Après
Security unlimited,
chacun des trois frères Hui, Michael, Sam et Ricky, suivra son
propre bonhomme, ce sera ainsi la dernière fois qu'ils sont réunis
au cinéma. Sam ira chez la concurrence tourner la série des Mad
mission. Cela amène quelques
changements dans la construction du film, à commencer par l'absence
de chanson de Sam même s'il continue de composer la musique. Les
personnages qu'ils composent sont plus dessinés que dans les trois
films précédents, chacun a sa petite saynète de présentation.
Michael
Hui est le superviseur d'une société de surveillance, des vigiles
en uniforme qu'il mène à la baguette. Quand un nouvel employé est
embauché, il fait passer la visite médicale. Ricky Hui est
daltonien, mais ça ne fait rien, il triche, il est trop petit pour
faire le job, mais il avance sur des talons (des boîtes de conserve
sous ses talon)s. Puis, il forme les recrues, comme souvent chez
Michael Hui, il demande plus que lui-même ne veut bien fournir.
C'est un lâche et le scénario regorge de ces moments où il laisse
à ses employés le sale boulot.
C'est
d’ailleurs toujours assez étonnant comme il se donne le rôle du
gars antipathique au possible dans ses comédies. Il n’y a guère
que W.C. Fields qui soit un comique méchant, finalement. Même
Groucho Marx était finalement sympa malgré toutes les misères
qu’il faisait subir à ses frères et aux autres personnages. C’est
un bougon misanthrope qui est persuadé d’avoir toujours raison et
quand son nouveau patron (Stanley Fung) le réprimande, il râle
comme un gamin. Ce qui fait rire malgré sa mauvaise foi, c’est
qu’il est toujours puni par là où il a faute.
Dans
Security unlimited,
pas plus que dans ses autres films, le scénario est flottant comme
dans certains films de Jerry Lewis. D’une situation de départ,
Michael Hui tente toutes les possibilités comiques. Michael est le
chef d’une entreprise de sécurité, la Wong’s Security. Il
arbore fièrement sur son uniforme ses galons qui montrent bien que
c’est lui le chef. Avec ses hommes, il va aller accomplir
différentes missions de surveillance, ce qui permet de produire de
nombreux sketchs où il abuse de sa position de chef jusqu'à ce
qu'on lui rappelle ses faiblesses.
Dans
le semblant de continuité scénaristique, Sam et Ricky vont en faire
voir de toutes les couleurs au chef. Sam en devenant chef à la place
de Michael après avoir accompli une mission correctement. Ricky en
cherchant à tout prix à rentrer dans l’entreprise pour gagner
quelques sous. Mais il est trop petit pour être vigile et se fait
refouler chaque fois. Tout ce qu’entreprendra Ricky sera voué à
la catastrophe, sauf son mariage, mais après bien des difficultés.
D’ailleurs, d’habitude Sam a toujours une conquête féminine
dans ses films, là aucune.
Le
film recycle certains gags des films précédents en les améliorant.
Michael et Sam sont partis dans une salle d’exposition d’art
antique. Des bandits veulent dérober des objets. Sam a alors l’idée
de feindre que beaucoup de monde est avec eux et que les bandits
devraient se rendre. Il fait du bruitage pour imiter des pistolets,
des chiens, des policiers. Jusqu’à présent, on ne voyait que Sam
et Michael faire leurs bruitages. Mais on adopte le point de vue des
bandits et on se rend compte qu’ils voient tout en ombre chinoise.
Mais
mieux que cela la séquence se prolonge avec une parodie des films de
fantômes, tel Encounter of the
Spooky kind de Sammo Hung. Le
genre était très à la mode au début des années 1980. A la
différence de beaucoup de comiques de Hong Kong, Michael Hui avait
l’idée de faire le plus possible de gags visuels. Les acteurs
jouent beaucoup avec leur corps (les deux bras dans le plâtre de
Michael et ses difficultés pour manger), avec les objets qui sont
cassés (notamment la voiture de deux petits escrocs qui de manière
récurrente se voit être mise en morceau).
Entre
le comique de répétition et les gags filés, le film devient très
drôle du début à la fin. Cela n'empêche pas Michael Hui de faire
une longue allusion sur les difficiles conditions des immigrés
chinois du continent dans deux scènes. La première évoque les
cages à lapins dans lesquelles les nouveaux venus à Hong Kong
vivotent. Une autre montre des boats people arrivant sur un yatch
luxueux, il parvient à faire rire en opposant le richesse et la
pauvreté, mais il le fait sans cynisme. Il offre même une romance à
Ricky à grands coups de spilt screens où il se rêve en super flic.
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