jeudi 31 octobre 2019

J'ai aussi regardé ces films en octobre


Hors normes (Eric Tolédano & Olivier Nakache, 2019)
La douceur et la violence, c'est la marque de fabrique du duo de cinéastes. Douceur du ton (un comédie réussie, c'est devenue tellement rare), violence du sujet (les autistes considérés comme des plaies de la société). Deux autistes sont mis en avant, un Joseph trop gentil et un Valentin trop violent, deux pôles opposés que les deux héros (Vincent Cassel en juif orthodoxe et Reda Kateb en musulman) vont aider avec leur jeunes recrues venues de banlieue. L'énergie de toute la troupe fait le film, ça court dans tous les sens. C'est très bien.

L'Angle mort (Patrick Mario Bernard & Pierre Trividic, 2019)
C'est très bien que le fantastique cherche sa place dans le cinéma français, mais comme chaque fois (Entre le ciel et la terre, Grave) l'ancrage profond dans la réalisme bouffe tout le reste. Chaque fois, le parti pris cérébral l'emporte sur le physique et pourtant il y a de quoi faire avec une histoire d'homme invisible. Ici, tout passe par des dialogues à la fois très explicatif et totalement en forme d'allusions. A ce jeu peu amusant et souvent démonstratif, Jean-Christophe Folly s'en sort bien mieux qu'Isabelle Carré qui semble, encore une fois, se croire sur la grande scène de la Comédie Française.

Debout sur la montagne (Sébastien Betdeber, 2019)
J'ai mis du temps à regarder un film de Sébastien Betbeder. Rien ne m'y attirais jusque là, ni les titres ni les acteurs. Mais j'aime bien William Lebghil alors j'y vais. C'est plutôt mignon, frais (c'est tourné dans l'Oisans, dans un chouette village entouré de montagnes). Ça neige, on se dispute un peu, on se cause. Trois amis se retrouvent après des années et cherchent à comprendre l'origine de leur vie ratée (le sexe bien entendu). Trois animaux sauvages (zèbre, lama, lémurien) circulent en ville. L'ancien maire perd la mémoire, l'un des trois amis a des visions étranges. Je ne sais pas encore sir je regarderai ses anciens films ni ses prochains.

Doctor Sleep (Mike Flanagan, 2019)
Sorry we missed you (Ken Loach, 2019)
A priori rien ne rapproche le dernier drame social du cinéaste britannique avec cette suite 40 ans après Shining d'un roman de Stephen King par un jeune réalisateur né à Salem. Rien. Seulement voilà, Ken Loach s'échine, comme dans Moi Daniel Blake, à faire de la vie de ses personnages des films d'horreur. Parce qu'on commence à bien comprendre son système, on sait qu'il va arriver merde sur merde à ce père de famille de Manchester et qu'il va entraîner dans sa chute sa femme, son fils (tagueur et adepte de l'école de la rue) et sa fillette. À chaque séquence, on frémit de ce que le scénario démiurge va faire leur subir. Voilà où le vrai effroi cette quinzaine. Un jour il faudra bien que Ken Loach assume qu'il fait des films d'horreur et que la critique cesse de dire qu'il fait des films sociaux.
Quant à Doctor Sleep, il s'engage dès les premières notes de musique et le prologue à réécrire l’œuvre de Stanley Kubrick que Stephen King a toujours détestée. Le titre du film est d'ailleurs « Stephen King's Doctor Sleep », autant dire que le réalisateur n'existe pas. Le film sans rythme sans point de vue sème le spectateur dans divers endroits comme les Torrance se perdaient dans le labyrinthe de l'hôtel Overlook. Parfois on est plus proche d'Underworld que de Shining pourtant peu avare d'effets tonitruants au moins dans sa version américaine sortie en France l'été 2013. Comme à les concours de sosies d'Elvis et de Marilyn à Las Vegas, Doctor Sleep s'amuse à faire un concours de sosies de Shining, à la fois dans les scènes, les lieux et les personnages. L'horreur ici n'est pas sur l'écran, car rien n'effraie, on ne sursaute même pas, mais dans la conception de ce film interminable. Pauvre Stephen King qui croit faire oublier Kubrick. J'aurais mieux fait d'acheter le livre « D'après Stephen King » écrit par mon camarade François Cau et Mathieu Rostac.

mercredi 30 octobre 2019

Le Traître (Marco Bellocchio, 2019)


« Un toast à nos amis, à nos familles et à l'argent ». Toute la mafia sicilienne est réunie dans la cossue demeure de l'un de ses pontes. Ils décident de se partager le marché de l’héroïne entre les différentes familles. Tout cela se passe le soir du 4 septembre 1980, c'est ce jour-là que commence Le Traître, c'est ce jour-là que l'hôte de la soirée, avec un grand sourire, propose de porter un toast dans l'espoir que tout se passe bien « pour cette famille et pour cette paix qui durera toujours ». puis, sur la plage un feu d'artifice est tiré et tout le monde acclame la sainte du jour, Viva Santa Rosalia puis se mettent à danser en farandole comme s'ils étaient tous unis.

Cette séquence d'ouverture d'à peu 10 minutes repose sur les clichés des films de mafia italiens (et américains aussi). Légion depuis des années pour ne pas dire à la mode (Piranhas, Gomorra, 5 est le numéro parfait, Frères de sang pour les plus récents), ils reposent toujours sur cette idée de la famille. Marco Bellocchio les montre tous dans une fête. Il passe de l'un à l'autre, avec l'hôte, tout à sa joie, qui souhaite prendre une photo avec tout le monde. Le cinéaste en profite pour incruster sur l'écran le nom de toute cette population. Le cliché est pris avec tout le monde, certains tirent la tronche, ils n'ont pas envie de ce souvenir éventuellement compromettant.

La gueule de l'emploi, Pierfrancesco Favino l'a pour jouer ce Tomasso Buscetto, lunettes de soleil la plupart du temps sur le visage, clope au bec tout le temps et grosse moustache. Buscetto a une famille, plutôt nombreuse. Il a eu trois femmes et huit enfants. En cette fin 1980, il s'apprête à partir au Brésil avec Cristina (Maria Fernando Candido) et ses trois jeunes enfants. Il compte laisser les deux aînés, maintenant adultes, en Sicile. Il est inquiet pour Benedetto que le père découvre complètement défoncé. Son regard noir, qu'il ne changera guère, juge ses compères et ses pairs et son exil forcé au Brésil.

Il faut tenter d'écouter attentivement ce que disent les personnages. Le film est polyphonique. Cristina et Tomasso parlent entre eux en portugais, ils sont ainsi à peu près sûr que personne ne les comprend. Lors de son second exil aux USA, on entendra aussi de l'anglais mais avec un fort accent, forcément. La plupart des siciliens parlent le dialecte local entre eux. Cela créera des incidents plus tard lors du procès quand Contorno (Luigi Lo Cascio) n'échinera à ne parler que sicilien. Le tribunal lui ordonnera de parler italien, mais Contorno ne sait pas parler italien. Cela dit, c'est surtout le langage du corps qui prime avec ces doigts en corne pour porter un mauvais sort que lancent les autres accusés.

Le gros morceau du film est constitué des scènes de procès. Elles sont absolument géniales avec une disposition des protagonistes qui compose la dramaturgie. D'un côté les juges sur leur estrade, derrière des pupitres qui coupent leur corps en deux. On ne voit que le haut. De l'autre côté, les prévenus dans des cellules qui forment un croissant. Les accusés cherchent à toute force à perturber le bon déroulement du procès. Alors que tout cela est très sérieux, ces perturbations apportent un élément comique comme on n'en voit rarement. Ils sont des pitres, ils sont facétieux, ils sont impertinents. Rarement, je n'ai autant apprécié des scènes de procès où tout est en mouvement constant avec au centre Buscetto qui tourne le dos à ses anciens amis.

Le procès a eu lieu en 1986 après que Buscetto ait décidé de se repentir. Il va tout raconter au juge Falcone (Fausto Russo Alesi) non pas pour se venger de l'assassinat de ses deux fils par Riina (Nicola Cali) le chef du clan Corleone et son allié Pipo Calo (Fabrizio Ferracane) mais parce qu'il pense que ce sont eux qui ont trahi la Cosa Nostra. Avant le procès, ce sont des longues scènes de dialogues entre Buscetto et Falcone qui sont de haute tenue. L'histoire est vraie mais la matière dépasse tellement la fiction que tout semble incroyable. Le film dure certes 2h31 (avec 9 minutes de génériques) mais tout passe vite dans un enchevêtrements entre les époques, voilà un immense film politique, une œuvre de cinéma total pour un immense plaisir de spectateur.

mardi 29 octobre 2019

Upgrade (Leigh Whannell, 2018)

Les films produits par Blumhouse se suivent et ne se ressemblent pas, entre les très bons films (Get out, Blackkklansman) et les gros ratages (Action ou vérité, Ma), on trouve de tout dans la maison de Jason Blum. Le producteur n'arrête pas, forcément on passe à côté de films. Ce Upgrade vient d'Australie, il est sorti en octobre 2018, je n'en avais jamais entendu parler. C'est réalisé par Leigh Whannell que les habitués de Blumhouse connaissent bien, dans les malicieux Insidious (pour les amateurs de films où on sursautent), il est l'un des deux experts du surnaturel qui débarquent en costume. Voilà pour les présentations.

Les premières séquences de Upgrade ne sont pas vraiment engageantes, il faut bien le dire. À part ce générique parlé (ce qui n'est pas commun) avec une voix électronique qui cependant donne le ton, l'ouverture est banale. Un gars, un peu macho, brut de décoffrage, Grey Trace (Logan Marshall-Green, que certains appellent le sous Tom Hardy) répare une vieille voiture dans son garage. On est dans n'importe quel film mais tout est troublé quand la petite amie du monsieur arrive (Melanie Vallejo), elle débarque en véhicule futuriste. Ça contraste avec cette voiture tout ce qu'il y a de plus classique.

Premières scènes banales donc mais vite balayées par cet environnement de technologie avancée. Grey doit justement livrer l'auto à un petit génie de l'informatique qui habite, isolé au bord de l'océan, dans un demeure à la fois ancestrale (on y pénètre par un escalier situé sous un dôme formé de menhirs gigantesques) et ultra moderne (tout est connecté). Le geek Eron Keen (Harrison Gilbertson), réplique fictive d'Elon Musk, sorte de robot vivant commence à lui parler d'un cerveau intelligent qu'il vient de créer. Il lui montre un processeur de la taille d'un pouce qui serait la forme la plus aboutie d'intelligence artificielle.

L'intelligence de Grey Trace n'est pas son point fort mais c'est dans son corps que va être implanté ce petit bout de logiciel. Les circonstances de cette greffe de la technologie sur un corps de héros des années 1980 sont l'une des meilleures idées du film. Il s'agit d'une enquête sur un accident qui cause la mort de sa petite amie et rend Grey handicapé. Les images sont mises en question, Grey cherche à comprendre ce qui s'est passé, en parallèle à l'enquête de la police menée par l'inspectrice Cortez (Betty Gabriel) à qui il ment constamment. On parle de manipulation des images, de simulacre, on est à la fois en plein dans notre époque et dans une tradition de cinéma paranoïaque.

Jusque là rien que du déjà-vu, certes Upgrade est agréable mais le film prend une ampleur avec l'existence de ce logiciel qui prend vie dans le corps malade de Grey. Le logiciel a un prénom Stem et une voix intérieur (celle de Simon Maiden), une voix bien entendu aussi proche que possible de celle de HAL dans 2001 l'odyssée de l'espace. C'est ce duo intérieur, Grey physiquement là mais absent pour les autres (puisqu'il est sur un fauteuil roulant) et Stem intellectuellement là mais absent pour tous sauf Grey. Cette matière donne des possibilités infinies au récit, celle choisies s'axent sur deux pôles qui font de Upgrade une très agréable surprise.


Stem contrôle le corps et rend Grey très fort. Il devient une machine de guerre (filmée comme dans un jeu vidéo) et dans cette enquête qu'il mène en solitaire, il détruit tout sur son passage, c'est-à-dire les décors comme les personnages, des hommes « améliorés » mais aux cerveaux dégénérés. Là où le film est plaisant c'est dans les rapports que Grey a avec cette machine, c'est un comique facile mais efficace, souvent très drôle où tout repose sur des répliques hilarantes et des situations de quiproquos. Plus le film avance, plus les ressorts de science-fiction s'estompent pour aboutir à un thriller politique. On verra ce que le réalisateur, toujours pour Blumhouse, fera avec son Homme invisible, prévu pour 2020.





















lundi 28 octobre 2019

Charlot concierge (Charles Chaplin, 1914)

Pour la première fois, Charlie Chaplin ne s'en remet pas seulement à une situation simple pour produire son court-métrage burlesque. Dans Charlot concierge (The New janitor), il développe non seulement des gags (basés sur la maladresse de Charlot ici en homme de ménage qui montre peu d'aptitude pour cette profession), des personnages et en tout premier lieu le sien où la dualité est exprimée mais aussi un récit plus solide que tout ce qu'il avait fait à la Keystone jusqu'alors.

Cet homme de ménage, ce concierge comme le dit le titre, doit monter au dernier étage pour aller nettoyer le bureau du patron. Le garçon d'ascenseur (Al St. John, extrêmement maquillé) se moque de lui en lui interdisant l'accès à l'ascenseur, c'est dire à quel point son personnage est en bas de l'échelle puisque même cet employé lui est supérieur, il a un petit pouvoir. Le petit sourire du garçon d'ascenseur annonce les prochaines visées sociales de ses films avec le monde du travail comme univers d'oppression.

Puis c'est la maladresse habituelle de Charlot qui entre en jeu. Il ne fait pas attention à ce qu'il fait, rentre dans les objets ou les utilise comme « armes » dangereuses. Le meilleur gag est celui du balai qu'il enjambe pour entrer dans une pièce parce qu'il l'a positionné à l'horizontale. Mais une fois entré dans le bureau, il tourne le manche du balai à la verticale. Puis ce sera la secrétaire qui va le distraire dans sa tâche, il n'a d'yeux que pour elle, elle l'observe laisse faire ses facéties en rigolant.

Le ménage se poursuit avec le lavage des vitres. Comme indiqué plus haut, Charlot est au dernier étage d'un immeuble de bureaux. Il se penche à la fenêtre avec une vue dans le vide, il propose là du sensationnel (à la Harold Lloyd, mais avant lui) avant que le burlesque ne reprenne le dessus. Le contenu de son seau de lavage se déverse sur son patron qui se trouvait sur le trottoir devant les bureaux. Le patron un « gros plein de soupe », ici caricaturé ostensiblement, va virer Charlot sans ménagement.

Le film propose une histoire secondaire, là aussi c'est une première fois, située dans le bureau adjacent. L'un des employés a des dettes de jeu. Le patron refuse l'avance et l'employé décide de dérober l'argent dans le coffre. Seulement voilà, tout cela n'est pas simple. Un léger suspense se met en place car l'employé menace d'un pistolet la secrétaire, amoureuse de lui, et se révèle un fieffé voleur. La violence est telle que l'employé va étouffer la secrétaire pour la faire taire, elle va s'évanouir.


Je parlais de dualité du personnage de Charlot. Elle arrive à ce moment-là. Lui qui était si maladroit pour faire le ménage s'avère très audacieux pour sauver la belle secrétaire. Avec sa canne, il va désarçonner l'employé et se saisir du pistolet. La police arrivé sur les lieux, évidemment une fois que tout est fini, pense que Charlot est celui qui voulait voler le patron. L'injustice est déjà au cœur du récit de Chaplin mais le patron clame l'innocence du concierge et le récompense.













dimanche 27 octobre 2019

Les Roseaux sauvages (André Téchiné, 1993)

Les Roseaux sauvages avait été produit pas la télévision en 1993, pour cette fameuse série d'Arte « Tous les garçons et les filles de leur âge » (quand Arte avait des idées autre que faire des formats courts) et était ensuite sorti en salle au printemps 1994. André Téchiné parlait de ses souvenirs, ce n'était pas la première fois, avec son comparse Jacques Nolot. Cette fois il parle de son adolescence, de ses 15 ans. Le film répondait à quelques contraintes pas franchement insurmontables, parler de ses 15 ans et inclure une scène de fête.

C'est d'ailleurs par un mariage que Les Roseaux sauvages commence. Une fête, on mange, on boit, on chante, on danse. Le marié invite la prof d'histoire à danser Madame Alvarez (Michèle Moretti). Il a une demande à lui faire, il sait qu'elle a de l'affection pour lui. Il a besoin d'aide, il veut déserter. Elle est au parti communiste. Elle refuse de l'aider et il partira juste après son mariage et en reviendra dans un corbillard. C'est ce mariage, cette guerre qui est dans toutes les conversations et si les adultes vont se battre, ce sont les jeunes qui en parlent.

On imagine avec facilité que François (Gaël Morel) est celui qui représente le plus André Téchiné, qui regroupe ses propres souvenirs. Probablement. Il va à l'encontre d'une guerre moins meurtrière que la guerre d'Algérie, celle de ses sentiments pour ces cothurnes. Le gars avec l'accent du sud-ouest, le sportif Serge (Stéphane Rideau) qui fait du rugby torse nu comme Henri (Frédéric Gorny) le pied-noir exilé, vivant sans ses parents partis à Marseille. Deux jeunes hommes aux tempéraments opposés, aux opinions divergents, aux histoires contrastées.

Mais François ne choisit pas ceux pour qui il a de l'affection. Il ne comprend pas ce qui lui arrive. Alors il ne cesse jamais d'en parler. Les Roseaux sauvages est l'un des films les plus bavards d'André Téchiné. François passe son temps à se poser des questions sur cette passion. Pourtant elle est simple, d'un côté le corps, la plupart à moitié nu de Stéphane Rideau devenu idole gay après ce film, de l'autre l'intello cynique et sinistre. Le regard clair et lumineux de Serge et les yeux baissés et sombres d'Henri. Il faut qu'il exprime son penchant pour ces deux garçons.

Celle qui écoute est Maïté (Elodie Bouchez), la fille de Madame Alvarez. Elle sert dans le film de personnage de passeur, celle qui va d'un garçon à un autre pour écouter ce qu'il a à dire. François avec son sentimentalisme, Serge avec ses peurs de rester au pays, Henri avec sa haine de l'autre. On trouve dans ces trois personnages toutes les contradictions de la jeunesse. Ils sont plein d'espoir mais ne savent pas comment accéder au bonheur, ils se sentent coincés, cela est symbolisé par l'internat dans lequel ils vivent, dans ce lycée de province.

Ce qui va les sauver, c'est se mettre à nu, littéralement cela passe par quelques scènes de sensualité (Serge et François se font plaisir mutuellement) et surtout par la baignade finale où l'eau les apaise, les rapproche, les réveille. Je crois vraiment que c'est dans ces moments que le film est réellement authentique plus que dans les rencontres politiques (Henri veut brûler le siège du PCF, il écoute les événements par la radio). Quand le cinéaste filme à travers les feuillages, dans un clair obscur campagnard ses quatre acteurs avec d'élégants mouvements d'appareil


Le film est un peu laborieux dans son premier tiers (le jeu des acteurs est passable, faut être honnête, le film a quand même pris un sacré coup de vieux et le jeu hésitant de Stéphane Rideau et l'horripilante prestation de Gaël Morel n'aident pas) puis devient plus serein par la suite. Le scénario est très foisonnant, terriblement romanesque, André Téchiné s'attache à chacun avec comme idée de mise en scène de varier les duos pour justement finir dans la rivière à l'approche de l'été où tout finit et tout commence.