mercredi 16 janvier 2019

Le Voyage fantastique (Richard Fleischer, 1966)

Un gros avion, une grande automobile, une petite voiture. Au long de son trajet dans l'ouverture énigmatique et rapide du Voyage fantastique, l'agent secret Grant (Sephen Boyd) voit les véhicules qu'il emprunte diminuer de taille. L'effet agit comme une annonce imparable et inéluctable du destin qu'il va vivre pendant une heure de sa vie, car l'une des grandes idées du film est de donner un compte à rebours et de filmer ce voyage fantastique en temps réel.

La destination du voyage est le cerveau d'un homme que Grant a accompagné dans cet avion. Un témoin utile dans une affaire de contre-espionnage mais qui sera victime d'un attentat au beau milieu de la rue, malgré la police et la surveillance. C'est dire à quel point cet homme a bien des choses, des secrets enfouis à révéler. Or, un caillot de sang s'est formé dans le cerveau et depuis il est dans le coma, voici le début sous forme de polar noir et nocturne.

Pour détourner ce que le spectateur aurait pu attendre, il faut prendre des chemins détournés, telle est la fonction de la petite voiture qui traverse tout un dédale de rues souterraines, un véritable labyrinthe secret d'un service inconnu de tous. Personne n'a d'ailleurs daigné informer Grant de sa nouvelle mission et le trajet est l'occasion de présenter le projet scientifique auquel il va être intégré alors qu'il n'est pas du tout scientifique.

Place au film de science fiction qui tend, selon le carton d'ouverture, vers la science pure. Car il est indiqué que tout est scientifique dans le film et en premier l'équipe qui embarque avec Grant, parmi eux un pilote (William Redfield), le Dr. Michaels (Donald Pleasence), le Dr. Duval (Arthur Kennedy) et Cora Peterson (Raquel Welch), l'assistante de ce dernier. L'actrice a un rôle un peu ingrat et ne prononcera pas un seul mot avant 10 minutes de présence à l'écran.

L'opération est dirigée par des militaires. La préparation du sous-marin demande beaucoup de préparation et tout un tas de figurants en blouse blanche qui viennent faire des manipulations d'une précision d'horloger. C'est le moment calme avant la plongée dans l'inconnu. Ce sont les avancées technologiques américaines qui sont mises en avant et donc cette miniaturisation extrême dans une métaphore limpide avec la course à l'espace entre les USA et l'URSS.

De fait la plongée dans le corps humain évoque un voyage intersidéral avec des paysages que personne n'a jamais vu. Tout un jeu de couleurs et de formes variées, surtout des formes souples et arrondies, est déployées dans le champ de vision à travers les hublots. La science se pâme de poésie visuelle anticipant à certains moments les délires psychédéliques de Barbarella et de 2001 l'odyssée de l'espace. Une beauté sauvage s'en dégage.

Il faut cependant tenir pendant une heure chrono la tension. Premier danger, l'angoisse du Dr. Michaels. Il mettra l'équipe en danger pendant tout le film. Devant cette nature sauvage et pourtant si proche, il affronte régulièrement Duval au sujet de Dieu et du Big Bang. La discussion reste superficielle mais le débat sur le créationnisme et sur l'évolution est bien là, et puisque Michaels soutient l'évolution et qu'il est défait, c'est l'autre théorie qui gagne.


Deuxième danger, les anti-corps. La capsule subit des avanies, la mission a quelques cafouillages. Les excursions, en scaphandre ou en combinaison, pour réparer la navette crée de la tension et comme souvent dans un film avec des scientifiques, je reste bouche bée devant leur grande incompétence. Rien ne se passe comme prévu et une catastrophe en suit une autre mais on apprend plein de choses sur le corps humain. C'est le but, non ?























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