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jeudi 23 avril 2020

Zoo (Bert Haanstra, 1962)

Dernière escale dans les courts-métrages documentaires (mais ce sont surtout de charmantes comédies désuètes) de Bert Haanstra. Direction le zoo, avec ses animaux et ses bêtes, soit les pensionnaires forcés du zoo et les visiteurs, ce public hollandais qui vient en famille voir ces animaux derrière les cages. 11 minutes avec une musique de jazz axée essentiellement sur les trompettes (pour les humains) et le saxophone (pour la faune). Visite guidée.

Le film joue sur un motif très simple et forcément porteur de saillies humoristiques, comparer les humains aux animaux. Ainsi dans un simple champ contre-champ, les singes semblent faire les mêmes gros yeux que ces deux bambins, les lions s'embrassent comme ce couple sur un banc, cette dame a la même robe rayée que le cuir du zèbre. Etc, etc... Dans Zoo, le cinéaste exprime une chose évidente, il ne sait plus qui regarde qui, qui imite qui, qui rit de l'autre.

Parce que le public du zoo n'est pas franchement calme. Les enfants se moquent de ce singe qui n'a rien demandé, il provoque ce tigre enfermé dans un enclos trop petit, il imite les grimaces de tel animal. Le film montre, sous des images a priori comiques, la cruauté de la situation. Le choix du free jazz comme musique est ainsi destiné à appuyer les rapports tendus entre les proies et les bourreaux, comme ces enfants qui narguent les fauves avant de prendre peur.


Parmi tous ces visiteurs très nombreux et en famille, le film s'amuse à revenir régulièrement vers deux images. Ainsi ce vieux monsieur qui passe son temps à tenter de photographier un perroquet et ces deux vieilles dames qui discutent au lieu de visiter, elles en ont des choses à se dire. Le film se termine sur ce petit singe terrorisé, coincé dans un coin de son enclos. Mais dans le dernier plan, il tire la langue au spectateur dans un ultime regard caméra vengeur.




















Glas (Bert Haanstra, 1958)

Quand j'étais jeune, mes parents m'avaient emmené voir à Dieulefit, dans le sud de la Drôme, ce village est spécialisé dans la poterie artisanale et dans la soufflerie de verre. En regardant les 11 minutes de Glas de Bert Haanstra, je me suis rappelé l'émerveillement de voir ces hommes souffler comme des malades, mais avec une facilité apparente, dans de longs tubes au bout desquels se trouvaient des boules en fusion. Dans ce film, où le cinéaste passe d'un gros plan de visage qui souffle à un plan où le résultat se fait voir est toujours impressionnant.

Filmer le geste précis de ces vieux gars au teint buriné par la chaleur, ce qui ne les empêche pas de fumer des clopes ou la pipe au travail, s'accompagne de jazz avec une prédilection pour le sautillement du xylophone. C'est étonnant cet instrument de musique qui était tant à la mode dans le cinéma à la fin des années 1950 et au début des années 1960, je l'associe immédiatement à la Nouvelle vague. Ce que n'est pas Glas sauf si on considère que le montage des attractions est en action dans le film.


Face au geste précis, il oppose la mécanique stupide enrobée dans une musique électronique répétitive. Quand la mécanique se brise, ici une bouteille mal fabriquée, tout se casse, tout tombe par terre et le disque est rayé. Seul un homme peut remettre la machine en place. Alors le film invente le mélange de la première partie (la beauté des verres, des vases, des plats) et de la deuxième partie (la mécanique de l'usine). Pour cet entrain qui s'accélère dans sa dernière minute en allant vers l'abstraction pure, Glas a reçu un oscar en 1958.





















Miroir de Hollande (Bert Haanstra, 1950)

Sélectionné au Festival de Cannes 1951 et récipiendaire de la Palme d'or du court-métrage, Miroir de Hollande filme les clichés sur les Pays-Bas en les filmant au fil de l'eau. Ce qui donne tout de suite à l'image des canaux et des rivières au débit doux et tranquille et sur la digue un moulin. Mais tout est à l'envers puisque Bert Haanstra filme l'eau comme un miroir. Un jeune garçon renverse son regard et la caméra se renverse en réponse, les clichés sont inversés et l'image est à l'endroit.

L'absence de commentaire est une nouveauté tant les documentaires d'après guerre – ou les films non fictionnels – étaient bavards, voire verbeux. En revanche, la musique créée pour l'occasion dialogue avec les images. C'est probablement ce qui a marqué le Jury cannois tout autant que le dérèglement de l'image quand tout est à l'endroit. Car entre ce que filme le cinéaste hollandais et le spectateur voit, des éléments viennent faire écran, viennent se poser pour modifier ces clichés et donner un nouveau sens.


On découvre des anamorphoses créées par les vagues de l'eau, par ses mouvements naturels, des déformations des arbres, des barques, des quelques personnes qui se trouvent là. Les nénuphars pourtant immobiles sur l'eau semblent dans ce processus inversé traverser le ciel comme des soucoupes volantes (oui, j'ai pensé au finale de 2001 l'odyssée de l'espace). Du très concret, le film file vers l'abstraction, lignes molles, courbes inachevées pas très éloignée du cinéma surréaliste.