dimanche 13 janvier 2019

The Private eyes (Michael Hui, 1976)

Avant d'avoir pu voir un seul de ses films, j'avais en tête une image parue dans les Cahiers du cinéma, dans ce fameux numéro spécial « Made in Hong Kong » en septembre 1984. (je ne l'ai pas lu à l'époque mais une quinzaine d'années plus tard). Cette image montrait Michael Hui la gueule enfarinée, mais pas totalement, il avait placé un écumoire pour se protéger de son agresseur, d'où ce résultat en petit pois. La photo, recadrée, était en noir et blanc, ce n'est qu'en 2011 que j'ai pu enfin voir que cela venait de The Private eyes.

Les aventures de Michael Hui ont été connues sous le nom de Mr. Boo (appelé ainsi au Japon), un personnage récurrent antipathique, injuste et radin. Il est la mesquinerie incarnée, un peu comme Louis de Funès, mais parlant cantonais et toujours pauvre. Dans The Private eyes, connu sous le titre français Mr. Boo détective, il fait son nid sur la misère des autres, en l'occurrence la misère sexuelle des habitants de Hong Kong. La majorité des cas qu'il traite concerne l'adultère. Il suit la maîtresse qui va rejoindre son amant, il les prend en photo sur le fait et vend les photos à l'épouse cocue.

Le comique naît de son incapacité à être discret (il espionne sans subtilité), de sa maladresse (dans la première filature il manque de se faire écraser par un ascenseur puis finit dans un trou plein d'eau) et du mépris qu'il génère (la cliente refuse de payer pour quatre pauvres photos et s'en va). Résultat, il se venge sur son pauvre assistant surnommé Bouffi (Ricky Hui) déjà rudement mis à l'épreuve, sa minerve en témoigne, traité comme un malandrin, mal payé et racketté. Au moindre pot cassé, le patron se rembourse sur le salaire de son employé, laissant le pauvre diable à son air dépité.

Malgré tous ces défauts, Kit (Samuel Hui) débarque un jour dans le bureau de Wong (le nom du personnage de Michael Hui). Ce dernier est serviable à souhait, obséquieux, offre des chocolats à ce nouveau client potentiel. Il faut être sympathique car les affaires ne tournent pas bien, « en déficit pour la 8ème année consécutive » dit-il. Mais Kit n'est pas un client mais vient pour se faire embaucher après s'être fait virer de son usine de bouteilles de lait, le gars passait plus de temps à draguer et imiter Bruce Lee, une habitude chez l'acteur, qu'à surveiller les bouteilles qui forcément s'entassent et se cassent.

Dès que Wong comprend sa méprise, il devient bien moins agréable et récupère son chocolat, non sans avoir batailler avec encore quelques prouesses de kung-fu. Devant l'incompétence de Kit (il ne sait pas conduire, il ne sait pas prendre de photo, il n'a jamais été détective), le patron l'embauche immédiatement. Voici son nouveau soufre-douleur, tout neuf, tout beau, tout propre. Et c'est parti pour quelques enquêtes diverses et variés, histoire de ne pas faire mentir le titre. Comme à son habitude, Michael Hui fait une suite de sketches de valeur inégale, certains sont désopilants, d'autres ont mal vieillis.

Le moment tant attendu de l’écumoire dans la cuisine arrive. Wong poursuit un pickpocket (Chan Kim-wan). Ils se battent avec ce qui leur tombe sous la main (on sent la patte de Sammo Hung), par exemple des carcasses de poisson avec la musique des Dents de la mer, puis avec des saucisses utilisées comme nunchaku sur la musique d'un film de Bruce Lee (ça recycle le gag supprimé de Samuel Hui dans Games gamblers play). Et cet écumoire qui remplace partiellement un sabre et qui parsème le visage de notre détective à la manque de taches de farine.

Le plus gros récit de The Private eyes suit une bande de malfrats menée par Sheh Kin. Il a une méthode bien à lui pour dérober le bien des autres. Sa bande les coince dans une ruelle déserte, leeur fait enlever leurs vêtements et leur pique tout. En début de film, Michael Hui nous présente ces gangsters et les fait croiser Kit qui n'a pas compris qui ils sont. Il prenait tout simplement le bus et quand l'un d'eux devenait un peu menaçant, Kit utilise son habileté et ses poings pour lui donner une bonne leçon. En prime, il se sert de la mâchoire de ce malfrat pour ouvrir sa bouteille de lait piquée à l'usine.


Le grand finale du film retrouve Sheh Kin et ses malfrats. Ils vont détrousser tout un public dans une salle de cinéma comble (ils regardent un film d'action). Seulement voilà, rien ne se passe comme prévu, d'abord parce que Wong est dans la salle pour une filature ensuite parce que les quiproquos mêlés aux maladresses des malfrats se succèdent. C'est dans cette dernière partie que la mise en scène de Michael Hui produit ses meilleurs effets, quand il mélange les variations comiques. Comme les spectateurs dans la salle devant tant de couillonnades, on rit nerveusement.























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