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mardi 5 février 2019

Sorry to bother you (Boots Riley, 2018)


« Sorry to bother you », c'est la phrase que débite Cassius Green (Lakeith Stanfield) à chaque client potentiel qu'il a au bout du fil. A peine la phrase terminée, il se fait raccrocher au nez. Cassius surnommé Cash par ses amis et sa petite copine Detroit (Tessa Thompson), un prénom typiquement américain dit-elle, elle-même surnommée Troit par Cash, vit dans le garage de son oncle Sergio (Terry Crews, génial comme dans chaque épisode de la série Brooklyn Nine Nine) parce qu'il n'a pas un dollar en poche. C'est pourquoi il a postulé à ce boulot de télémarketing.

Il a baratiné son employeur, montré un trophée d'éloquence, indiqué qu'il avait été l'employé du mois dans une banque. Mais le recruteur rétorque, après avoir confondu Cassius pour son baratin et ses pieux mensonges, qu'il embauche n'importe quel con pour faire ce boulot de merde. Et voilà le matin notre héros sortir de son garage appartement, prendre sa voiture déglinguée et grimper les escaliers de RegalView, car l'ascenseur est réservé aux Power Caller, les super vendeurs de saloperies que l'entreprise refile.

Cash a beau avoir du bagout, il est mauvais vendeur, tout comme ses potes Squeeze (Steven Yeun) et Sal (Jermaine Fowler). Ces deux derniers, surtout Squeeze, revendiquent des droits, veulent faire grève. Cash veut bien se joindre au mouvement mais il est rétif à l'action. Tout simplement parce qu'il a enfin trouvé la solution pour enchaîner les clients. Sur les conseils de son collègue (Danny Glover), il se met à parler avec une voix de Blanc. Effet garanti. Là on n'est pas dans Blackkklansman, c'est un doubleur qui fait la voix de Cassius.

Quentin Tarantino n'est pas le seul à inventer des marques dans ses films (quand il ne filme pas la Chartreuse, cela s'entend), Boots Riley dans son premier le fait aussi. Ainsi c'est au milieu des rues d'Auckland que se crée tout un univers qui apparaît vite parallèle au nôtre pour que Sorry to bother you commence à exister. A côté de RegalView, d'une marque de soda, d'une émission de télé débile, c'est la multinationale WorryFree qui intrigue tous les personnages. Les spots télé, les panneaux publicitaires abondent promettant une vie meilleure grâce à WorryFree.

Puisqu'on est dans un monde parallèle mais qui ressemble beaucoup aux Etats-Unis ultra libéraux, autant aller à fond dans le délire narratif, sonore et visuel pour élaborer une critique volontairement sarcastique. Cassius n'est pas le seul quand il rentre enfin à WorryFree a avoir une voix de Blanc, son nouveau collègue (Omari Hardwaick) aux rouflaquettes finement dessinées et portant un bandeau noir à l’œil gauche. Mais surtout, chaque fois que son nom est prononcé, un bip de censure se fait entendre, ce qui produit un effet irrésistiblement comique.

L’œil gauche de Detroit est barré d'un trait noir, symbole de ralliement des anti WorryFree qui transforment les panneaux publicitaires et en détournent le sens. Detroit, sans que Cassius ne le sache, est une activiste. Il aurait pu le deviner s'il avait mieux lu les messages que sa petite amie arbore sur les boucles d'oreille géantes. Detroit est artiste et ses boucles d'oreille sont aussi étonnantes que l'exposition qu'elle prépare pendant que Cassius passe de plus en plus de temps avec son nouveau patron, l'extravagant Steve Lift (Armie Hammer).

Pendant la séquence de la fête délirante et orgiaque organisée par Lift, j'ai pensé à celle de Under the silver lake, les deux films situés tous deux en Californie sont proches. Les deux cinéastes me font attendre leur prochain film. Mais pendant toute la première heure de Sorry to bother you, j'ai pensé à Michel Gondry, jusqu'à me demander s'il n'avait pas tourné le film lui-même en mode Emile Ajar. Le film répond lui-même avec une parodie du style de Gondry dans une séquence animée qui amène le récit vers l'une des choses les plus réjouissantes vue depuis pas mal de temps.

vendredi 18 septembre 2015

Agents très spéciaux Code U.N.C.L.E. (Guy Ritchie, 2015)

A ma très grande surprise, j'ai aimé Agents très spéciaux Code U.N.C.L.E.. Pourtant, je continue de trouver le cinéma de Guy Ritchie très médiocre. Ses films anglais sont immatures et douteux (« on tue plein de gens, mais c'est pas grave, c'est juste du cinéma »), ses Sherlock Holmes ont été immédiatement ringardisés par la série Cumberbatch/Freeman. Guy Ritchie se prenait pour Quentin Tarantino, il est devenu Paul W.S. Anderson, en moins marrant. La plupart de ses films sont aujourd'hui irregardables

Comme ça arrive parfois à Hollywood, l'idée d'adapter la série des années 1960 (et dont je n'ai aucun souvenir) date d'une bonne décennie. Pas mal de cinéastes et d'acteurs ont eu le projet en main pour finalement arriver chez Guy Ritchie (qui n'avait rien fait depuis 4 ans) avec Henry Cavill (gros succès pour son Superman) et Armie Hammer (pas encore remis du bide de Lone Ranger). De là à dire que Agents très spéciaux était un projet maudit, même si le film a un succès très limité au box-office, est un pas que je ne franchis pas.

Ce que j'aime, c'est d'abord le duo d'acteurs. Henry Cavill en Napoleon Solo espion américain, beaux costumes, sourire carnassier, face à Armie Hammer en Illya Kuryakin espion soviétique, col roulé et petite casquette. Deux grands gaillards qui se croient plus finauds que tout le monde mais qui vont se faire manipuler pour mon grand plaisir de spectateur. Leur duo est mieux assorti que celui de Kingsman, pour comparer avec un film d'espionnage récent. Comme il se doit, les dialogues évoquent légèrement la tension sexuelle entre eux.

Ce que j'aime, c'est aussi l'époque, les débuts du mur de Berlin où le film commence avec une poursuite en Trabant, voiture connue pour être l'une des plus lentes du monde. C'est assez ironique. Solo et Illya sont d'abord ennemis, séparés par le rideau de fer, avant d'être forcés d'être partenaires. Pas de gadgets technologiques pour les deux espions. Ils s'en moquent d'ailleurs dans une scène où ils doivent pénétrer dans un entrepôt pour voler une bombe, MacGuffin du film auquel il ne faut pas s'intéresser tant il est un prétexte à l'histoire légère comme tout. Et pourtant, il s'agit d'une bombe atomique.

Ce que j'aime, c'est encore ces deux personnages féminins. L'une est mécanicienne est-allemande (Gaby – Alicia Vikander), l'autre chef de gang italienne (Victoria – Elizabeth Debicki). Gaby est gentille et doit être protégée par les deux grandes asperges. Kuryakin doit jouer son époux, mais il a bien du mal à comprendre son rôle, à ne pas castagner chaque gars devant lui alors qu'il est censé être un photographe. Victoria est la proie de Solo avant d'en devenir son bourreau. Une beauté glaciale typique des films d'espionnage des années 1960.

Ce que j'aime, c'est également les scènes d'action. Trois cas de figure, la course poursuite classique nocturne à Berlin puis diurne à Naples, ne pas oublier de prendre le véhicule le plus maniable pour gagner. Une attaque dans un tunnel compressée en divers split-screens pour augmenter le rythme (l'inverse encore de l'étirement de Kingsman). Un tour en bateau conduit par Kuryakin tandis qu'il est pourchassé par les méchants armés de mitraillette. Solo l'attend tranquillement sur terre en train de manger un sandwich. Je trouve cette ironie rafraîchissante et ces gags décontractés. Mais, qu'est-ce qu'il m'arrive ?

PS : L'affiche française est hideuse. Pourquoi, mais pourquoi ?