L'idée-même
que ce film a été vu il y a 120 ans par des spectateurs et qu'on le
voir aujourd'hui me fascine. Cette série de prises de vues du
catalogue Lumière (on va l'appeler comme ça) est l’œuvre de
l'opérateur Alexandre Promio (le plus fécond). A l'origine, ce sont
13 tableaux de la vie de Jésus Christ de sa naissance dans la crèche
à sa résurrection. Le film a eu sa première projection pour les
fêtes de Noël 1898 à Lyon, cité catholique par excellence. Les
frères Lumière n'ont jamais caché leur dévotion que d'autres
pourront appeler de la bigoterie, il s'agissait pour eux de proposer
des images pieuses et le succès dans la Capitale des Gaules a été
si retentissant que d'autres sociétés de production (Gaumont par
exemple) ont tourné leur vie de Jésus. C'était pour la compagnie
de Louis Lumière tout autant « documentaire » que les
films naturalistes.
La
caméra d'Alexandre Promio est toujours placée au même endroit,
plutôt à l'écart du décor pour en filmer l'intégralité. Chaque
tableau est constitué des 52 secondes d'une bobine de 1898 et les
acteurs (qui peuvent-ils bien être) se déplacent dans le cadre pour
composer l'histoire que chaque spectateur de l'époque connaît par
cœur (et celui d'aujourd'hui également – grâce au cinéma).
L'arrivée des Rois Mages, Joseph en exil pour sauver l'enfant, le
retour du Christ à Jérusalem, la trahison de Judas, Lazare, la
cène, puis la deuxième moitié du film consiste au chemin de croix
et la résurrection. Un peu plus de 10 minutes en tout où
l'opérateur valorise ses décors (des tentures principalement, des
pans de décor peints) et dirige ses nombreux figurants, du cinéma
à grand spectacle comme il commençait à s'en faire au début du
cinéma. Le film est visible sur le site de la Library of Congess.
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