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mercredi 14 mars 2018

J'ai aussi regardé ces films en mars


La Belle et la belle (Sophie Fillières, 2017)
C'est la première fois que je vois un film de Sophie Fillières, c'est donc son meilleur film. Le fantastique qu'elle déploie, une femme de 20 ans rencontre son double de 45 ans et vice-versa, rappelle par certains aspects Camille redouble de Noémie Lvovsky et, pourquoi pas, Retour vers le futur. L'aînée des deux Margaux apprend à elle-même qu'elle sera son avenir ou son futur proche dans une forme molle sans se soucier d'éventuelles failles spatio-temporelles. Melvil Poupaud, éternellement jeune, fait le lien entre les deux femmes. Dans cette bataille d'actrices, Sandrine Kiberlain s'en sort merveilleusement lors des déraillements du récit, de la répétition du même motif, de l'histoire qui bégaie (la répétition dans les titres des films de la cinéaste est un leitmotiv), en gros dès qu'elle peut sortir du postulat passé / présent (la chanson en mandarin par exemple).

The Disaster artist (James Franco, 2017)
Tourné 30 ans plus tôt, il aurait possible de croire que ce récit était un faux documentaire dans la lignée de This is Spinal Tap de Rob Reiner. Un acteur mégalo qui se prend pour Orson Welles décide, après avoir pris des cours de comédie, de tourner un film, que dit-il, un chef d’œuvre. James Franco avait jusque là tourné deux films épouvantables, le prétentieux As I lie dying et le faussement osé Interior Leather bar (sur les scènes SM supposées tournées par William Friedkin dans Cruising), c'est dire s'il s'y connaît en mégalomanie. The Disaster artist est plus modeste et plus intéressant. Passé le défilé de célébrités dans leur propre rôle ou de caméos éphémères (Sharon Stone, Megan Mullaly, Bryan Cranston, JJ Abrams), le film plonge dans une mise en abyme qui vaut moins pour le tournage du film de Tommy Wiseau (que je n'ai pas vu) que pour l'amitié entre Wiseau et Greg que joue Dave Franco, le petit frère de James. C'est là que le trouble aurait pu se situer. Mais The Disaster artist n'est pas un faux documentaire, c'est « d'après une histoire vraie » et paradoxalement, rien ne sonne vraiment juste, James Franco se moque un peu de Tommy Wiseau sans vraiment déterminer si s'approprier son passé singulier à Hollywood est une œuvre en soi.


mercredi 16 novembre 2016

King Cobra (Justin Kelly, 2016)

J'imagine que peu de monde ne connaît Brent Corrigan, sauf à avoir regardé pas mal de porno au milieu des années 2000. Avant même la sortie du film, le jeune hardeur de 30 ans a déclaré que tout ce qui est dit et raconté dans le film est loin de la vérité. Face à Corrigan, la promo du film a mis en avant James Franco, toujours prêt à se foutre à poil dans des rôles dits sulfureux, Christian Slater (très en vue en ce moment après la série Mr. Robot) dans son premier rôle gay et le jeune acteur Garrett Clayton, issu des productions Disney (tout comme Zac Efron il y a 10 ans) et qui déclarait dans un magazine récemment que s'il le pouvait, il vivrait sans aucun vêtement (comme dans le film donc).

King Cobra est l'histoire des débuts dans cette industrie de Brent (Garrett Clayton), jeune gars débarqué de San Diego jusque dans un lotissement cossu d'une banlieue Texas. Et effectivement, il ne garde pas très longtemps ses fringues quand Steven (Christian Slater) commence à le prendre en photo dans son « studio », en fait, une cave aménagée avec un canapé où il fait se désaper ses futurs acteurs. Steven est photographe de métier, d'ailleurs il prend sa sœur (Molly Ringwald) et sa famille en photo, scène destinée à montrer combien sa vie doit rester secrète. D'un côté, les photos de famille bien conformiste, de l'autre, le porno gentil avec des mecs minets (un twink, quoi).

Le film déballe la solitude du jeune homme (il avait à peine 18 ans quand il a connu Steven), son ennui dans cette banlieue du Texas (scène amusante où il croise une voisine qui se demande ce qui se passe dans cette maison, il lui répond que Steven fait du porno gay, avec un sourire délicieux face à l'air contrits de la voisine), l'amour que lui porte son mentor, l'absence de sa maman (Alicia Silverstone) à qui il fait croire qu'il fait des études de cinéma. Brent s'aperçoit un jour que son protecteur / amant / producteur se fait tout un tas de pognon sur son dos alors même qu'il est devenu une star du porno sans même qu'il ne le sache et puisse en profiter.

Ce n'est franchement pas l'aspect économique qui intéresse Justin Kelly, ni même l'aspect moral sur un patron dominant et un employé dominé, un couple vieux jeune, ou sur le porno (tant mieux d'ailleurs). Assez vite, King Cobra se tourne vers l'opposition entre deux couples. Brent et Steven face à Joe (James Franco) et Harlow (Keegan Allen), même rapport de domination mais puissance 10, Joe prostitue Harlow et profite de sa très grande naïveté. Joe est manipulateur, égoïste, brutal, violent, jaloux, James Franco en fait certes trop, comme toujours, dans ce rôle de mec borderline, mais par un simple froncement de sourcils, il sait être inquiétant.

Cette inquiétude est le ressort de la deuxième partie du film. Joe pousse Brent Corrigan à se séparer de Steven qui refuse à cause d'un contrat et parce que, tout simplement, Brent est une poules aux œufs d'or. Joe pousse donc Harlow à tuer Steven. Faut dire que le jeune escort boy est fou amoureux de Brent, qu'il connaît pourtant à peine. L'histoire est vraie mais le film est un peu banal sans être déplaisant, sans aucune inventivité narrative et esthétiques, les scènes de cul sont sans vigueur, évidemment on ne voit pas le bout d'une bite, le crime est sanglant mais mis en scène avec de trop grands effets, restent les acteurs plutôt contents de croire qu'ils font un film insolent.