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dimanche 26 avril 2020

40 ans toujours puceau (Judd Apatow, 2005)

J'ai adoré les comédies américaines des années 2000, et j'ai surtout été heureux de pouvoir les voir au cinéma. Largement supérieures aux comédies des années 1990 (teen movies à gogo et Jim Carrey dans ses exercices grimaçants), elles me sont familières parce que les personnages avaient grosso modo mon âge, c'est donc aussi une question de génération. J'appelle cette décennie celle des comédies régressives, c'est le moins qu'on puisse dire.

Ben Stiller dans Zoolander (2002), Will Ferrell dans La Légende de Ron Burgundy présentateur vedette (2004), Adam Sandler dans Rien que pour vos cheveux (2007). seulement voilà, ces trois acteurs – et beaucoup d'autres – ont été desservis par des VF débiles. Will Ferrell avant même le moindre gag fait rire grâce à sa voix, sa vraie voix, pas seulement ce qu'il dit. A ce trio triomphant, il ne faut pas oublier Steve Carell et sa première prestation visible en France.

40 ans toujours puceau a donc 15 ans. J'avais beaucoup ri au film mais plus du tout aujourd'hui. C'est étrange les choses et comment elles tournent. Le film n'a pas spécialement vieilli, il est marqué par son temps dans sa conception même : l'improvisation de tous les collègues de Steve Carell. Ils s'envoient des vannes en guise de discussion avec comme paroxysme la « bataille » verbale entre Paul Rudd et Seth Rogen avec les « you know how I know that you're gay ? »

Même si tout se passe dans le magasin de télévisions et compagnie que tient un Jane Lynch pince-sans-rires, tous ces adultes se comportent comme des gamins. Cela rapproche le film des teen movies. Ici, il s'agit de perdre sa virginité, non pas au bal de promo, mais avant les 41 ans de Steve Carell. Il doit écouter les conseils stupides, des ses camarades de classe qui jusqu'à présent n'avaient même pas porté attention à lui.

Steve Carell est le geek par excellence, ce type jamais sorti de l'adolescence comme le montre tous ses personnages de comics qu'il conserve dans les emballages d'origine. Etre puceau est donc une tare, cela est entendu pendant tout le film sur tous les tons, notre loser commence à en être persuadé. Ce qui est navrant est la raison pour laquelle il reste puceau, ça remonte à l'adolescence. Mais finalement, c'était exactement ce genre de blocage dans Mary à tout prix.

Cet homme américain est comme Harold Lloyd, comme Peter Sellers. Maladroit dans tous les sens du terme, incapable de parler à une femme et provocateur de catastrophes. La scène la plus célèbre du film est celle de l'épilation de son abdomen à la cire. J'avais beaucoup ri en 2005, aujourd'hui absolument pas. Je crois que la scène est trop longue, que la mauvaise blague des collègues s'effondre avec leurs rires moqueurs.


Il reste au film Catherine Keener et sa fille. Cette dernière fournit la meilleure séquence du film. Elle va avec Steve Carell dans un cours de sexualité et les autres personnes présentes sont plus délurées les unes que les autres. Par ailleurs je ne me rappelais pas du tout cette scène de « confessions » qui me semble pas du tout improvisée, vraiment écrite. Je crois que Judd Apatow s'est tourné pour son meilleur film Funny people vers ce genre de « confessions ».























vendredi 5 janvier 2018

La Légende de Ron Burgundy présentateur vedette (Adam McKay, 2004)

« Un Dieu évoluant parmi les mortels, Sa voix pouvait faire roucouler une marmotte, ses costumes faisaient passer Sinatra pour un clodo, autrement dit, Run Burgundy était à tomber » Ron Burgundy est entièrement décrit par la voix off qui ouvre le chef d’œuvre de Will Ferrell, un rôle taillé à sa démesure, écrit par lui-même et Adam McKay. Des chaussures blanches éclatantes, un costume rouge cramoisi, une magnifique moustache et un sourire ravageur, « I look good », se dit le présentateur vedette du journal du soir de la télévision de San Diego, Californie.

L'homme présente son journal avec ses trois collègues, Brick Tamland (Steve Carell) officie à la météo, il a le QI d'un enfant de 7 ans, Champ Kid (David Koechner) s'occupe du sport son chapeau texan vissé sur la tête et débite son « whammy » à chaque phrase, enfin Brian Fontana (Paul Rudd) reporter people, il est justement en direct pour commenter l'annonce importante du moment, une maman panda du zoo est enceinte. Tous les quatre sont dans le poste depuis des années, persuadés d'être les meilleurs journalistes des Etats-Unis.

Le directeur d'antenne Ed Harken (Fred Willard) laisse ses soucis familiaux de côté (en trois hilarants coups de téléphone à une bonne sœur, on apprend que son fils regarde dans son lycée catholique du porno allemand, prend de l'acide et menace ses camarades avec un flingue) pour célébrer les bons chiffres de l'audimat. Ron et sa bande vont fêter ça au bord d'une piscine, ils vont picoler et draguer des filles. Ils sont tellement irrésistibles, personne ne leur résiste sauf Veronica Corningstone (Christina Applegate).

Veronica débarque à Channel 4 avec plein d'espoirs, surtout celui de présenter le journal. Pour l'instant, Ed Harken lui confie un reportage sur un défilé canin (son caméraman est Seth Rogen, dans un de ses tout premiers rôles). Elle doit surtout subir les dragues intempestives et minables de Ron, Brick, Brian et Champ, des ados dans des corps d'hommes (ah, la scène du parfum de Brian au musc de panthère qui sent « les couches pourries dans de la bouffe indienne », les répliques premier degré au sourire débile de Brick).

Des gamins pourris gâtés, inconséquents et inconscients, pour contenter le public passif. Quand Ron et Veronica entament leur liaison amoureuse, leur première scène d'amour est rendue dans un dessin animé puéril où ils chevauchent des licornes avant de faire du toboggan sur des arcs en ciel. Tel un ado prépubère, Ron criera partout qu'il a une petite copine. Mais comment pourrait-il en être autrement pour un homme dont le meilleur ami est un chien prénommé Baxter avec lequel il a des conversations et avec qui il dort la nuit ?

Ron est au firmament du succès, il va tomber au plus bas, tout ça à cause de ses gamineries (jeter son burrito à la gueule d'un motard, joué par Jack Black) et perdre son chien, plongeant le présentateur vedette dans une déprime absolue. Dans cette courte scène de la cabine téléphonique où il hurle sa douleur à Brian, Will Ferrell déploie tout son génie, sa manière de parler est au cœur de son comique, une voix stridente à la limite du supportable (pas très éloignée de celle de Jerry Lewis), absolument pas transposable en français (la plupart de ses films ont été doublés, d'où ses échecs publics en France).

Veronica remplace ce soir-là Ron trop déprimé par la disparition de Baxter, c'est un triomphe malgré les pitreries de Brian et Champ (des gamineries où ils font des grimaces en slip), malgré les bâtons dans les roues du patron. Ron le prend très mal et sa réaction est de soûler en buvant un brick de lait (là encore une attitude infantile). Le patron décide qu'ils présenteront ensemble le journal, mais dès que le son est coupé, ils se balancent des insultes croustillantes et vicieuses (certaines d'elles, improvisées par les deux acteurs figurent dans le générique de fin).

Ron Burgundy ne doit pas seulement affronter Veronica mais aussi ses concurrents de la télévision. Le présentateur du journal du soir (Vince Vaughn), N°2 des sondages est le plus jaloux, ils s'envoient des vannes avant de s'avoiner comme des gangs dans un coin de rue. Au combat, d'autres JT, celui de midi mené par Luke Wilson, celui de la chaîne à péage avec Tim Robbins aux cheveux bouclés et celui en espagnol dirigé par Ben Stiller. C'est la meilleure scène de La Légende de Ron Burgundy présentateur vedette où les très bonnes scènes abondent.


Le titres du film fait bien de parler de « légende » au sujet de Ron Burgundy, bien plus vrai qu'une histoire, d'indiquer que tout cela est tiré de faits réels mais que les noms, lieux et événements ont été changé. A la fin des années 1970 quand se déroule le film de Adam McKay, c'est un monde où règnent des hommes stupides et vaniteux mais sarcastiquement présentés comme des héros, où les femmes sont des potiches. Le sens de l'absurde du comique permet de tirer le récit vers le politique avec une touche de féminisme sincère.