vendredi 4 janvier 2019

Indiana Jones et la dernière croisade (Steven Spielberg, 1989)

Quand je m'enfile les Indiana Jones, j'oblitère toujours Indiana Jones et le temple maudit pour foncer sur Indiana Jones et la dernière croisade, qui reste vision après vision mon préféré. Certaines parties sont amusantes, l'ouverture en musical flamboyant, la présence de l'acteur Roy Chiao, il emmène avec lui une partie des films de King Hu pour lequel il a joué, la scène du repas avec la cervelle de singe, il y a de quoi s'amuser même avec l'arrachage de cœur, la part sombre du cinéaste qui va cependant toujours de pair avec la présence d'enfants dans le récit.

Ce que je n'aime pas dans Le Temple maudit, c'est la part infantile, les montagnes russes qui rappellent l'esprit de parc d'attraction, comme si Indiana Jones (Harrison Ford) avait besoin d'un petit chariot pour être un héros virevoltant. Je ne suis pas non plus très fan de Demi-Lune, le gamin aux basques d'Indiana. D'ailleurs, à part Dans E.T., Spielberg a toujours raté ses films avec des gamins, Hook en est l'exemple le plus horripilant. Mais surtout, c'est le choix de l'antiquité qui me chagrine avec cette religion qui semble inventer précisément pour offrir au jeune spectateur américain un peu de gore à peu de frais.

Le jeune spectateur de Indiana Jones et la dernière croisade a l'âge d'Indiana Jones en 1912 dans l'Utah quand le film commence. C'est River Phoenix qui incarne sa jeunesse, il bondissait déjà, il était déjà à la recherche d'objets précieux « qui appartiennent à un musée », déjà il improvisait ce qu'il devait faire face à l'adversaire. Mais ce jeune scout de 1912 n'avait pas encore la panoplie adoptée dans les deux films. C'est la genèse de ce personnage racontent les dix premières minutes. Surtout ce père absent, obnubilé par son travail. On devine la voix de Sean Connery mais on ne voit que des mains écrire sur son cahier.

Raconter en une scène marquante l'adolescence d'Indiana Jones, que son père ne cessera jamais tout sa vie d'appeler Junior offre une aventure secondaire à côté de l'intrigue principale, cette quête du Graal. Les deux éléments sont liés par ce père qui pensait avoir bien fait en ne s'occupant de son fiston dont le moins qu'on puisse dire c'est qu'il a la bougeotte. La mèche blonde de River Phoenix qui tombe sur ses yeux montre son inexpérience et ce passage dans le train du cirque lui donne la phobie des serpents. On apprendra que son père à la phobie des rats. Entre cette scène primaire et la dernière croisade, 26 ans se sont écoulés.

Pour ne pas faire comme dans Le Temple maudit, la narration de La Dernière croisade reprend celle des Aventuriers de l'Arche perdue. Une ouverture parallèle qui n'a pas de rapport direct avec le récit central, une rencontre avec son futur ennemi, évidemment à la solde des nazis, ici le mécène Walter Donovan (Julian Glover), le fidèle Marcus Brody (Denholm Elliott) lance la quête de son pair. Seulement cette fois, Marcus Brody sera inclus dans l'aventure (Sallah joue les figurants cantonné à l'achat de chameaux), un personnage maladroit, tout à fait éloigné des prouesses d'Indiana Jones et de sa vie agitée. C'est un duo chaud froid épatant, une proposition humoristique à double détente.

Dans le court cours qu'il donne, Indiana Jones, toujours bien habillé, parle de fait et de vérité. Il affirme aussi qu'on « ne suit pas de carte au trésor et un X n'est jamais un repère ». Tout ce qui arrivera par la suite cherchera à contredire ces propos péremptoires de l'archéologue. Peu après ce cours, Indiana Jones reçoit un courrier de Venise, qu'il tarde à ouvrir. Ce courrier contient toute la vie de son père Henry Jones, un carnet qui compile reproductions d'images du Christ, des Croisés, renseignements sur le Graal et une carte qui mène à l'emplacement du Graal. On ne suit pas une carte au trésor.

Pas plus que l'on se fit à un X pour trouver une repère. Car la suite des aventures se fait à Venise, à la recherche de ce père sempiternellement absent, en compagnie de Marcus puis du Professeur Schneider (Alison Doody) qui les accueille. Les deux hommes pensaient que le Professeur était un homme. Le Professeur était une femme, Elsa de son prénom. Une Allemande mais même si Indiana Jones a déjà eu affaire à des nazis, il fait confiance à Elsa. Beaucoup trop confiance puisqu'il se laisse avoir comme un bleu-bite, tout comme son père s'était fait avoir. Encore une fois, les faits rapprochent le père et le fils.

Evidemment, Elsa Schneider est une traîtresse, elle vend les renseignements du Graal aux nazis, évidemment Walter Donovan est un traître bien qu'il ait embauché les Jones père puis fils. Et les deux bougres sont dans un château en Autriche (merveilleuse entrée dans le château avec un échange de tenue entre Elsa et Indiana, le majordome joué par Vernon Dobtcheff n'en croit pas ses yeux), un repère de nazis qui partira en fumée comme les livres partent en fumée à Berlin où Hitler parade et croise Indiana Jones.

Pas d'Arche d'alliance cette fois mais le Graal et une histoire de Chevaliers issus de la première croisade. Comme toujours, l'histoire manque de tomber dans le kitsch le plus complet avec les propos sur la Foi (oui avec un grand F), sur le souffle de Dieu, sur le nom de Dieu et sur le chemin de Dieu. La scène finale m'a toujours plu avec le Chevalier Richard dans sa grotte (depuis 700 ans quand même) et les épreuves pour parvenir jusque là. J'aime bien cette idée de « Dieu et les Croisés pour les Nuls » parce que mine de rien ça remet à sa place la religion : pur conte pour enfant.


Indiana Jones a beau être un archéologue qui dit que les reliques doivent être dans des musées, il ne s'embarrasse pas de tout casser quand ça fait avancer le récit. Dans l'église vénitienne, il casse non seulement le carrelage de cette vieille église mais en plus il jette sans prendre garde le sarcophage de ce vieux chevalier croisé. Dans un ultime hommage à Tintin (Coke en stock), après des scènes d'action géniales (les meilleures de Steven Spielberg, parmi elles celle du tank), le film termine les aventures des Jones à Petra où enfin le père révèle l'origine du prénom de son fils.


























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