Un
gros avion, une grande automobile, une petite voiture. Au long de son
trajet dans l'ouverture énigmatique et rapide du Voyage
fantastique, l'agent secret Grant (Sephen Boyd) voit les
véhicules qu'il emprunte diminuer de taille. L'effet agit comme une
annonce imparable et inéluctable du destin qu'il va vivre pendant
une heure de sa vie, car l'une des grandes idées du film est de
donner un compte à rebours et de filmer ce voyage fantastique en
temps réel.
La
destination du voyage est le cerveau d'un homme que Grant a
accompagné dans cet avion. Un témoin utile dans une affaire de
contre-espionnage mais qui sera victime d'un attentat au beau milieu
de la rue, malgré la police et la surveillance. C'est dire à quel
point cet homme a bien des choses, des secrets enfouis à révéler.
Or, un caillot de sang s'est formé dans le cerveau et depuis il est
dans le coma, voici le début sous forme de polar noir et nocturne.
Pour
détourner ce que le spectateur aurait pu attendre, il faut prendre
des chemins détournés, telle est la fonction de la petite voiture
qui traverse tout un dédale de rues souterraines, un véritable
labyrinthe secret d'un service inconnu de tous. Personne n'a
d'ailleurs daigné informer Grant de sa nouvelle mission et le trajet
est l'occasion de présenter le projet scientifique auquel il va être
intégré alors qu'il n'est pas du tout scientifique.
Place
au film de science fiction qui tend, selon le carton d'ouverture,
vers la science pure. Car il est indiqué que tout est scientifique
dans le film et en premier l'équipe qui embarque avec Grant, parmi
eux un pilote (William Redfield), le Dr. Michaels (Donald Pleasence),
le Dr. Duval (Arthur Kennedy) et Cora Peterson (Raquel Welch),
l'assistante de ce dernier. L'actrice a un rôle un peu ingrat et ne
prononcera pas un seul mot avant 10 minutes de présence à l'écran.
L'opération
est dirigée par des militaires. La préparation du sous-marin
demande beaucoup de préparation et tout un tas de figurants en
blouse blanche qui viennent faire des manipulations d'une précision
d'horloger. C'est le moment calme avant la plongée dans l'inconnu.
Ce sont les avancées technologiques américaines qui sont mises en
avant et donc cette miniaturisation extrême dans une métaphore
limpide avec la course à l'espace entre les USA et l'URSS.
De
fait la plongée dans le corps humain évoque un voyage intersidéral
avec des paysages que personne n'a jamais vu. Tout un jeu de couleurs
et de formes variées, surtout des formes souples et arrondies, est
déployées dans le champ de vision à travers les hublots. La
science se pâme de poésie visuelle anticipant à certains moments
les délires psychédéliques de Barbarella et de 2001
l'odyssée de l'espace. Une beauté sauvage s'en dégage.
Il
faut cependant tenir pendant une heure chrono la tension. Premier
danger, l'angoisse du Dr. Michaels. Il mettra l'équipe en danger
pendant tout le film. Devant cette nature sauvage et pourtant si
proche, il affronte régulièrement Duval au sujet de Dieu et du Big
Bang. La discussion reste superficielle mais le débat sur le
créationnisme et sur l'évolution est bien là, et puisque Michaels
soutient l'évolution et qu'il est défait, c'est l'autre théorie
qui gagne.
Deuxième
danger, les anti-corps. La capsule subit des avanies, la mission a
quelques cafouillages. Les excursions, en scaphandre ou en
combinaison, pour réparer la navette crée de la tension et comme
souvent dans un film avec des scientifiques, je reste bouche bée
devant leur grande incompétence. Rien ne se passe comme prévu et
une catastrophe en suit une autre mais on apprend plein de choses sur
le corps humain. C'est le but, non ?
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