mardi 15 janvier 2019

J'ai aussi regardé ces films en janvier


Les Invisibles (Louis-Julien Petit, 2018)
A moins d'être un ultra-libéral adepte de la théorie du ruissellement, il est difficile de ne pas éprouver de la sympathie pour toutes ces femmes laissées pour compte et ces animatrices de ce centre d'accueil de jour. Comme souvent dans ce genre de film, on admire le message et on oublie le cinéma. Difficile de ne pas voir dans le scénario des Invisibles un copier coller de celui de Discount, le premier film de Louis-Julien Petit. Là on recyclait les denrées jetées par un magasin pour ouvrir une boutique coopérative, ici on recycle le savoir-faire des chômeuses pour ouvrir un foyer d'accueil. Dans les deux films, le drapeau des flibustiers flotte, une société utopique se dessine. Seulement voilà pour faire tenir l'ensemble le cinéaste utilise une mise en scène « à l'américaine », (genre le shopping dans Pretty woman), une chanson joyeuse et connue au son, un défilé d'actions diverses à l'image. Cela répété plusieurs fois manière de montrer que ces femmes se démènent malgré l'adversité. Mais personne ne demandera à ces femmes de se rebeller, de même rêver d'une société alternative, encore moins de croire en l'utopie. Au contraire, elles sont formées pour bien rester dans le moule, pour répondre comme il faut aux questions de Pôle Emploi, de l'agence d'intérim, de l'éventuel patron. Pas étonnant que les gens adorent ce film où il est dit pendant 100 minutes que le vie c'est le salariat et la paie à la fin du mois. Finalement, si je n'aime pas tellement le film c'est sans doute parce qu'il pourra sans aucun doute aussi plaire aux ultra-libéraux adeptes de la théorie du ruissellement. Ils se diront que ça ne sert à rien d'aider les pauvres et les chômeurs car non seulement ils mentent constamment mais en plus ils se débrouillent très bien tout seuls.

Un beau voyou (Lucas Bernard, 2018)
Au lieu d'être sorti en pleines vacances de Noël, cette histoire de ce policier presque en retraite qui enquête sur des vols de tableaux aurait trouvé un meilleur épanouissement dans une série policière de France 3. Sans vouloir être désobligeant, il n'y a pratiquement aucun cinéma là-dedans (quelle photographie plate et blanche) et pourtant il se dégage un certain charme désuet, une narration à contre courant faite de nonchalance et de longues déambulations. Mais surtout, c'est le petit hommage aux Vampires de Louis Feuillade au milieu du film, sur les toits en tôle de Paris, qui donne cet esprit feuilletonesque au récit. Toujours dans cette idée des Vampires, le personnage de Swan Arlaud est une énigme, un homme à personnalité multiples telle Musidora qui devenait tantôt Juliette Berthault, tantôt Irma Vep etc. Je suis également ravi de revoir Jean-Quentin Chatelain tellement absent du cinéma, on l'avait découvert dans J'ai horreur de l'amour de Laurence Ferreira-Barbosa. Plus de 20 ans plus tard, il traîne encore cette étrangeté un peu inquiétante.

Premières vacances (Patrick Cassir, 2018)
Jonathan Cohen (certains ont découvert son existence dans Amanda dans un tout petit rôle) a joué dans un des pires films de 2018, Budapest de Xaviers Gens. Budapest fait partie de ce genre de comédies françaises où la complicité entre les personnages est surjouée dans un déluge de répliques en forme de vannes. Rien ne fonctionnait, tout était horrible. Dans Premières vacances, le scénario joue sur l'inverse de la complicité, il place deux personnages qui ne se connaissent pas dans une aventure commune mais non pas comme dans un film de Francis Veber (un duo composé d'un boulet et d'un gros bras), c'est volontairement qu'ils s'unissent dans ce voyage en Bulgarie (l'acteur aime les pays de l'est). Ce sont leur caractère opposé (un petit bourgeois, une insouciante sans le sou) qui créent l'humour un peu sage mais qui parfois fait rire.

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