Au
milieu du film, voire un peu plus, Mark (Steve Carell) explique à sa
voisine Nicol (Leslie Mann) d'où vient le nom du village miniature
qu'il a inventé dans son jardin. Marwen vient, dit-il, de son prénom
MARk et de WENdy, Wendy étant la serveur du bar restaurant devant
lequel il a été sauvagement battu par cinq hommes un soir il y a
quelques années de cela. Mark et Wendy. Cette Wendy a depuis quitté
la ville pavillonnaire de la banlieue d'Albany dans l'état de New
York. Voilà ce qui est expliqué dans ce récit inspiré d'une
histoire vraie.
Mais
comme nous sommes dans un film de Robert Zemeckis, on peut chercher
un peu plus loin et décomposer autrement ce nom de Marwen. A
l'envers ça donne New Ram, nouvelle mémoire si l'on traduit
grossièrement. Ce qui donne bien plus de sens quand au fil des
discussions que cet étrange bonhomme qu'est Mark Hogancamp, dit
Hogie, il est expliqué que depuis cet accident notre personnage a
perdu toute sa mémoire, que ses souvenirs les plus anciens remontent
à cet incident, maladroitement montré en flash-back.
Il
ne se souvient que de cette chaussure qui s'enfonce sur son visage et
de la musique dans le jukebox. Les cinq gars attendent d'être jugés
pour un « hate crime », un crime sexiste en l'occurrence
car l'une des manies de Mark est de porter des talons hauts, il aime
ça sans savoir pourquoi, il possède plus de 200 paires de talons
hauts dans son placard à chaussures. Ses amies lui apportent parfois
des chaussures telles ces espadrilles à semelle compensée.
Saviez-vous que les talons hauts ont été inventées en 1954 ?
Je
ne le savais pas, Mark me l'apprend quand il s'invente un passé, une
mémoire, des souvenirs avec des poupées achetées dans la boutique
de miniatures de Roberta (Merritt Wever). Bienvenue à Marwen
débute par une séquence d'animation. Mark est le capitaine
Hogie, en talons hauts, il est attaqué par des nazis et sera, in
extremis sauvé par une escouade de poupées, toutes les femmes qui
arpentent sa vie depuis sa perte de mémoire. Petit à petit, tandis
que les tenants et aboutissants de la vie de Mark se font plus
clairs, ces femmes sont présentées.
Voici
Julie (Janelle Monae) à la jambe de fer (comme le personnage de Gary
Sinise dans Forrest Gump), elle apprendra à Mark à marcher
de nouveau. Voici Anna (Gwendoline Christle) son aide à domicile au
fort accent russe. Voici Carlala (Eliza Gonzalez) serveuse au
restaurant où s'est déroulé l'incident et où Mark y travaille
désormais. Chacune aide comme elle le peut Mark dans la vraie vie
mais aussi dans cette vie reconstituée pendant la seconde guerre
mondiale en Belgique. L'animation sort de l'imagination de Mark, en
vérité il prend des photos pour faire une expo artistique.
Déjà
dans Alliés, son précédent film, Robert Zemeckis
s'attaquait aux nazis avec des effets désastreux, cette fois les
scènes de guerre en animation servent à faire un lien entre les
nazis de la seconde guerre mondiale et ceux qui ont attaqués Mark
aujourd'hui. Le sale type qui écrasait le visage de Mark est un
néo-nazi, une croix gammée est tatouée sur son épaule. Or ce que
montre l'animation des poupées de Mark est que l'histoire se répète
de la même manière que ce souvenir de ce soir-là ne cesse de
hanter Mark.
Comme
dans Alliés, encore une fois, Robert Zemeckis semble ne pas
vraiment savoir où aller, animation contre vie réelle, souvenirs
contre futur, vernissage de son expo contre procès contre ses
agresseurs. On en passe par la fabrication d'une machine à remonter
le temps, bonjour Retour vers le futur et un travelling sur
les agresseurs aux visages fermés sauf l'un qui pleure. Bienvenue
à Marwen cherche les résonances entre le passé et le présent,
on voit très bien où Robert Zemeckis (auteur du scénario) veut en
venir, mais c'est pas très folichon tout ça.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire