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dimanche 28 juillet 2019

Deux phonoscènes avec Félix Mayol et Polin (Alice Guy, 1905)

La couleur, d'accord, comme je le disais, tout le monde en avait fait, très tôt dans un but strictement commercial. Plus fort que les autres, Gaumont grâce à Alice Guy propose à ses spectateurs – que j'imagine ébahis – du son. Elle a appelé ce procédé des phonoscènes. Un procédé double, un phonographe diffuse le son, celui d'une chanson, et Alice Guy filme un chanteur en train d'interpréter cette chanson.

Félic Mayol a tourné pour Alice Guy plusieurs de ces chansons. Il apparaît debout devant un rideau, notre vedette ne bouge dans son beau costume. Le comique troupier Polin est moins raide dans son costume de bidasse, son décor est un rideau représentant un jardin (on repère à gauche le logo de la Gaumont). Et c'est parti pour deux minutes et des poussières de chanson française (celle de Rimbault et Spencer).

Ce qu'on entend dans ces deux voix, celle de Mayol comme celle de Polin, c'est le son aigu de 1905, si typique des vieilles bandes, des 78 tours, ça crachote un peu, ça a du charme, mais aussi les accentuations particulières, ces R qu'on n'entend plus. Les chansons en revanche sont terriblement tartes et les deux gars (il doit exister d'autres phonoscènes), ne sont pas particulièrement à l'aise dans ces ancètres du clip vidéo.

Cela dit, ça devait être un sacré spectacle d'aller écouter pendant deux minutes les chanteurs de l'époque, de se dire qu'on allait en avoir pour notre argent. J'imagine Alice Guy donnant ses indications à ces deux acteurs d'une chanson, comment arriver (de la gauche), quels gestes faire, de penser à sourire tandis que Mayol chante « La polka des trottins » et Polin « L'anatomie du conscrit », tout un programme ! Les deux films sont visibles sur youtube.










Les Fredaines de Pierrette (Alice Guy, 1900)

Les films incunables en couleurs ne sont pas rares mais c'est toujours un plaisir inégalé d'en voir. Toutes les sociétés de production en ont fait dans les dix premières années du cinéma (avant d'en abandonner l'idée jusqu'à la pellicule couleur au milieu des années 1930. Comme ceux de la compagnie Lumière (Danse serpentine en 1897) ou de Thomas Edison, la Gaumont s'est lancé grâce aux bons soins d'Alice Guy.

Le titre de ces 52 secondes de danses colorées (peinture à même la pellicule, image après image, 24 fois 52) me touche d'autant plus que ma mère s'appelait Pierrette. Ce film a été conçu et tourné, vu par des spectateurs, avant que les parents de mère ne soient nés (c'était en 1901) comme ceux de mon père André par ailleurs. C'est tout de même extrêmement fascinant de se dire que pour faire du spectacle, elle a colorié son film.


Car il fallait bien damer le pion à la concurrence en proposant encore de farandoles, de mouvements et de transformation. Danse serpentine se contentait d'un mouvement uniforme de la danseuse. Pierrette et son amie sont en constantes transformations et déplacement dans le cadre, ce qui a dû augmenter les difficultés. Le film, donc Alice Guy, fait preuve d'une grande espièglerie dans ses variations. C'est beau.









samedi 27 juillet 2019

The Ocean waif (Alice Guy, 1916)


Gros gros gros mélo que cet Ocean waif (waif = orpheline, enfant abandonnée) où l'orpheline se voit entourer de quatre hommes et autant de possibilités. Ce que justement Alice Guy décline, elle analyse l'un après l'autre ces quatre hommes. Elle s'appelle et elle est, au fil des années, devenue la servante de son père adoptif. Un type à la mine patibulaire, grosse moustache et regard ombrageux, on imagine qu'il pourrait avoir une grosse voix si le film n'était pas muet.


Ce « père » est violent, ce qui provoque le départ de l'orpheline de la pauvre bicoque dans laquelle elle vivait. Elle part se réfugier dans une immense demeure abandonnée. C'est là que vient s'installer un écrivain à succès mais qui manque d'inspiration. Il débarque avec son valet, avec lui, l'orpheline sera certaine de ne pas risquer grand chose tant Alice Guy féminise ses manières. Il en ressort un personnage strictement comique.

Pour l'instant, l'orpheline se fait plus ou plus discrète dans la maison, elle se fait passer pour un fantôme (le valet a peur, forcément) mais la faim guette et se dirige dans la cuisine et pique toute la bouffe avant de se faire repérer par l'écrivain. Ils tombent amoureux l'un de l'autre mais en plus quand elle rencontre son histoire, il décide que ce sera la sujet de son prochain livre. L'inspiration revient immédiatement.

Voici le premier prétendant de la jeune femme. Il est riche, elle est pauvre, il lui donne de nouveau vêtements seulement voilà, de la ville arrivent la fiancée de l'écrivain. Une petite pimbêche prétentieuse qui voit d'un bien mauvais œil cette gamine sortie de la nature. Comme la fiancée est accompagnée de sa mère snobinarde, l'orpheline rend ses beaux vêtements, remet ses vieilles frusques et rentre chez son « père » adoptif.

Le vieux bouc se dit un truc tout simple : elle n'est pas ma vraie fille, je vais l'épouser. Là on tombe vraiment dans le gros mélo d'autant que son employé, un simple d'esprit amoureux de l'orpheline depuis toujours, entend tout et flingue de vieux. Mais l'écrivain qui avait le même fusil est accusé avant que l'employé ne confesse son crime. En un court flash-back, Alice Guy explique comment il annonce à la police son crime.


Voilà en quelques 40 minutes comment Alice Guy développe cette scabreuse et compliquée histoire d'amour. C'est le plus long film de la cinéaste, il est dans un piteux état, comme beaucoup de ses films, avec des taches au milieu de la pellicule. Je pense que le film devait avoir quelques minutes de plus, régulièrement on sent bien qu'il manque des plans, des images. Voilà, ça termine mon petit parcours dans le cinéma d'Alice Guy, jusqu'à la prochaine étape.
















dimanche 21 juillet 2019

Falling leaves (Alice Guy, 1912)

Les quelques films d'Alice Guy que j'ai vus récemment étaient des comédies ou des films comiques au burlesque typique de l'époque. Falling leaves est un mélo dans la plus pure tradition, une histoire à faire pleurer Margot et les spectatrices. L'héroïne du film est très malade, elle souffre de tuberculose. Le médecin qui l'ausculte aura une formule simple (qui donne son sens au titre du film), « quand la dernière feuille aura tombé, elle sera morte ». On a le sens de la poétique chez Alice Guy.

On remarque à peine dans les plans familiaux de cette famille bourgeoise une fillette qui se faufile entre les adultes et qui apparaît de plus en plus au premier plan, prête à prendre l'action du film en charge devant l'abandon des adultes. Elle écoute sans pouvoir réagir, elle constate que le médecin ne pourra pas sauver sa grande sœur alors elle décide de forcer le destin. Elle s'empare de ficelle et décide d'accrocher toutes feuilles qui tombent aux branches. Cela est le plus beau plan (séquence) du film tout en mélancolie rentrée.


Le film s'ouvrait sur un médecin, pas l'incapable un autre, qui affirmait avoir découvert un remède à la tuberculose. Ça tombe bien, il passe justement par là quand la fillette accroche ses feuilles aux branches. Hop, une piqûre dans le bras de la grande sœur et la voilà guérie. Tout le monde se réjouit de la rédemption de la jeune femme mais mieux que cela, la famille constate que le médecin est tombé amoureux d'elle et ils quittent la chambre sur la pointe des pieds pour laisser les deux tourtereaux roucouler. Le printemps est là.









samedi 20 juillet 2019

Canned harmony (Alice Guy, 1912)

Canned harmony repose sur le même principe de base que Algie the miner. Un jeune homme, Billy (Billy Quirk) veut épouser une jeune femme, Evelyn mais le père de celle-ci refuse à moins que le fiancé sache jouer de la musique divinement bien. Ce n'est pas vraiment pas le cas de Billy, loin de là, qui se voit mettre à la porte par ce père sans ménagement. Mais si Billy ne peut rentrer par la porte, il passe par la fenêtre à l'aide d'une échelle.

Rien n'y fait, il se voit une deuxième fois expulser par le paternel qui a bien compris le manège. Il s'est surtout ramassé l'échelle sur le crâne alors qu'il lisait tranquillement dans le jardin. C'est que le gendre potentiel est des plus maladroits. Il suffit de le voir trébucher à chaque fois qu'il a peur de croiser ce futur beau-père. Ceci est la part de burlesque primaire du film d'Alice Guy qui fait jouer tous ses interprètes avec force gestes et mimiques.

Six ou sept ans avant ce film musical, Alice Guy avait tourné des phonoscènes, en gros des films sonores, le tout en un seul plan où la personne qui chante était accompagnée lors de la projection d'un gramophone. Bref du playback. C'est cette idée du gramophone que retient Alice Guy pour faire de son jeune homme un fringant musicien. Là aussi cette supercherie est sous le signe du burlesque, la preuve les deux amoureux rient de leur bon coup.


Seulement voilà, il faut maintenant que le père a accepté ce fiancé musicien. Car Billy s'était habilement déguisé (en Debussy pour faire vite, postiche barbe et perruque) et le père de la fiancé veut un Debussy pas un Billy. Ce n'est qu'après qu'ils se soient passé la bague au doigt que la supercherie sera révélée et encore par le meilleur ami de Billy, celui qui a participé à l'enregistrement du morceau. Bon prince, le père d'Evelyn décide d'accepter son gendre.