Affichage des articles dont le libellé est Leonardo DiCaprio. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Leonardo DiCaprio. Afficher tous les articles

jeudi 15 août 2019

Once upon a time... in Hollywood (Quentin Tarantino, 2019)


Dans une courte scène, Sharon Tate (Margot Robbie) se rend de sa résidence sur les collines à Hollywood pour aller dans une librairie. Elle vient récupérer une belle édition de Tess pour Roman Polanski qui est en train de préparer l'adaptation du roman (ça prendra 10 ans et Nastassja Kinski aura le rôle titre). Le bref rôle du vieux libraire est tenu par Clu Gulager. L'acteur vétéran a comme heure de gloire à Hollywood d'avoir joué le comparse à lunettes noires dans A bout portant de Don Siegel en 1964.

Au-delà de cet émouvant hommage à l'acteur de 91 ans, il rappelle la carrière presque essentiellement télévisuelle de bon nombre d'acteurs dans les années 1960. Tout le monde n'est pas Dean Martin qui peut fricoter au cinéma avec des jeunes actrices de la moitié de son âge. Dans cette escapade en liberté où personne ne la reconnaît dans la rue, ou à la caisse d'un cinéma, Sharon Tate peut se glisser dans la salle (ce qui permet à Quentin Tarantino d'offrir quelques fausses bandes annonces, pour une fois incluses dans le récit) et voir les réactions des spectateurs autour d'elle. Sur l'écran, c'est la vraie Sharon Tate qui apparaît.

Le film ne sait pas quoi faire de ce personnage, à la fois de l'actrice Sharon Tate et de Margot Robbie. Elle est clairement un personnage secondaire du film mais pire que cela, elle est cantonnée au rôle de simple poupée mignonne. Le puritanisme de Quentin Tarantino est à son comble dans ce film, ce puritanisme fait qu'il ose à peine offrir une sexualité à Sharon (réflexion ridicule de Steve McQueen lors d'une party au bord d'une piscine), elle est réduite à donner du suspense (forcément un peu dégueulasse puisqu'elle est enceinte) au grand finale.

Son voisin est un acteur de télé comme a pu l'être Clu Gulager à la même époque. Rick Dalton (Leonardo Di Caprio) et son chauffeur Cliff Booth (Brad Pitt) – rien à voir avec le Booth qui assassina Franklin, comme le suggère Bruce Dern dans son ranch occupé par Charles Manson et ses adeptes. Or ces acteurs de télé ne fantasment pas sur Sharon Tate. Rick Dalton rêve seulement de venir à une soirée piscine dans le but de rencontrer des réalisateurs à la mode. Le boulot, rien que le boulot.

Cliff n'est pas non plus excité par sa voisine, même quand il monte sur le toit de la maison de Rick, qu'il se met torse nu et qu'il a pleine vue sur la maison de Sharon. Le désir est absent, encore plus que d'habitude, des films de Tarantino. C'est parce qu'il regarde ailleurs, il lorgne vers une reconstitution matérialiste de Hollywood (les enseignes qui s'allument les unes après les autres un soir, c'est chouette) et sa suite logique la reconstitution de scènes de tournage où on croise Michael Madsen, Zoë Bell, Kurt Russell (ces deux derniers en chefs des cascades).

Sur les réseaux sociaux, y compris parmi mes amis fans de cinéma de Hong Kong, la séquence avec Bruce Lee (Mike Moh) a fait coulé beaucoup de commentaires dont le premier d'entre eux était le racisme crasse. En cause, Cliff qui défonce Bruce Lee, il se retrouve à fracasser les ailes d'une voiture, puis Cliff se moque de lui. Dans la salle où j'ai vu le film, c'est le seul moment où la public riait fort. C'est encore et toujours la même question : qui est raciste ? Cliff, Tarantino ou le public ? C'était déjà cette question quand Mel Gibson tabassait Jet Li dans L'Arme fatale 4.

Le titre aurait du être Once upon a time in Burbank, le film s'intéresse plus à la télévision où est désormais employé Rick Dalton et les studios télé sont à Burbank pas Hollywood. Il aurait pu bifurquer vers Once upon a time in Cinecitta quand Rick et Cliff vont en Italie tourner quelques western spaghetti (grâce au personnage que campe Al Pacino avec un cabotinage particulièrement plaisant, il occupe la majeure partie de la première demi-heure et il est bon, ce qui n'était pas arrivé depuis un bon bout de temps). Bref, on parle peu de cinéma et beaucoup de télévision.

Et c'est un peu le souci parce que le film se contente longuement de longues discussions dans des bagnoles sans parvenir à renouveler les dialogues enlevés que Quentin Tarantino a pu inventé dans Pulp fiction. Les longues séquences de tournage, telle celle avec Timothy Olyphant sont terriblement banales voire ennuyeuses comme si le cinéaste n'avait vraiment rien à dire sur la télévision. Que reste-t-il alors à faire ? Filmer le visage de Leonardo Di Caprio pour capturer son immense jeu d'acteur.

L'absence de sexualité de nos deux bonhommes a une cause, c'est comme si la télévision leur coupait tout. Rick revient marié de son séjour à Cinecitta et Cliff pour retrouver sa virilité va dézinguer tous ces hippies avec l'aide de Rick (lance-flammes et couteaux, symboles phalliques à tout va). En ce sens, le grand finale qui pratique la même vision de l'Histoire que Inglourious Basterds est une catharsis, en gros une immense éjaculation de violence après plus de deux heures de préliminaire. La scène de jouissance tarantinienne par excellence.

mercredi 14 décembre 2016

Arrête-moi si tu peux (Steven Spielberg, 2002)

To tell the truth, c'est le nom du jeu télévisé auquel William Abagnale Jr (Leonardo DiCaprio) participe en tout début de film, juste après le fabuleux générique en animation inspiré de La Mort aux trousses. Film sur le mensonge, sur les personnalités multiples, sur la traque à travers les USA (et un peu en France), dès le générique et l'ouverture de Arrête-moi si tu peux, Steven Spielberg annonce le programme, son personnage a été successivement professeur de français dans un lycée, médecin puis avocat, le tout sans aucun diplôme et en usurpant ses identités.

Le but du jeu du film est double et porteur d'enjeu dramatique et de comédie comme rarement le cinéaste n'en a envisagé. Il s'agit de mettre en scène un imposteur tout en le rendant extrêmement sympathique, de montrer comment il se glisse d'un rôle à un autre. Puis c'est le jeu du chat et de la souris auquel les deux adversaires, Frank et Carl Hanratty (Tom Hanks) se livrent pendant un peu plus de deux heures. Carl est un agent du FBI dans la quarantaine, divorcé, plutôt banal et qui va consacrer six ans de sa vie à traquer Frank qui avait 16 ans en 1963.

Mentir est devenu l'activité de Frank. C'est son père (Christopher Walken) qui l'a poussé dans cette manie. Un beau matin, le lendemain de Noël, Frank et son père partent en voiture de leur petite maison bourgeoise du New Jersey pour se rendre à New York. Frank Senior veut convaincre un banquier de lui prêter de l'argent et demande à son fiston de s'habiller comme un chauffeur de limousine et de conduire le véhicule, histoire d'impressionner. Tout sourire l'ado se prête au jeu, à ce rôle et à cette mise en scène.

Le père, ce douloureux problème. Celui de Frank est un piètre homme d'affaires, sa boîte est en faillite. Il divorce de sa mère (Nathalie Baye) qui va se remarier avec le meilleur ami de l'ex (James Brolin), mais le jeune Frank ne pourra jamais accepter ce beau-père. Carl est le père de substitution de Frank, ce dernier l'appelle au téléphone chaque soir de Noël, comme une tradition qui s'établit entre eux que Steven Spielberg filme comme autant de moments comiques qui versent au fil de la conversation vers le drame.

Dans ces mensonges et ces escroqueries, il y a la volonté de réparer le divorce de ses parents. Frank dès qu'il rencontre son père lui demande des nouvelles de sa mère, il croit qu'ils vont se remettre ensemble. La scène dans le restaurant chic où il offre un cadeau coûteux à son père est des plus pathétiques, elle montre Frank totalement hors du monde, complètement dans un monde factice où il pense que le costume fait le professeur, le pilote de ligne ou l'avocat. Mais le costume qui fait le fils a disparu avec le divorce de ses parents.

C'est précisément ce divorce qui lance Frank Jr dans ses personnages. La première fois est traitée sur le ton de la franche comédie. Frank doit intégrer un nouveau lycée. Deux de ses camarades de classe le bousculent et se moquent de son uniforme. Arrivé dans la classe, il profite de l'occasion pour se faire passer pour le prof. Et cela pendant une semaine. « Il a même prévu une sortie scolaire » dit le proviseur dépassé par ce cas où Frank a appris le français à d'autres lycéens. Son père, complice de son fils, sourit à ces facéties.

La grande force du personnage est son adaptabilité, sa manière de se fondre dans le moule. On le voit parfaitement dans la mise en scène de Steven Spielberg quand il le filme en train de se cacher au milieu des hôtesses de l'air en fin de film, tous les flics dépêchés par Carl matent les filles et Frank passe inaperçu. Il en sera de même quand il deviendra médecin dans le sud puis avocat, tout en séduisant une jeune femme coincée (Amy Adams) et s'alliera avec son nouveau père de substitution, le sudiste conservateur qu'incarne Michael Sheen.

Tout comme on sait que Frank mentira dès le début du film, on n'ignore pas que Carl va l'arrêter. La linéarité des 6 ans de la longue poursuite sont coupées par l'arrestation de Frank par Carl. Le film montre avec habileté l'enquête qu'il mène comme une mission, la collection des maigres indices, des méthodes d'escroquerie et de l'identité de l'escroc. Le changement de ton est progressif tandis que Frank est cerné et que Carl reprend la main, mais pas de psychologie de bazar, pas de profiler dans cette histoire de faux où tout est vrai.


























lundi 29 février 2016

The Revenant (Alejandro G. Iñárritu, 2015)

Le nouveau film d'Alejandro G. Iñárritu est comme le dernier film de Danny Boyle, quand il se calme, c'est presque regardable. Il met un peu de côté la métaphysique pour les nuls qui a séduit tant de spectateurs avec 21 grammes et Babel, films qui ressemblaient à du Cédric Klapisch (je défie quiconque de ne pas voir que Paris et Babel c'est le même film). The Revenant consiste à torturer pendant plus de deux heures Leonardo DiCaprio. On n'en demandait pas tant. Le cinéaste reprise certaines scènes de Birdman, Michael Keaton en slip à Times Square est ici remplacé par Leonardo DiCaprio à poil qui dort dans un cheval éventré, Keaton qui saute de l'immeuble c'est comme Leonardo qui tombe de la falaise. Les buildings de New York sont ici les arbres immenses des forêts que traverse les personnages, la verticalité des deux films montre l'écrasement de leurs protagonistes. Leonardo DiCaprio comme Michael Keaton ont un parcours à accomplir, l'un a plus de chemin que l'autre à faire, mais tous les deux marchent jusqu'à leur but. The Revenant aurait pu s'appeler Grizzly man.

Le film a de beaux plans de paysage filmé au grand angle, des contre plongées impressionnants sur le ciel, je pense à ce beau plan de la lune légèrement encadrée par les pointes des sapins. Cela donne parfois une étrangeté bienvenue, mais rarement développée. Entre de longues séquences de solitude où Hugh Glass, le nom du personnage de Leonardo DiCaprio qui imite très bien le grizzly qu'il est devenu après avoir été déchiqueté par l'un d'eux. Le thème par excellence d'Alejandro G. Iñárritu est la transcendance qui chez lui se développe par la réincarnation, Leonardo devient littéralement un ours. Le film pour sortir de la torpeur fait rencontrer son trappeur avec quelques personnages qui vont se faire un plaisir de le torturer. La séquence d'ouverture est brutale et forte, celle de maman ours aussi. Cela continue avec des Indiens Aris furieux que des Français aient kidnappé la fille du chef, et Tom Hardy, qui marmonne dans sa barbe encore plus que d'habitude, a été très vilain.

Et la nature, ces forêts de bouleaux (belles comme dans le cinéma soviétique), ces loups de synthèse qui attaquent ces bisons de synthèse (Andy Serkis les joue sans doute en motion capture), cette buée ou ce sang qui vient se mettre sur la vitre de la caméra. Alejandro G. Iñárritu a vu beaucoup de films dans sa vie, comme tous les ânes à listes, il le clame haut et fort. Il cherche à tout prix à s'affronter au réalisme, à faire ressentir le froid, la faim et la peur. Sa méthode est similaire à celle d'Abdelatif Kechiche dans La Vie d'Adèle, une présence au plus près de la caméra du corps de Leonardo DiCaprio, morve et pus compris, mais pas de problèmes intestinaux malgré les repas de racines et de viande crue (n'exagérons pas). Mais tout cela est annihilé par ces feux si beaux, si grands, que les artificiers de la production ont consciencieusement fait flamber au kérosène. Rien n'est plus difficile que de filmer un feu, surtout un arbre qui brûle en plein hiver. Moi je dis, arrêtez de torturer Leonardo, maintenant qu'il a son Oscar, offrez-lui une comédie où il pourra se détendre, et me détendre.