Les
Invisibles (Louis-Julien Petit, 2018)
A
moins d'être un ultra-libéral adepte de la théorie du
ruissellement, il est difficile de ne pas éprouver de la sympathie
pour toutes ces femmes laissées pour compte et ces animatrices de ce
centre d'accueil de jour. Comme souvent dans ce genre de film, on
admire le message et on oublie le cinéma. Difficile de ne pas voir
dans le scénario des Invisibles un copier coller de celui de
Discount, le premier film de Louis-Julien Petit. Là on
recyclait les denrées jetées par un magasin pour ouvrir une
boutique coopérative, ici on recycle le savoir-faire des chômeuses
pour ouvrir un foyer d'accueil. Dans les deux films, le drapeau des
flibustiers flotte, une société utopique se dessine. Seulement
voilà pour faire tenir l'ensemble le cinéaste utilise une mise en
scène « à l'américaine », (genre le shopping dans
Pretty woman), une chanson joyeuse et connue au son, un défilé
d'actions diverses à l'image. Cela répété plusieurs fois manière
de montrer que ces femmes se démènent malgré l'adversité. Mais
personne ne demandera à ces femmes de se rebeller, de même rêver
d'une société alternative, encore moins de croire en l'utopie. Au
contraire, elles sont formées pour bien rester dans le moule, pour
répondre comme il faut aux questions de Pôle Emploi, de l'agence
d'intérim, de l'éventuel patron. Pas étonnant que les gens adorent
ce film où il est dit pendant 100 minutes que le vie c'est le
salariat et la paie à la fin du mois. Finalement, si je n'aime pas
tellement le film c'est sans doute parce qu'il pourra sans aucun
doute aussi plaire aux ultra-libéraux adeptes de la théorie du
ruissellement. Ils se diront que ça ne sert à rien d'aider les
pauvres et les chômeurs car non seulement ils mentent constamment
mais en plus ils se débrouillent très bien tout seuls.
Un
beau voyou (Lucas Bernard, 2018)
Au
lieu d'être sorti en pleines vacances de Noël, cette histoire de ce
policier presque en retraite qui enquête sur des vols de tableaux
aurait trouvé un meilleur épanouissement dans une série policière
de France 3. Sans vouloir être désobligeant, il n'y a pratiquement
aucun cinéma là-dedans (quelle photographie plate et blanche) et
pourtant il se dégage un certain charme désuet, une narration à
contre courant faite de nonchalance et de longues déambulations.
Mais surtout, c'est le petit hommage aux Vampires de Louis
Feuillade au milieu du film, sur les toits en tôle de Paris, qui
donne cet esprit feuilletonesque au récit. Toujours dans cette idée
des Vampires, le personnage de Swan Arlaud est une énigme, un homme
à personnalité multiples telle Musidora qui devenait tantôt
Juliette Berthault, tantôt Irma Vep etc. Je suis également ravi de
revoir Jean-Quentin Chatelain tellement absent du cinéma, on l'avait
découvert dans J'ai horreur de l'amour de Laurence Ferreira-Barbosa.
Plus de 20 ans plus tard, il traîne encore cette étrangeté un peu
inquiétante.
Premières
vacances (Patrick Cassir, 2018)
Jonathan
Cohen (certains ont découvert son existence dans Amanda dans un tout
petit rôle) a joué dans un des pires films de 2018, Budapest de
Xaviers Gens. Budapest fait partie de ce genre de comédies
françaises où la complicité entre les personnages est surjouée
dans un déluge de répliques en forme de vannes. Rien ne
fonctionnait, tout était horrible. Dans Premières vacances,
le scénario joue sur l'inverse de la complicité, il place deux
personnages qui ne se connaissent pas dans une aventure commune mais
non pas comme dans un film de Francis Veber (un duo composé d'un
boulet et d'un gros bras), c'est volontairement qu'ils s'unissent
dans ce voyage en Bulgarie (l'acteur aime les pays de l'est). Ce sont
leur caractère opposé (un petit bourgeois, une insouciante sans le
sou) qui créent l'humour un peu sage mais qui parfois fait rire.
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