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mercredi 15 janvier 2020

J'ai aussi regardé ces films en janvier


Les Siffleurs (Corneliu Porumboiu, 2019)
Il en a fallu du temps pour que Les Siffleurs sorte enfin en salles depuis sa présentation au Festival de Cannes 2019 (c'est le dernier à arriver sur les écrans, il ne reste que le Mektoub 2 qui ne sortira sans doute jamais). Entre les Canaries et la Roumanie, Cristi (Vlad Ivanov) va être plongé dans une histoire étrange et complexe où il sera confronté ) trois femmes qu'en d'autres temps et d'autres lieux (Hollywood dans les années 1940) auraient été des femmes fatales. Forcément, celle qui sera la plus présente se prénomme Gilda (Caterinel Marlon). Avec elle, on a l'une des meilleures scènes de rencontre : un baiser pour duper ceux qui les surveillent. Les deux autres femmes sont la mère omniprésente et castratrice (Julieta Sznönyi), mystérieuse mais moins dangereuse que la procureure (Rodica Lazar). Le film est un superbe exemple de mise en scène puzzle avec des circonvolutions de récit qui font que Les Siffleurs est à ce jour le meilleur film du cinéaste roumain. On reste ébahi par la maîtrise de la narration toujours dans un entre deux subtil entre le simulacre et les preuves à l'appui, tout le monde surveille tout le monde, chacun dupe l'autre. C'est quand même beau un film aussi rempli, aussi complexe et aussi simple, totalement irracontable mais prenant du début à la fin.

Star Wars l'ascension de Skywalker (J.J. Abrams, 2019)
Dans les prmières scènes, Carrie Fisher est encore là, ça surprend tout de même. Et pour ceux qui veulent le savoir, Harrison Ford est également là. La première est décédée en décembre 2016 et le second avait voulu que Han Solo meurt. Pour Carrie Fisher, ce sont des images digitales fort peu gracieuses. Mais les voilà tous les deux dans une sorte de Reader's Digest des aventures Star Wars. On entend même James Earl Jones en Darth Vader. Pour le reste, je n'ai encore une fois rien vraiment compris à ces enjeux minimalistes et l'ennui est constant. D'autant plus que plutôt que d'axer son film sur Poe et Finn (comme l'épisode 7 déjà tourné par J.J. Abrams), c'est sur Rey et Ben, respectivement Daisy Ridley et Adam Driver. Si Adam Driver joue en sourdine son double personnage de Kylo Ren héritier de Palpatine / Ben fils de Han Solo, avec une certaine retenue et pas mal d'ironie, Daisy Ridley n'a qu'une manière de jouer, en serrant les mâchoires telle Keira Knightley. Bon, maintenant, il faut que J.J. Abrams se reprenne et qu'il fasse autre chose. Non mais sans déconner.

Play (Antony Marciano, 2018)
Pendant toute la durée de Play (trop long, pas assez resserré), j'avais l'impression de voir un film de Cédric Klapisch dans une tentative de produire un récit générationnel (celui des gens nés dans les années 1990) avec comme unique idée de mise en scène le found footage, méthode qui a été la mode pendant une bonne dizaine d'années et qui aujourd'hui est lassante. Cette génération aime Waterwall d'Oasis (mais rien n'est dit sur la rivalité avec Blur, ça aurait ajouté une scène), cherche à tout prix à se marier, a un accident le premier jour de permis. Et c'est ro-man-ti-que à chaque instant et ça balance des vannes après chaque accès ro-man-ti-que. Bref, c'est cucul la praline. A moins que je sois déjà trop vieux pour ces conneries.

vendredi 17 mai 2019

The Dead don't die (Jim Jarmusch, 2019)


Ça circule pas mal en voiture dans The Dead don't die et chaque fois, à chaque trajet, on entend la même chanson country dans l'autoradio. « c'est la chanson du film » dit Bill Murray au volant à Adam Driver. Ici, ce sont les acteurs et non les personnages qui discutent de ce morceau de Sturgill Simpson, le quatrième mur est tombé sans qu'une mise en abyme se développe (contrairement au film japonais sorti en avril Ne coupez pas), mais plus tard dans le film on apprendra que Adam Driver connaît la fin du scénario, Jim lui a donné à lire alors que Bill Murray n'a eu que ses scènes.

Ils semblent être les seuls à avoir conscience d'être dans un film et reprennent vite leurs personnages, Ronald (Driver) et Cliff (Murrya) vite rejoints par Mindy (Chloë Sevigny). Ils sont trois policiers dans la ville de Centreville, 738 habitants et beaucoup de morts, comme on le découvrira plus tard. Les premières minutes dessinent la topographie de la ville, un peu comme dans un film de Frederick Wiseman, des plans d'ensemble des lieux importants puis des discussions entre les habitants typés, tel l'emite (Tom Waits) ou le bouseux qui soutient Trump (Steve Buscemi).

Parce que le premier zombie arrive au bout d'une demi-heure, c'est Iggy Pop qui sort d'une tombe au nom de Samuel Fuller, Jim Jarmusch distille quelques éléments cinéphiles en présentant les habitants de la ville imaginaire, par exemple ce jeune vendeur de bédés, un geek (Caleb Jones), homme à la pâleur effrayante et qui porte un t-shirt à l'effigie de Nosferatu, comme un prolongement du film de vampires de Jim Jarmusch, Only lovers left alive avec Tilda Swinton, elle aussi blanche comme un mort.

Sans doute parce que Adam Driver connaît le scénario, son personnage se permet d'avancer dans le récit à grande enjambées et de vite déclarer que les morts vivants, « the undead », sont des zombies. Alors que le gouvernement affirme que les rumeurs sont infondées sur les zombies, que la planète n'a pas changé d'axe, mais le jour et la nuit sont inversés, la lune se colore de violet et les morts sortent de leur tombe. Il faut maintenant que chacun des vivants apprennent à dézinger à coups de pelle, fusil ou sabre les undead, à séparer la tête du reste du corps.

Une fois la topographie bien enregistrée pour le spectateur (trois lieux principaux, le restaurant, la boutique de bédés, le commissariat, puis trois lieux moins centraux, le motel, la ferme et le centre de détention pour ados, il faut déployer les groupes de personnages. Cela fonctionne aussi en trio, en l'occurrence trois trios, comme dans une conjonction magique de chiffres, les trois flics aux noms qui se terminent en -son et qui portent tous des lunettes, comme un rappel au film précédent de Jim Jarmusch Paterson où trois sens étaient donnés dans le film.

Suivent trois jeunes gens, des citadins qui se trimbalent dans une Pontiac qui fait penser à une bagnole d'un film de George Romero dit Ronald, dans un petit hommage au cinéaste du film de zombies. On découvre aussi trois adolescents dans ce centre de détention. Il ne sera jamais dit pourquoi ces trois jeunes sont là et ils se sauveront dès que les zombies attaquent leur centre. Le film les laisse en plan au bout d'un moment alors que les trois jeunes gens en Pontiac sont sauvagement trucidés par les zombies, ils le méritaient ces hipsters pédants.

La lenteur du film est celle des zombies qui reprennent ce rythme alangui, cette hésitation régressive dans leur geste les caractérise, ils reproduisent, tels des clichés ambulants, ce qu'ils aimaient le plus quand ils étaient vivants (Iggy Pop en souvenir de son sketch pour Jim Jarmusch veut du café). Ce n'est qu'au bout d'une heure que les undead viennent ravager les vivants et tout devient petit à petit complètement foutraque, Jim Jarmusch sort du carcan du genre, là est la bonne nouvelle du film mais qui déçoit ceux qui voulaient voir ce qu'ils ont déjà vu cent fois dans un film de zombies.