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samedi 26 janvier 2019

Security unlimited (Michael Hui, 1981)

Après Security unlimited, chacun des trois frères Hui, Michael, Sam et Ricky, suivra son propre bonhomme, ce sera ainsi la dernière fois qu'ils sont réunis au cinéma. Sam ira chez la concurrence tourner la série des Mad mission. Cela amène quelques changements dans la construction du film, à commencer par l'absence de chanson de Sam même s'il continue de composer la musique. Les personnages qu'ils composent sont plus dessinés que dans les trois films précédents, chacun a sa petite saynète de présentation.

Michael Hui est le superviseur d'une société de surveillance, des vigiles en uniforme qu'il mène à la baguette. Quand un nouvel employé est embauché, il fait passer la visite médicale. Ricky Hui est daltonien, mais ça ne fait rien, il triche, il est trop petit pour faire le job, mais il avance sur des talons (des boîtes de conserve sous ses talon)s. Puis, il forme les recrues, comme souvent chez Michael Hui, il demande plus que lui-même ne veut bien fournir. C'est un lâche et le scénario regorge de ces moments où il laisse à ses employés le sale boulot.

C'est d’ailleurs toujours assez étonnant comme il se donne le rôle du gars antipathique au possible dans ses comédies. Il n’y a guère que W.C. Fields qui soit un comique méchant, finalement. Même Groucho Marx était finalement sympa malgré toutes les misères qu’il faisait subir à ses frères et aux autres personnages. C’est un bougon misanthrope qui est persuadé d’avoir toujours raison et quand son nouveau patron (Stanley Fung) le réprimande, il râle comme un gamin. Ce qui fait rire malgré sa mauvaise foi, c’est qu’il est toujours puni par là où il a faute.

Dans Security unlimited, pas plus que dans ses autres films, le scénario est flottant comme dans certains films de Jerry Lewis. D’une situation de départ, Michael Hui tente toutes les possibilités comiques. Michael est le chef d’une entreprise de sécurité, la Wong’s Security. Il arbore fièrement sur son uniforme ses galons qui montrent bien que c’est lui le chef. Avec ses hommes, il va aller accomplir différentes missions de surveillance, ce qui permet de produire de nombreux sketchs où il abuse de sa position de chef jusqu'à ce qu'on lui rappelle ses faiblesses.

Dans le semblant de continuité scénaristique, Sam et Ricky vont en faire voir de toutes les couleurs au chef. Sam en devenant chef à la place de Michael après avoir accompli une mission correctement. Ricky en cherchant à tout prix à rentrer dans l’entreprise pour gagner quelques sous. Mais il est trop petit pour être vigile et se fait refouler chaque fois. Tout ce qu’entreprendra Ricky sera voué à la catastrophe, sauf son mariage, mais après bien des difficultés. D’ailleurs, d’habitude Sam a toujours une conquête féminine dans ses films, là aucune.

Le film recycle certains gags des films précédents en les améliorant. Michael et Sam sont partis dans une salle d’exposition d’art antique. Des bandits veulent dérober des objets. Sam a alors l’idée de feindre que beaucoup de monde est avec eux et que les bandits devraient se rendre. Il fait du bruitage pour imiter des pistolets, des chiens, des policiers. Jusqu’à présent, on ne voyait que Sam et Michael faire leurs bruitages. Mais on adopte le point de vue des bandits et on se rend compte qu’ils voient tout en ombre chinoise.

Mais mieux que cela la séquence se prolonge avec une parodie des films de fantômes, tel Encounter of the Spooky kind de Sammo Hung. Le genre était très à la mode au début des années 1980. A la différence de beaucoup de comiques de Hong Kong, Michael Hui avait l’idée de faire le plus possible de gags visuels. Les acteurs jouent beaucoup avec leur corps (les deux bras dans le plâtre de Michael et ses difficultés pour manger), avec les objets qui sont cassés (notamment la voiture de deux petits escrocs qui de manière récurrente se voit être mise en morceau).


Entre le comique de répétition et les gags filés, le film devient très drôle du début à la fin. Cela n'empêche pas Michael Hui de faire une longue allusion sur les difficiles conditions des immigrés chinois du continent dans deux scènes. La première évoque les cages à lapins dans lesquelles les nouveaux venus à Hong Kong vivotent. Une autre montre des boats people arrivant sur un yatch luxueux, il parvient à faire rire en opposant le richesse et la pauvreté, mais il le fait sans cynisme. Il offre même une romance à Ricky à grands coups de spilt screens où il se rêve en super flic.




















samedi 19 janvier 2019

The Contract (Michael Hui, 1978)

Dans Games gamblers plays, Michael Hui participait à un jeu télévisé d'une grande stupidité et qui visait à humilier les candidats. The Contract (parfois appelé Mr. Boo fait de la télévision) est consacré entièrement aux coulisses de la télévision, à ce que les spectateurs ne peuvent jamais voir. Pour son quatrième long métrage en tant que réalisateur, Michael Hui offre donc une réflexion désenchantée sur la télévision, média qui a explosé à cette époque à Hong Kong et fit une grande concurrence au cinéma. Il connaissait bien la télévision, il y a débuté comme comique arrivé là un peu par hasard.

La chaîne de télévision s’appelle MTV, Mice TV et reprend les codes de couleurs de TVB, la chaîne des Shaw Brothers en prenant la forme d’une souris. La chaîne concurrente s’appelle CTV (Cat TV) et la bataille de l’audimat fait rage. Man (Michael Hui) est un homme à tout faire, un acteur raté. Il a signé un contrat de huit ans mais on ne lui propose que de faire de la figuration derrière le dernier chanteur de cantopop à la mode. Mais sa maladresse légendaire lui cause des ennuis et il se bat avec son partenaire. Il manque de peu de se faire virer d’autant que la chaîne concurrente lui propose un contrat.

Après avoir viré sans ménagement le directeur de la télé, le patron vient d’engager une nouvelle chef des programmes. Il faut voir l’attelage. Miss Wong (Tiffany Bao) arrive avec ses deux gros bras. Le premier est borgne, le deuxième a un crochet au bout du bras. Miss Wong a les cheveux gris, ne sourit jamais, se déplace sur un fauteuil surmonté d’un perroquet qui rapporte tout ce qu’il entend à sa maîtresse. C’est une femme dure et inflexible qui entend proposer des programmes qui plaisent à tout le monde. Ce qui pour Michael Hui consiste à mettre des émissions racoleuses qui excitent les plus bas instincts.

Michael Hui a fait appel à ses deux frères. Sam joue un magicien prestidigitateur de Singapour qu’une tournée amène à Hong Kong. Il doit de l’argent à son manager, un Indien que les trois frères se plairont à humilier (il représente d’une certaine manière l’occupation anglaise). Ses tours d’illusion permettent de faire un joli numéro de burlesque entre les gros bras et Michael Hui avec les malles magiques. Ricky Hui sert encore une fois de faire valoir, mais il joue un personnage d’inventeur qui crée la télévision interactive ce qui provoque quelques catastrophes. Il restera une bonne partie du film enfermé dans un coffre-fort.

Le fil du récit du film est très menu, il s'agit pour Michael Hui est de récupérer ce contrat qui le tient prisonnier. Déguisé en femme pour qu'on ne le reconnaisse pas, il va escalader l'immeuble avec Ricky afin de forcer ce coffre-fort situé dans la bureau de la nouvelle directrice revêche. Une fois Ricky enfermé là-dedans, toute une course poursuite entre le borgne, le manchot et Michael Hui s'enclenche, se déplaçant de studio en studio, de pièce en pièce pour causer des catastrophes en série notamment grâce aux inventions loufoques de Ricky (le gaz hilarant lancé au public bien que rien ne soit drôle).


The Contract montre l’envers du décor, du décor lui-même fait de carton-pâte qui évacue toute tentative de séduction (la télévision n’offre que du rêve au rabais) à la morgue des dirigeants (les directeurs d’antenne se suivent et ils parient sur le temps qu’ils mettent à se suicider) en passant par l’espoir que tout un chacun pourrait devenir une star du petit écran, pure illusion encore une fois. Derrière les gags, souvent de bonne tenue, Michael Hui est un grand pessimiste mais n’est pas encore le personnage méchant qu’il deviendra dans ses films suivants.





















dimanche 13 janvier 2019

The Private eyes (Michael Hui, 1976)

Avant d'avoir pu voir un seul de ses films, j'avais en tête une image parue dans les Cahiers du cinéma, dans ce fameux numéro spécial « Made in Hong Kong » en septembre 1984. (je ne l'ai pas lu à l'époque mais une quinzaine d'années plus tard). Cette image montrait Michael Hui la gueule enfarinée, mais pas totalement, il avait placé un écumoire pour se protéger de son agresseur, d'où ce résultat en petit pois. La photo, recadrée, était en noir et blanc, ce n'est qu'en 2011 que j'ai pu enfin voir que cela venait de The Private eyes.

Les aventures de Michael Hui ont été connues sous le nom de Mr. Boo (appelé ainsi au Japon), un personnage récurrent antipathique, injuste et radin. Il est la mesquinerie incarnée, un peu comme Louis de Funès, mais parlant cantonais et toujours pauvre. Dans The Private eyes, connu sous le titre français Mr. Boo détective, il fait son nid sur la misère des autres, en l'occurrence la misère sexuelle des habitants de Hong Kong. La majorité des cas qu'il traite concerne l'adultère. Il suit la maîtresse qui va rejoindre son amant, il les prend en photo sur le fait et vend les photos à l'épouse cocue.

Le comique naît de son incapacité à être discret (il espionne sans subtilité), de sa maladresse (dans la première filature il manque de se faire écraser par un ascenseur puis finit dans un trou plein d'eau) et du mépris qu'il génère (la cliente refuse de payer pour quatre pauvres photos et s'en va). Résultat, il se venge sur son pauvre assistant surnommé Bouffi (Ricky Hui) déjà rudement mis à l'épreuve, sa minerve en témoigne, traité comme un malandrin, mal payé et racketté. Au moindre pot cassé, le patron se rembourse sur le salaire de son employé, laissant le pauvre diable à son air dépité.

Malgré tous ces défauts, Kit (Samuel Hui) débarque un jour dans le bureau de Wong (le nom du personnage de Michael Hui). Ce dernier est serviable à souhait, obséquieux, offre des chocolats à ce nouveau client potentiel. Il faut être sympathique car les affaires ne tournent pas bien, « en déficit pour la 8ème année consécutive » dit-il. Mais Kit n'est pas un client mais vient pour se faire embaucher après s'être fait virer de son usine de bouteilles de lait, le gars passait plus de temps à draguer et imiter Bruce Lee, une habitude chez l'acteur, qu'à surveiller les bouteilles qui forcément s'entassent et se cassent.

Dès que Wong comprend sa méprise, il devient bien moins agréable et récupère son chocolat, non sans avoir batailler avec encore quelques prouesses de kung-fu. Devant l'incompétence de Kit (il ne sait pas conduire, il ne sait pas prendre de photo, il n'a jamais été détective), le patron l'embauche immédiatement. Voici son nouveau soufre-douleur, tout neuf, tout beau, tout propre. Et c'est parti pour quelques enquêtes diverses et variés, histoire de ne pas faire mentir le titre. Comme à son habitude, Michael Hui fait une suite de sketches de valeur inégale, certains sont désopilants, d'autres ont mal vieillis.

Le moment tant attendu de l’écumoire dans la cuisine arrive. Wong poursuit un pickpocket (Chan Kim-wan). Ils se battent avec ce qui leur tombe sous la main (on sent la patte de Sammo Hung), par exemple des carcasses de poisson avec la musique des Dents de la mer, puis avec des saucisses utilisées comme nunchaku sur la musique d'un film de Bruce Lee (ça recycle le gag supprimé de Samuel Hui dans Games gamblers play). Et cet écumoire qui remplace partiellement un sabre et qui parsème le visage de notre détective à la manque de taches de farine.

Le plus gros récit de The Private eyes suit une bande de malfrats menée par Sheh Kin. Il a une méthode bien à lui pour dérober le bien des autres. Sa bande les coince dans une ruelle déserte, leeur fait enlever leurs vêtements et leur pique tout. En début de film, Michael Hui nous présente ces gangsters et les fait croiser Kit qui n'a pas compris qui ils sont. Il prenait tout simplement le bus et quand l'un d'eux devenait un peu menaçant, Kit utilise son habileté et ses poings pour lui donner une bonne leçon. En prime, il se sert de la mâchoire de ce malfrat pour ouvrir sa bouteille de lait piquée à l'usine.


Le grand finale du film retrouve Sheh Kin et ses malfrats. Ils vont détrousser tout un public dans une salle de cinéma comble (ils regardent un film d'action). Seulement voilà, rien ne se passe comme prévu, d'abord parce que Wong est dans la salle pour une filature ensuite parce que les quiproquos mêlés aux maladresses des malfrats se succèdent. C'est dans cette dernière partie que la mise en scène de Michael Hui produit ses meilleurs effets, quand il mélange les variations comiques. Comme les spectateurs dans la salle devant tant de couillonnades, on rit nerveusement.