On
a eu les films post 11 septembre, voici les films post crise de
l'immobilier. Après The Margin call au ton professoral et aux
acteurs le balai dans le cul, après The Inside job
incompréhensible malgré tous mes efforts et après Le Loup de
Wall Street où l'argent est une drogue dure, Adam McKay offre
le versant burlesque de cette histoire tellement vraie mais tellement
irréelle. Le lien avec le film de Scorsese est direct quand on
découvre en ouverture du film Christian Bale qui tape avec ses
baguettes de batterie un son identique à celui de Matthew
MacCanaughey quand il reçoit et initie Leonardo di Caprio au
capitalisme sauvage, ou plus tard quand Margot Robbie as herself
explique, dans son bain, ce que sont ces fameuses subprimes
auxquelles personne ne comprend rien.
Sauf
les personnages de The Big short qui comprennent assez vite
que ces emprunts toxiques vont faire beaucoup de victimes (les
Américains qui veulent à tout prix accéder à la propriété
encouragé par les ultra-libéraux) et quelques gagnants : les
personnages suivants. Toujours bronzé, suivi par un assistant qu'il
tyrannise, Jared Vennett (Ryan Gosling) explique que tout commence en
1978. Mark Baum (Steve Carell), râleur impénitent et quatre traders
d'un fond d'investissement vont faire fructifier l'argent de Vennett.
Michael Burry (Christian Bale), en bermuda marron et t-shirt bleu,
est un docteur en économie, semi-autiste, il clame avoir toujours
raison. Deux jeunes loups de Wall Street, Charlie et Jamie (John
Magaro et Finn Wittrock) lancent leur fond d'investissement aidé par
Ben Rickert (Brad Pitt), sorte de Warren Buffett écolo-compatible.
Pour
le spectateur, il s'agit d'abord de comprendre ce qu'il se passe dans
ce passé si proche et qui touche toujours l'économie mondiale.
J'avoue que je suis toujours perdu dans les noms sophistiqués de
tous ces emprunts toxiques, ces termes de mortgage, titrisation et
autre CDO. Jared Vennett, qui est le narrateur de The Big short,
a plusieurs moyens pour expliquer pourquoi et comment la bulle
économique va exploser. Il fait appelle autant à Margot Robbie en
buvant du champagne ou à Selena Gomez tandis qu'elle joue au casino.
Si une bimbo comprend, je peux comprendre dit Adam McKay avec ironie.
Puis, Vennett démontre, dans une scène hilarante, à Mark Baum à
l'aide d'une simple jeu d'enfants, ces tours en bois composées de
dominos que l'on doit retirer avec précaution, la mécanique fragile
et irrésistible des montages financiers. L'économie va s'effondrer.
C'est
parti pour plus de deux heures de pure délire économico-libéral où
la corruption, l'inconscience et la bêtise pure règnent sur Wall
Street. Hallucinante scène où l'experte de Standard and Poor's,
lunettes d'aveugle sur le nez avoue qu'elle annonce à ses clients ce
qu'ils veulent entendre. Pour bien montrer ces idiots, direction Las
Vegas. Une employée de l'Etat flirte avec un banquier. Mark Baum
dîne avec un investisseur qui confesse qu'il arnaque légalement les
propriétaires. L'idiotie a toujours été au centre du cinéma
d'Adam McKay, le journaliste Ron Burgundy et sa bande d'abrutis, les
deux flics crétins de Very bad cops, le pilote Ricky Bobby.
Dans The Big short, les personnages principaux passent pour
des idiots auprès de banquiers et des patrons de fond
d'investissement, ils sont moqués dans un grand d'éclat de rire.
Ces derniers seront pris à leur propre piège, comme l'étaient les
deux frères d'Un fauteuil pour deux, le meilleur film sur le
capitalisme sauvage du cinéma américain. The Big short,
drôle et féroce, est de cette trempe là.
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