Affichage des articles dont le libellé est Vittorio de Seta. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Vittorio de Seta. Afficher tous les articles

lundi 30 octobre 2017

Les Oubliés (Vittorio de Seta, 1959)

Direction les villages isolés de Calabre en 1959. Celui des Oubliés est à 15 km de la route goudronnée la plus proche et c'est à dos de mulets, à travers un paysage rocailleux coupés de rivière sans pont, que les marchandises sont acheminées. Au bout de la route, la bruine accueille le convoi. Les habitants s’abritent des gouttes, tout comme leurs agneaux, sous de rudimentaires porches qui encadrent les rues étroites et pavées de pierres. La deuxième partie des Oubliés est consacrée à la fête du sapin, manière de célébrer l’arrivée du printemps. On scie un sapin, on lance des pétards, on tire au fusil, on joue de l’accordéon, on chante et on siffle.


Le sapin est transporté du sommet d’une montagne jusqu'au village dans un rituel joyeux par les hommes. Les femmes portent des tenues colorées et commencent à servir, sur des nappes à même le sol, des nombreuses victuailles. La dernière séquence montre un marché où les produits, saucissons, gâteaux ou fromage, sont accrochés tels des lots sur une mât de cocagne. La fête se poursuit avec la mise en place au milieu du village du sapin orné de branches à son sommet que les plus aventureux chercheront à grimper jusqu'au sommet. La fête s'achève par une procession religieuse. 



















Ces dix courts métrages de Vittorio de Seta, d'environ 9 minutes chacun, que j’ai vu ce mois d’octobre, sont visibles sur le DVD édité par Carlotta titré Le Monde perdu.

Une journée en Barbagie (Vittorio de Seta, 1958)

Bergers à Orgosolo s'occupait des hommes solitaires avec leurs troupeaux de brebis ou moutons là-haut sur la montagne, Une journée en Barbagie suit la vie quotidienne des femmes en 1958. Les tâches sont nombreuses, s'occuper des enfants, les laver, leur faire à manger, faire la lessive, étendre le linge, tenir le feu dans la cheminée. Et ramasser ce bois mort qui ira dans l’âtre, le couper d'abord, à la main, au pied ou à la serpette, en faire des fagots et enfin les transporter posés sur la tête des collines au village. Vittorio de Seta les filme comme des abeilles affairées, sans jamais prendre de repos.


On retrouve les femmes dans les lits de la rivière en train de taper le linge, dans un champ à biner, dans les cuisine à pétrir la pâte à grands coups de main. Les fagots servent au feu pour cuire le pain qui gonfle comme par magie devant la caméra de Vittorio de Seta, tel un ballon. Les femmes les plus jeunes sont habillées de vêtements de couleurs écrues, leurs mères, belles-mères, grands-mères portent encore le voile noire sur les cheveux. Les fillettes entament une ronde, les garçons jouent au football. Le soir, les maris rentrent, ils discutent sur le pas de la porte avant de rentrer dans la cuisine pour manger et se coucher.












mercredi 25 octobre 2017

Bergers d'Orgosolo (Vittorio de Seta, 1958)

Barbagie 1958. Vittorio de Seta se déplace de la Sicile à la Sardaigne, à Orgosolo où la terre est rocailleuse et sèche, là où personne ne va jamais sauf les bandits (le premier long métrage du cinéaste tourné en 1961 s’appelle Bandits à Orgosolo) sauf les bergers. Les biquettes n’ont pas grand chose à manger, il y a plus de rochers que d'herbe fraîche. Elles sont superbes ces chèvres avec leur long poil, idéal pour supporter la neige qui commence à tomber. Le berger trait les chèvres, poussant fermement mais gentiment les cabris (encore plus mignons que les biquettes).


La nuit tombée, les chèvres couchées et endormies, les bergers fabriquent le fromage. Au dessus, l’orage gronde et les flocons tombent sur la laine des moutons. Les bergers font un grand feu pour tenir le froid, pas folles, les bêtes s’approchent du brasier. Le berger sarde vit dans sa montagne comme le pêcheur sicilien vit sur la mer. Mais Vittorio de Seta trouve à Orgosolo un cadre majestueux et farouche, la rudesse, le froid et la solitude sont plus présentes. Et sans doute, au bout de ces quelques courts métrages, sa méthode de mise en scène s'épanouit sur la terre ferme.














Bateaux de pêche (Vittorio de Seta, 1958)

Tout est bleu dans Bateaux de pêche, le ciel et la mer se confondent tandis que le navire tangue dans le canal de Sicile. La caméra de Vittorio de Seta est placée au sol, là où sont assis les pêcheurs. Ils trient les poissons, coupent ce qui ne sera pas mangé par l’homme et jettent l’ivraie à la mer (comme le blé dans Parabole d’or, ces pêcheurs sont aussi des paysans de la mer). Les restes de poissons ne seront pas perdus, les mouettes se jettent sur cette aubaine, elles sont ici les seules alliées des pécheurs.


Le bleu de la mer et du ciel est traversé de ces taches blanches. Les cris des oiseaux sont si forts qu’ils couvrent le moteur. Puis ce sont les bourrasques de vent, le tonnerre, les averses qui composent la bande sonore du film. L’éclaircie succède aux nuages, le jour à la nuit, la fatigue au travail, mais ce qui demeure c'est les gestes de la pêche. Ce troisième court-métrage sur la pêche au large de la Sicile est le plus simple mais aussi le plus poétique, avec son bel arc en ciel au dessus de l'horizon et ses lumières clair-obscures.