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mardi 13 juin 2017

Chercheurs d'or - Go West (Edward Buzzell, 1940)

C'est un Marx Brothers tardif, donc a priori moins inventif en gags que les classiques, mais il est court, hélas il est traversé de quatre chansons (là encore, je les ai éludées). Chercheurs d'or (je préfère le titre Go West) est leur premier film d'époque, c'est-à-dire une plongée dans le farwest, où Groucho joue une seule fois avec ses frères sur l'anachronisme. Chico veut téléphoner à quelqu'un, Groucho lui répond qu'on est en 1870 et que Don Ameche n'a pas encore inventé le téléphone, l'acteur venait de jouer le rôle de Alexander Graham Bell.

Partir pour l'ouest demande 60 dollars, somme que ne possède ni Groucho (il en a 50) ni Harpo (il en a 10) que Chico accompagne sur le quai de la gare. C'est là que les trois frères se rencontrent. La séquence sur leur argent dure six bonnes minutes reposant chaque fois sur le même gag qui subit des variations infimes et infinies jusqu'à épuisement. Groucho chercher 10 dollars et veut vendre à Harpo une toque en raton laveur, ce dernier lui file un billet de 10, Chico demande la monnaie sur un dollar et Harpo récupère son biffeton qu'il avait accroché à une ficelle.

Harpo finira par découper le pantalon de Groucho pour lui piquer le billet de 10 qui avait été bien caché. Dans cette séquence, c'est l'innocence des dialogues de Groucho qui ne comprend pas tout de suite la supercherie face à l'éructation folle et furieuse de Harpo qui fonctionne à plein régime, ses mimiques, ses grimaces, les mouvements de son corps créent une inquiétude permanente accentuée par son mutisme. Les changements de vêtements et chapeau vendus par Groucho ne changent pas son caractère profond.

Le séquence finale est prodigieuse en terme de rythme (une course poursuite dans un train) et de gags. Arrêter la machine en tentant d'éteindre la vapeur avec un verre d'eau puis en déchargeant toutes les bûches, enfin redémarrer le train en détruisant le train, en cassant les parois de bois, en amenant les planches. C'est là que le génie de Harpo par sa fureur, par sa violence inouïe, encore une fois je le souligne, fait merveille. Il passe d'un sourire puéril à un visage démoniaque tandis que Groucho et Chico se contentent de taquiner les passagers ou lire les notices des cheminots.

Entre les deux séquences, Chercheurs d'or ne pousse pas vraiment ses personnages à chercher de l'or, sauf dans une courte scène (Chico creuse et Harpo remplit le trou de son frère). Le récit est une romance à la Roméo et Juliette, deux amoureux de familles ennemies. La discorde tient sur un terrain aride que cherche à acquérir un potentat local pour le revendre à une compagnie de chemin de fer. Groucho passe son temps à arnaquer tout le monde, comme il le faisait dans la gare de New York en début de film. C'est toute une série de quiproquos qu'il provoque.

Une question essentielle reste en suspens. Comment Harpo va-t-il parvenir à jouer de la harpe ? Pour Chico, la solution est toute trouvée, dans un saloon, il se met au piano et joue un petit morceau. Pour Harpo, il faudra attendre qu'il croise une tribu d'Indiens et qu'il découvre entre deux tipis un métier à tisser qu'il transforme en harpe. Le chef indien, qui l'a pris en sympathie contrairement aux deux autres frangins parce qu'au moins Harpo ne parle pas pour rien dire, se met à la flûte et l'accompagne harmonieusement. Harpo est l'éternel maverick du cinéma comique.


























mardi 6 juin 2017

Noix de coco (Joseph Santley & Robert Florey, 1929)


Pour supporter Noix de coco, le premier film des Marx Brothers (Groucho, Zeppo, Harpo et Chico par ordre d'apparition à l'écran), il faut se farder les chansons qui ponctuent les apparitions des frères. Moi, je n'y arrive pas, je zappe ces chansons et ballets. Faut dire que c'était encore les débuts du parlant et que ça faisait riche, ça faisait film à gros budget, de faire des ballets avec des danseuses au sourire Hollywood et d'offrir des chansons d'opérette (près de vingt minutes du film quand même) dont la dernière largement inspirée de Carmen de Bizet.

La scénario est réduit au minimum, un hôtel de Floride, dirigé par Groucho, accueille de nombreux vacanciers. Parmi eux, Mrs Potter (Margaret Drumond, l'éternelle tête de turc de Groucho), femme fortunée qui va se faire voler son collier de diamants par un couple d'escrocs, Penelope (Kay Francis) et Yates (Cyril Ring). Ce dernier aimerait épouser Polly (Mary Eaton), fille de Mrs Potter, mais amoureuse de Bob (Oscar Shaw) que le couple malfaisant va faire accuser du vol, tout en prenant à témoins Chico et Harpo.

Entre ce récit et les gags des Marx Brothers, il n'existe que peu de lien. Zeppo apparaît peu, il joue l'assistant de Groucho qui clame à ses employés, venus réclamer leur salaire, que les payer serait les réduire en esclavage. La plupart des scènes avec Groucho sont filmées en plan fixe, comme pour être certain de ne rater aucune improvisation, aucun de ses jeux de mots et formules à l'emporte-pièce. Groucho est le chef d'orchestre des piques et saillies et sa cible préférée, Mrs Potter, est l'objet de toutes les moqueries sur son physique.

Le mieux serait de voir Noix de coco en VO avec les sous-titres anglais (d'ailleurs le titre veut dire « noix de cacao » et non noix de coco). Là, c'est forcément Chico qui écorche le mieux les mots, un viaduc devient dans sa bouche « why a duck », levee (digue) est entendu comme Levi. Devant l'étonnement que sa valise soit vide quand ils arrivent à l'hôtel, il répond qu'elle sera pleine quand ils partiront. Embauché pour truquer les enchères organisées par Groucho, Chico va foutre la pagaille.

Harpo, bien entendu, ne dit pas un mot de tout le film mais effraie déjà les jeunes femmes de l'hôtel. Il joue de son visage qu'il déforme et rend grimaçant, même quand il sourit il crée de l'inquiétude. Dans le hall de l'hôtel, il utilise l'encre comme boisson et mange des fleurs. Son élasticité corporelle permet les meilleurs gags physiques, assis par terre, il s'échappe en feignant de ramer, dans une cellule de prison, il brise un barreau et s'évade. Comme Chico joue un morceau de piano, Harpo se met deux fois derrière sa harpe.

















mardi 2 août 2016

Hollywood steps out (Tex Avery, 1941)

En 1941, Warner Bros commande à Tex Avery un court-métrage animé avec les stars maison. Sur un mode humoristique, chacun apparaît avec un petit et gentil gag. Aucun d'eux n'a prêté sa voix, c'est Kent Rogers qui les imite. Cary Grant parle de ses deux plus récents succès La Dame du vendredi et Cette sacrée vérité. Greta Garbo est caricaturée en vendeuse de cigarettes, arborant son absence de sourire et ses immenses pieds, sous lesquels Harpo Marx allumera un feu. La visite de la boite de nuit hollywoodienne continue avec Edward G. Robinson et Ann Sheridan, Johnny Weissmuller qui se met en tenue de Tarzan. James Cagney, Humphrey Bogart et George Raft jouent aux durs. Clark Gable suit une vamp blonde (running gag). Bing Crosby parle à son cheval, le seul animal du film, pour la première fois aucun animal ne parle dans un film de Tex Avery, mais pour compenser, les acteurs sont tous des cabots.

On continue la visite avec James Stewart qui préfère aller au Sénat plutôt que d'admirer la danse endiablée de Dorothy Lamour. Tyrone Power danse avec Sonja Henie, Boris Karloff remet son costume de monstre de Frankenstein, les Three Stoggers (Curly Howard, Larry Fine, Moe Howard) se foutent des baffes, Oliver Hardy prend de la place, Cesar Romero enlace Ginger Rogers, Mickey Rooney a du mal à payer la note quand il invite Judy Garland. Quand Sally Rand entame un show sur scène, William Powell, Spencer Tracy, Ronald Colman, Errol Flynn, Wallace Beery et C. Aubrey Smith sifflent d'admiration alors que Peter Lorre est las de tout et que Henry Fonda se fait rappeler à l'ordre par sa mère, J. Edgar Hoover glapie au scandale, Buster Keaton et Mischa Auer restent impassibles. La fin du film nous révèle que Groucho Marx était cette blonde qui aguichait Clark Gable. Tiens, Pourquoi Chico n'est pas là ? That's all folks !