Dans
le prologue de Faisons un rêve, juste après le générique
écrit et non pas parlé par Sacha Guitry – pour une fois, toute
une ribambelle de vedettes de 1935 viennent faire non seulement un
petit salut à l'auteur mais aussi déclamer un bon mot, une réplique
et quelques phrases de dialogue. Les cancres de la citation donnent
souvent du « comme le disait Sacha Guitry » alors que
l'on devrait dire « comme le disaient les comédiens de Sacha
Guitry quand il leur écrit des bons mots ». Ce prologue se
déroule lors d'une soirée mondaine donnée par Jacqueline Delubac,
la caméra, après avoir suivi un orchestre tzigane, croise ces
fameux figurants.
Le
spectateur avant d'entrer au spectacle, c'est-à-dire la pièce
Faisons un rêve avec Sacha Guitry, Raimu et Jacqueline Delubac,
passe de table en table. Ici Arletty (« c'est un ministre là ?
Il a pourtant l'air honnête »), là Michel Simon (« la
plus grande saleté qu'on puisse faire à un homme qui vous a pris
votre femme, c'est de la lui laisser ») qui joue au poker, là
Marguerite Moreno qui joue aux dames et répond à Yvette Guilbert
qui dit qu'elle est allée au théâtre mais regrette d'avoir raté
la premier acte « l'auteur aussi, ne regrettez rien ». Ce
sont près de 8 minutes de propos remplis de misanthropie mais dits
avec esprit, tout Sacha Guitry.
Dans
ses premières années de cinéma, ici en 1935 où il tourne quatre
films, Sacha Guitry filme ses plus célèbres pièces de théâtre.
Faisons un rêve est l'histoire d'un homme (déjà nommé
l'amant dans le générique) qui décide attirer une femme et le mari
de celle-ci chez lui le lendemain de cette soirée. Il a entendu que
l'époux avait un rendez-vous au même moment et espère ainsi qu'il
laissera l'épouse seule chez lui. C'est ce qui se passe. Ils doivent
se revoir le soir, il l'attend mais elle hésite au grand dam de
Sacha. Puis arrive finalement et ils passent la nuit ensemble. Le
film est parfois drôle surtout dans son finale où les quiproquos
s'additionnent joyeusement.
Le
récit est un tantinet vieillot mais le plaisir de la langue de
Guitry est là, sa voix et ses gestes emphatiques. En revanche, la
mise en scène cherche à reproduire le théâtre, en l'occurrence la
proximité avec les trois comédiens. Sacha Guitry multiplie les
plans séquences et par un paradoxe que seul le cinéma est capable
de produire, le film se dégage de l'aspect strictement théâtral au
profit d'une invention pour distraire le spectateur avec ses
répliques. Puisque le film est très court, le récit vieillot passe
bien et tout se termine dans la plus grande immoralité, comme un
écho aux propos péremptoires des invités de la soirée mondaine.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire