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samedi 17 octobre 2015

Belles familles (Jean-Paul Rappeneau, 2014)

Dans Belles familles, Mathieu Amalric rentre de Shanghai avec sa fiancée chinoise pour signer un contrat à Londres. Il fait un détour chez sa mère (Nicole Garcia) où il apprend que la succession de la demeure familiale n'est pas encore réglée trois ans après le décès de leur père. Ni une ni deux, Amalric fonce à Ambray (ville imaginaire) pour comprendre ce qui se passe. Il rencontre là-bas sa belle famille, c'est à dire la deuxième femme de son père (Karin Viard) et la fille de cette dernière (Marine Vacth). L'accueil n'est pas des meilleurs. Son vieux pote d'enfance (Gilles Lellouche), agent immobilier tente de lui expliquer qu'il cherche à acheter l'hôtel particulier mais que le maire (André Dussolier) a émis un avis de préemption. Le film de Jean-Paul Rappeneau se déroule comme un best of de ses films précédents, ou comme on dit en français, un pot pourri. Un château donc au centre de l'intrigue, un secret enfoui que Marine Vacth et Mathieu Amalric vont tenter de percer à jour. Le film ne sait pas vraiment comment traiter les différents rapports de classe, Amalric vient de la haute (flash-back gênant d'un dîner glacial) alors que Viard, Lellouche et Vacth sont de la classe moyenne qui aspirent à vivre dans ce château. Les élégants mouvements de caméra entourent les acteurs qui débitent, les bras ballants, les dialogues à toute vitesse comme le faisaient jadis Catherine Deneuve et Isabelle Adjani. Le problème, c'est que tous parlent très très vite et ça épuise rapidement. Certains acteurs se débrouillent mieux que d'autres dans ce sprint aux dialogues qui font mouche (Lellouche et Viard sont bien plus à l'aide que Garcia et Guillaume de Tonquédec). La mise en scène du récit avance par à-coups. Mathieu Amalric propose à un autre personnage une action pour faire résoudre le problème, ce personnage refuse catégoriquement puis accepte finalement. Très répétitif dans ses procédés, assez vain dans sa mise en scène, indigent dans son récit, Belles familles s'avère passablement poussif.

samedi 29 août 2015

Péril en la demeure (Michel Deville, 1985)

 
En 1985, Christophe Malavoy était le plus bel homme de France. Michel Deville en a fait son Terence Stamp dans Péril en la demeure, l'homme qui attire tous ceux qui se trouvent autour de lui, tel le personnage de Théorème. En 30 ans, le film n'a pas tellement vieilli. Il est pourtant ancré très fort dans cette année 1985 où le genre policier était si prisé : Depardieu et Marceau dans Police, Godard avec Détective, Rendez-vous de Téchiné et même le film poids-lourd Trois hommes et un couffin qui mâtine avec le polar.

David (Malavoy) se déplace dans une vieille Peugeot 403, une voiture des années soixante, dont il ferme la porte d'un léger coup de pied. Il portera constamment un imperméable, comme l'Inspecteur Columbo, comme si le film se moquait gentiment des enquêtes policières. Mais sous l'imperméable, il est parfois à moitié nu, notamment quand il prend son petit déjeuner ou après avoir couché (ou plutôt s'être assis) avec Julia (Nicole Garcia), avec qui il entretient une liaison aussi torride que soudaine. Pourtant, au départ, David ne devait que donner des cours de guitare à la fille de Julia.

La musique, tiens parlons-en. On écoute du Brahms, du Schubert, du Granados. Toujours en mode intradiégétique, joué par David ou son élève, sur un disque, sur une radio. Tout ça pour mieux laisser couler la petite musique des dialogues qui passent leur temps à faire des jolis jeux de mots. Bohringer et son « petite cuiller, grosse cuiller, louche », pour qualifier sa situation face à David. Jeux de mots visuels avec ses raccords de main, qui sort du drap pour arriver sur la boîte à café dans le plan suivant, tout cela pour nous distraire de l'énigme qui est en train de se nouer sous nos yeux.

Le personnage de Christophe Malavoy est-il un ange de l'amour, un ange de la mort ? Tout le monde est attiré par lui. Julia, bien entendu avec qui il fait l'amour. Pudique, alors que Malavoy est tout le temps à poil dans le film, elle tiendra à garder un bout de vêtement. Graham (Michel Piccoli), le mari de Julia « aime beaucoup » David, comme le répète l'épouse avec un regard étrange, comme si elle souhaitait que cet « amour » se concrétise à trois. Graham, toujours en costume cravate, fixe longuement David tandis qu'il plie en deux son épouse, comme un jouet.

La voisine Edwige Ledieu (Anémone) – quel nom de personnage – n'est pas en reste. Toujours à observer, à filmer ses voisins, à commenter ce que les autres n'osent pas se dire en face. Edwige est à l'inverse des jolis plans du film, elle remet tout le monde dans la réalité. Les joutes verbales entre David et Edwige sont des moments savoureux, les dialogues se croisent, l'un finissant la phrase de l'autre dans une quête de vérité dans un jeu de séduction étrange et malsain. Anémone n'avait jamais joué comme auparavant.

Le personnage le plus énigmatique est l'ange noir Daniel (Richard Bohringer) qui tourne autour de David tel un vautour autour de sa proie, prêt à le dévorer tout cru. Dans leurs rapports, on se croirait parfois dans un film de Blier, Buffet froid par exemple. Daniel terriblement jaloux de Julia, traîne dans les jambes de David et court s'installer chez lui. David, avec son petit air de gentil garçon, sa coiffure d'enfant sage et ses bonnes manières, semblait bien innocent. Il aurait pu être la proie de Julia, Graham, Edwige et Daniel. Mais il va se sortir indemne des filets qu'ils leur lance et quitter ce cloaque avec son élève guitariste.

Le film n'a donc pas vieilli parce que Deville a eu l'idée de ne pas dater ses personnages (tenues intemporelles), parce que son scénario n'a rien à voir avec les années 1980 (les pères célibataires de Coline Serreau, les jeunes beurs de Pialat) et parce que les tubes de l'époque sont absents. Seuls les acteurs sont générationnels. Piccoli a pris sa retraite, Anémone et Bohringer sont devenus tricards au cinéma à cause de leur sale caractère. Garcia est devenue une réalisatrice. Malavoy écrit et joue au théâtre. Et vraiment, s'il était le plus bel homme de France en 1985, son personnage est encore aujourd'hui magnifique à regarder.











Captures d'écran établies à partir du DVD édité par Gaumont en 2009.