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vendredi 29 novembre 2019

François 1er (Christian Jaque, 1937) + Le Bon roi Dagobert (Pierre Chevalier, 1963)

J'ai commencé le mois de novembre avec Fernandel, le le finis avec lui. 25 ans séparent François 1er du Bon roi Dagobert, la durée du règne de Fernandel sur le cinéma français. Les deux films couvent le même fantasme de l'Histoire de France, sa gloire passée, son prestige, ses souverains flamboyants. Fernandel fait un voyage dans le temps, en pleine Renaissance – mais sans croiser les artistes qui y contribuent – dans François 1er et dans l'ère mérovingienne dans Le Bon roi Dagobert, le tout avec l'accent provençal.

Ça chante au début de François 1er, c'était la mode dans les années 1930. il faut dire que Honorin, le personnage de Fernandel incarne un artiste de spectacle, ou plutôt un sous-fifre dans un cabaret ambulant et parce que le comédien a une rage de dents, Honorin reprend le rôle mais se trompe dans les paroles de la chanson sur François 1er (il dit confis d'oie au lieu de confie-toi, hilarant n'est-ce pas). Pour mieux connaître la période, sujet du spectacle, il se fait hypnotiser et se retrouve par miracle à Amboise chez la Belle Ferronière.

Ce qui m'avait marqué étant petit, quand j'ai découvert François 1er, était qu'il était parti avec son dictionnaire Larousse. Moyen bien commode de raconter le passé aux personnages historiques, dont François 1er ou Henri VIII, le roi d'Angleterre venu rendre visite à son cousin, mais aussi leur avenir. Le Larousse était toujours ouvert dans la maison familiale, comme le Quid, l'ancêtre de Wikipédia. Honorin rencontre aussi La Palice et quelques autres. Chacun de ses personnages est joué par ceux de l'époque d'où il vient.

La film a horriblement vieilli, j'en gardais un excellent souvenir, j'aurais peut-être pas dû regarder le film. Mais c'est fait. Le comique de Fernandel réside ici dans sa maladresse, ses hésitations, ses crocs-en-jambe de l'histoire, mais au lieu de le desservir, cela l'aide à se sortir de situations périlleuses, dont la plus célèbre est la torture. L'inquisition fait lécher les pieds d'Honorin par une chèvre. Pauvre bête, elle n'avait rien demandé. Cela faisait rire. Notre homme est sauvé par un fantôme qui errait par là.












Le bond dans le temps de plus de 1300 ans du Bon roi Dagobert met Fernandel dans le rôle titre face à Gino Cervi dans celui de Saint Eloi, sans sa moustache de Peppone, il est à peine reconnaissable. On évoque bien entendu la culotte à l'envers de Dagobert et aussi les inventions de Saint Eloi qui rêve d'inventer la poudre à canon. L'essentiel du comique réside dans les anachronismes, au 7ème siècle, on agit, on cause, on discute comme au 20ème siècle et on se plaint de l'absence des objets du 20ème siècle.

Le film est rarement drôle mais le casting détonne. Marthe Mercadier joue l'une des épouses du souverain (on était polygame ) l'époque. Pascale Roberts (décédée le 26 octobre) joue une espionne à la solde du frère félon du roi qu'incarne, non sans mal, Dario Moreno. L'espionne est aidée par un Jacques Dufliho qui passe une partie du film déguisée en femme de compagnie. On trouve aussi dans des petites rôles Michel Galabru en conseiller du roi, Dary Cowl en bourreau, chacun offrant sa partition habituelle.














dimanche 3 novembre 2019

Fric-frac (Maurice Lehman, 1939)

C'est sur un circuit cycliste que Marcel (Fernandel) rencontre Loulou (Arletty) et Jo (Michel Simon) car Marcel préfère assister aux courses de vélo qu'à une représentation à l’opéra comique. Ils sont debout à encourager en criant à pleins poumons leur coureur tandis que Marcel reste sagement assis devant eux. Mais il les remarque tant qu'il ne peut s'empêcher de sympathiser avec eux et de leur proposer d'aller boire un verre à l'issue de la course.

C'est que Loulou a tapé dans l’œil de Marcel, il l'aurait bien aimé pouvoir lui parler seul à seul, tenter de la séduire avec son sourire chevalin. Seulement voilà, Jo est là à leur coller au train. Impossible de se débarrasser de cet encombrant personnage qui ne refuse jamais un petit coup, surtout si c'est gratuit. En les invitant, Marcel ne sait pas qui il a invité. Il va mettre du temps à comprendre et on ne va pas tarder à le lui reprocher.

La bijouterie dans laquelle travaille Marcel est au 3ème étage d'un immeuble d'un quartier bourgeois, cela aura son importance plus tard. Face à lui, Monsieur Blin et Mademoiselle Renée (Hélène Robert). C'est elle qui cherche à toute force à inviter Marcel à l'opéra comique. Elle ne comprend pas qu'il préfère aller aux courses qu'à l'opéra comique. Avec son air pincé et sa voix chevrotante, elle déplore l'attitude de Marcel.

C'est qu'elle aimerait bien l'épouser le Marcel. Renée est la fille du patron, aussi bonhomme qu'elle est revêche. Le père et la fille ne se ressemblent pas. Mais depuis que Marcel a croisé Loulou (« Loulou, qu'est-ce que c'est que ce prénom » dit Renée avec dédain), il se sent pousser des ailes et surtout il sent qu'il peut être libre de quitter cette place de simple employé et d'éviter un mariage avec Renée ainsi que des représentations d'opéra comique.

Ce sont deux mondes qui se rencontrent, celui de la bourgeoisie (au troisième étage) et celui des faubourgs populaires au rez de chaussée d'un café, « Chez Fernand ». Pour l'heure, Marcel apprend à connaître ce nouveau monde et cela passe par le langage. J'avais découvert Fric-frac en 1999 au Forum des images (projection 35mm) lors d'un cycle sur les langages qui s'appelait « tchatche ». Effectivement, l'argot est la langue de Jo et Loulou.

L'essentiel du comique du film, excellemment bien amené par Maurice Lehman d'après une pièce de théâtre populaire, est l'opposition entre ces deux univers. L'accent parisien d'Arletty est une merveille, mais cela passe aussi par ses mimiques faciales ainsi que les positions de son corps, il lui arrive de se dandiner quand elle sort ses répliques, le tout avec un petit sourire et des exclamations outrées de la fille qui exagère chaque situation.

Fernandel avait gommé son accent méridional pour l'occasion, cela fait partir du récit puisqu'il déclare être venu de Marseille à Paris. Il apprend à parler javanais et tente de l'enseigner à Monsieur Blin, qui ne comprend rien. Il est tellement émerveillé par ses découvertes, un nouveau pays dont il ignore tout, qu'il ne voit pas que Jo et Loulou sont des marcheurs. C'est amusant de découvrir le sens de marcheur de 1939 : des escrocs. Rien à voir avec aujourd'hui.

Le film s'ouvre sur une page du dictionnaire qui donne la définition de fric-frac. Le vol avec effraction de la bijouterie du papa de Mademoiselle Renée est programmé par Jo. Car si Marcel le considère désormais comme un ami, la réciproque n'est pas vraie. Chaque fois, Jo profite de la naïveté de ce grand couillon qui reste aveuglé par Loulou, qui pourtant lui a bien dit qu'elle avait un homme, un certain Tintin qui est en prison.

Pour sortir de son aspect théâtral, pour sortir de la bijouterie comme du café où le duo de marcheurs a ses habitudes, le film sort à la campagne pour faire de la bicyclette. L'une des séquences les plus amusantes de Fric-frac se déroule sur une route de campagne. Loulou et Jo sont sur un tandem, Renée et Marcel ont chacun un vélo. C'est que Renée voulait rencontrer les nouveaux amis de son homme, elle ne sera pas déçue.

Deux femmes s'opposent. Loulou paraît libérée, au moins aux yeux de Marcel, mais elle reste la proie de ce Tintin. Elle est aux ordres de ce petit malfrat qui va provoquer le fric-frac dans la bijouterie. Il a besoin d'argent pour améliorer son ordinaire en prison et exige de l'argent de Loulou. Elle va tout faire pour que Marcel ne soit pas impliqué. Un quiproquo va révéler la vérité du statut de Jo et Loulou.


Cette dernière va tout faire pour que Marcel aille voir Renée, qu'il accepte de se fiancer avec cette femme qui se montre bien plus maline que prévu. Tout ce cristallise lors du cambriolage où Jo, pour le plus grand bonheur du spectateur, démontre qu'il porte bien son surnom « Jo-les-bras-cassés ». Le vaudeville reprend ses droits, la comédie s'envole. 20 ans après avoir découvert le film, je le trouve toujours aussi amusant et parfois spirituel.