jeudi 30 avril 2020

Le Criquet (Zdenék Miler, 1978)

Le criquet est le cousin éloigné de la petite taupe. Zdenék Miler l'a créé en 1978 avec, semble-t-il moins de succès. Seulement sept aventures de cinq minutes. Le criquet est un enfant, comme le montre Le Violon cassé. Sa mère l'envoie prendre des cours de violon. Le criquet est habillé en queue de pie et a toujours son instrument d'une seule corde. Sauf que le criquet au lieu d'aller chez son professeur de musique préfère aller jouer au ballon avec d'autres insectes.

Le criquet compte parmi ses amis des animaux de petite taille et en particulier des insectes qui évoluent dans des paysages tout juste esquissés, composés de fleurs au teint pastel, on distingue des pissenlits ou des coquelicots. Les coccinelles veulent un concert privé, le criquet leur donne (Le Concert des coccinelles). Quand son violon se brise (Le Violon cassé), une sauterelle l'aide à fabriquer un nouveau instrument.

Il est moins à l'aise avec les gros animaux. Il fait comprendre au hérisson que sa voiture pollue la forêt (La Poire du hérisson) ce qui abîme les fleurs et gêne les abeilles. Toujours dans Le Concert des coccinelles, une poule gobe le criquet. Mais il saura se défendre. Il sait toujours se dépêtrer des embûches qui se mettent devant lui, voilà la grande leçon de cette compilation des aventures du criquet, il s'en sort mais toujours avec l'aide d'autrui.

Parfois c'est lui qui aide les autres. Il sauve un arbre majestueux habité par de nombreux oiseaux quand l'arbre est attaqué par des chenilles (Le Violon cassé), les chenilles seront dévorés par un poisson de la mare. Il enquiquine une araignée (L'Araignée sur le fil). Il gronde deux pucerons goulus qui dévorent les herbes (La Scie chanteuse). Il apprend au scarabée qui souffle trop fort dans son tuba à jouer doucement (La Berceuse en fanfare).


Toujours curieux, toujours en balade, il se fait prendre parfois dans des pièges. On remarque le pouvoir magique de son violon. Son instrument peut animer les objets, la scie des pucerons, le couteau de l'araignée et un violoncelle bien trop grand pour lui (La Danse du violoncelle). C'est moins imaginatif que les aventures de la petite taupe, Zdenék Miler fait preuve de moins de précision dans les décors et les animaux.


























mercredi 29 avril 2020

Charlot à la plage (Charles Chaplin, 1915)

Charlot à la plage est un très court burlesque (14 minutes) entièrement tourné en extérieurs sur une plage de Los Angeles. Cinq personnages, trois hommes, Charles Chaplin au centre, à sa gauche Billy Armstrong et sa grosse moustache avec lequel il va passer le plus clair du film à se battre et à sa droite le corpulent Bud Jamison, deux femmes, Edna Purviance et Margie Reiger. Autant de possibilités de se confronter.

Je ne sais pas si le gag de la banane a été inventé par Chaplin mais il est visible dans sa première scène. Il arrive de loin, il mange une banane. Le dernier bout avalé, il jette la peau de banane par terre et il glisse sur la peau de banane. Soit un remake de l'arroseur arrosé. Tout le film sera de cette trempe, des cascades et des chutes dues aux objets qui se dressent sur les pas de Charlot et de son adversaire.


Les chapeaux sont de redoutables enquiquineurs. Ici ils sont bizarrement reliés à nos gaffeurs par une chaîne qui crée d'inextricables entremêlements. Le duo fonctionne en miroir dans un jeu d'attraction répulsion, bref des aimants qui se foutent des baffes. Chaque fois qu'un élément vient séparer ces deux pôles, le dandy ou les femmes, ils s'attirent autant qu'ils se repoussent. Le film est un peu répétitif mais il file à toute vitesse.

















mardi 28 avril 2020

Moulin Rouge! (Baz Luhrmann, 2001)

De temps en temps, je vérifie, Moulin Rouge est encore l'un de mes pêchés mignons, comme Mamma mia et Hairspray. Je vérifie pas souvent, depuis 2001, tous les 5 ou 6 ans, c'est bien suffisant. C'est que Moulin Rouge, comme les deux autres sucreries, sont franchement copieux, limite sujet à l'indigestion. Mais une fois que le marathon gargantuesque d'images saturées est lancé, je fais comme Ewan McGregor, son verre d'absinthe avalé, je plonge tête la première.

The hills are alive with the sound of music chante la fée verte en voletant. Je me suis toujours trouvé enchanté d'entendre le thème principal de La Mélodie du bonheur, alors que je n'ai jamais vu La Mélodie du bonheur, je comblerai cette lacune un jour, surtout chanté par Kylie Minogue dans cet unique rôle au cinéma. C'est en deux minutes toute la dinguerie de Bazz Luhrman résumée, des choses venues des quatre coins du monde amalgamées en comédie musicale.

Le Paris 1900 de Moulin Rouge a été tourné en Australie. Aucun souci d'académisme là-dedans, c'est du spectacle spectaculaire. Le logo de la 20th Century Fox est habillé pour l'occasion, une annonce du spectacle total et impur qui va être déclamé pendant deux heures. Il s'agit de faire mentir deux des quatre éléments de la devise personnelle de Toulouse-Lautrec (John Leguizamo) et Satie (Matthew Wittet) : truth et beauty, la vérité et la beauté.

Les deux autres mots de la devise du film sont freedom et love (la devise est déclamés sur la chanson de T-Rex, Children of the revolution). La comédie musicale est composée de reprises de chansons connues, surtout de la pop, Elton John, Queen, Phil Collins, The Police. Mon smashup préféré est Roxane chanté en tango par la voix grave et rauque de l'Argentin (Jacek Koman) en écho avec la voix haut perchée de Ewan McGregor.

Rien n'est vrai dans Moulin Rouge, le règne du factice fait se mêler deux chansons disparates pour n'en faire qu'une. Lors de la première apparition de Satine (Nicole Kidman), après sa descente des cieux sous une pluie d'étoiles scintillantes, elle chantera Diamonds are a girl's best friend avec un refrain de Material Girl de Madonna. Si ça marche, ça marche. Et ça marche, ça danse, ça sautille, ça virevolte dans le cabaret de Zidler (Jim Broadbent).

Juste avant l'arrivée de sa vedette, Zidler chantait Lady Marmalade, le morceau le plus vulgaire des années 1970, la partition des danseuses du Moulin Rouge qui soulèvent leur fanfreluche, en duo avec les messieurs du public endimanchés dans leur costumes queue de pie et chapeau claque, eux entonnent Smell like teen spirit de Nirvana. La frénésie de ce montage est ce qui me plaît le plus dans les danses et les chansons du film.

Il faut en vouloir de cette beauté flamboyante et ultra colorée, presque agressive. Cette beauté vantée par Toulouse-Lautrec, c'est la transgression de tous les canons. Elle vise à fustiger la conception du Duc (Richard Roxburgh), crétin aristocrate persuadé que l'argent est beau. Il veut acheter Satine à Zidler et détruire la pièce, ô combien kitsch, que Christian a écrit pour elle, l'histoire d'une courtisane et d'un maharadja.

Elle est amoureuse du musicien pauvre. Bon, je ne vais pas m'attarder sur la mise en abyme, double et triple que produit le film, elle est classique de la comédie musicale. En revanche, le spectacle conçu par Christian, Toulouse-Lautrec et Satie est encore plus kitsch, rempli de danseurs, de chanteurs, de décors que dans leur vraie vie. Dans certains pays de cinéma, dont Bollywood, plus on en voit sur l'écran, meilleur est le film.


Il paraît qu'il y a un scénario dans Moulin Rouge. La belle affaire, il est fin comme du papier à cigarette. Une histoire d'amour cucul la praline contrariée par l'argent et la maladie dont personne ne se soucie. Ce qui compte pour Baz Luhrmann c'est la démence du rythme, évidemment dès les premiers plans de cet énorme pastiche, on peut être rétif à ce rythme, à ces patchworks de chansons ou pire on peut s'attendre à suivre une histoire et franchement, c'est pas très grave.