vendredi 11 janvier 2019

Bienvenue à Marwen (Robert Zemeckis, 2018)


Au milieu du film, voire un peu plus, Mark (Steve Carell) explique à sa voisine Nicol (Leslie Mann) d'où vient le nom du village miniature qu'il a inventé dans son jardin. Marwen vient, dit-il, de son prénom MARk et de WENdy, Wendy étant la serveur du bar restaurant devant lequel il a été sauvagement battu par cinq hommes un soir il y a quelques années de cela. Mark et Wendy. Cette Wendy a depuis quitté la ville pavillonnaire de la banlieue d'Albany dans l'état de New York. Voilà ce qui est expliqué dans ce récit inspiré d'une histoire vraie.

Mais comme nous sommes dans un film de Robert Zemeckis, on peut chercher un peu plus loin et décomposer autrement ce nom de Marwen. A l'envers ça donne New Ram, nouvelle mémoire si l'on traduit grossièrement. Ce qui donne bien plus de sens quand au fil des discussions que cet étrange bonhomme qu'est Mark Hogancamp, dit Hogie, il est expliqué que depuis cet accident notre personnage a perdu toute sa mémoire, que ses souvenirs les plus anciens remontent à cet incident, maladroitement montré en flash-back.

Il ne se souvient que de cette chaussure qui s'enfonce sur son visage et de la musique dans le jukebox. Les cinq gars attendent d'être jugés pour un « hate crime », un crime sexiste en l'occurrence car l'une des manies de Mark est de porter des talons hauts, il aime ça sans savoir pourquoi, il possède plus de 200 paires de talons hauts dans son placard à chaussures. Ses amies lui apportent parfois des chaussures telles ces espadrilles à semelle compensée. Saviez-vous que les talons hauts ont été inventées en 1954 ?

Je ne le savais pas, Mark me l'apprend quand il s'invente un passé, une mémoire, des souvenirs avec des poupées achetées dans la boutique de miniatures de Roberta (Merritt Wever). Bienvenue à Marwen débute par une séquence d'animation. Mark est le capitaine Hogie, en talons hauts, il est attaqué par des nazis et sera, in extremis sauvé par une escouade de poupées, toutes les femmes qui arpentent sa vie depuis sa perte de mémoire. Petit à petit, tandis que les tenants et aboutissants de la vie de Mark se font plus clairs, ces femmes sont présentées.

Voici Julie (Janelle Monae) à la jambe de fer (comme le personnage de Gary Sinise dans Forrest Gump), elle apprendra à Mark à marcher de nouveau. Voici Anna (Gwendoline Christle) son aide à domicile au fort accent russe. Voici Carlala (Eliza Gonzalez) serveuse au restaurant où s'est déroulé l'incident et où Mark y travaille désormais. Chacune aide comme elle le peut Mark dans la vraie vie mais aussi dans cette vie reconstituée pendant la seconde guerre mondiale en Belgique. L'animation sort de l'imagination de Mark, en vérité il prend des photos pour faire une expo artistique.

Déjà dans Alliés, son précédent film, Robert Zemeckis s'attaquait aux nazis avec des effets désastreux, cette fois les scènes de guerre en animation servent à faire un lien entre les nazis de la seconde guerre mondiale et ceux qui ont attaqués Mark aujourd'hui. Le sale type qui écrasait le visage de Mark est un néo-nazi, une croix gammée est tatouée sur son épaule. Or ce que montre l'animation des poupées de Mark est que l'histoire se répète de la même manière que ce souvenir de ce soir-là ne cesse de hanter Mark.

Comme dans Alliés, encore une fois, Robert Zemeckis semble ne pas vraiment savoir où aller, animation contre vie réelle, souvenirs contre futur, vernissage de son expo contre procès contre ses agresseurs. On en passe par la fabrication d'une machine à remonter le temps, bonjour Retour vers le futur et un travelling sur les agresseurs aux visages fermés sauf l'un qui pleure. Bienvenue à Marwen cherche les résonances entre le passé et le présent, on voit très bien où Robert Zemeckis (auteur du scénario) veut en venir, mais c'est pas très folichon tout ça.

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