le film dure pas même
deux minutes et il est réalisé par l'opérateur Clément Maurice,
il est visible sur le DVD Retour de flamme volume 5 édité par
Lobster.
La
scène choisie est celle où Cyrano déclame « et à la fin je
touche », plan séquence mais en couleurs, Cyrano et son
interlocuteur sont teints au pinceau (les autres silhouettes restent
en noir et blanc). Mais ce qui ravit dans ce film de 1900 est que
l'on entend la voix de Coquelin aîné, on entend un son venu du fin
fonds du siècle. D'après Lobster, le film était prévu pour
l'exposition universelle, il est donc logique que des techniciens
aient cherché à présenter la voix du comédien dans cette prise de
vues.
Cette
scène du duel dans la pièce Cyrano de Bergerac est l'un des
exigences de Coquelin que joue Olivier Gourmet dans le premier
long-métrage d'Alexis Michalik. L'acteur belge s'en donne à cœur
joie dans le cabotinage tout comme Clémentine Célarié qui incarne
une Sarah Bernhard à la folle mégalomanie. C'est elle qui commande
à Edmond Rostand cette pièce en vers pour son ami Coquelin, sans
succès en 1897, ait une pièce de théâtre à jouer. Alors Gourmet
et Célarié sont bons, ils sont agréables à regarder.
Edmond
Rostand est joué par un acteur que je ne connais pas, Thomas
Solivérès. Petit corps fluet pour jouer la timidité car l'idée
unique du film est d'en faire un auteur peu sûr de son art. Il ne
sait écrire que des vers quand son pair Feydeau (joué par Alexis
Michalik) est à son apogée Pire que cela, il n'a jamais
d'inspiration et il trouve le matériel de la pièce dans ce que son
ami Léon vit. Le film joue sur un suspense fallacieux (la pièce
aura-t-elle du succès?). Jamais la mise en abyme sans fin ne prend
corps, le soufflé de décolle pas.
Comme
pas mal de réalisateurs débutants (je pense à Nicolas Bedos en
2017) il faut faire cinéma, c'est-à-dire qu'on a droit à une
surabondance de mouvements d'appareil. Il faut que ça bouge et que
ça ne fasse pas théâtre, le tout est accompagné d'une musique
tonitruante et de beaux costumes rutilants. Logiquement les meilleurs
moments du film sont ceux des tirades de la pièce, mais pas de
découverte, seules les scènes connues (le balcon, le nez, le duel)
sont déclamées. Grosso modo, on ne sort pas des clichés.
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