samedi 12 décembre 2015

Comment c'est loin (Orelsan & Christophe Offenstein, 2015)

J'avoue que je ne connais pas bien Orelsan, ni sa musique, ni sa séquence humoristique du Petit journal de Canal+. J'ai bien vu quelques clips, bourrés d'effets spéciaux, l'un en Grèce où telle Ursula Andress, Orelsan sort de la mer en slip rouge. Mais mon a priori est plutôt positif. Comparer Comment c'est loin aux films sur les rappers américains (NWA Staight Outta Compton, 8 mile, ou je ne sais encore quel film) n'a pas plus de sens que comparer Saint Laurent de Bertrand Bonnello avec Le Diable s'habille en Prada. Sa bonne dizaine de chansons font du film la première comédie musicale rap.

Comment c'est loin a une histoire limitée dans le temps (une grosse journée entourée de deux nuits). Deux amis, Orel (Aurélien Cotentin) et Gringe (Guillaume Tranchant) vivent ensemble, en gentil petit couple, dans une maison de l'agglomération de Caen. Le premier bosse la nuit dans un hôtel, porte deux sweats à capuche, le deuxième est chômeur et a un bonnet vissé sur la tête. Deux tocards qui font, pendant leur temps libre (et ils en ont beaucoup) du rap dont les paroles ont essentiellement pour sujets une sexualité débridée et des rêves de grandeur.

La sexualité des deux gars n'est pas vraiment comme dans leurs chansons, Orel a un copine un peu bourge, Gringe va aux putes et trompe sa copine. Paresseux comme c'est pas possible, les deux amis ne se foulent pas pour enfin enregistrer ce morceau exigé par leurs producteurs. Sujet à la mode : la procrastination, comme dans le magazine Biba. Moyen de le raconter : observer les personnages glander, picoler et tenter d'aller manger. Résultat : un petit film à l'humour bon-enfant que l'on pourra oublier très vite mais auquel on prend du plaisir.

L'univers géographique d'Orel et Gringe est réduit. Le sous-sol de la maison où ils s'affalent sur le canapé, l'Hôtel de France où travaille Orel dirigé par un patron raciste mais pas trop et le bar L'Embuscade. Pour y aller, faut voler un vélo, faire du stop, attendre des heures le bus ou traverser des champs à pied à n'en pas finir. Le co-réalisateur, également chef opérateur, Christophe Offsteiner filme leur déplacements entre ces lieux en temps réel, comme autant de moments perdus où les deux personnages peuvent discuter sans fin de choses inutiles.

L'univers amical est tout autant réduit. Comme dans un road movie minimaliste, le film est ponctué de rencontres avec d'autres tocards. Un vendeur d'un magasin Wonder Cash qui donne les plus mauvais conseils. Un jeune avocat qu'ils hébergent. Une amie qu'Orel passe son temps à vanner. La grand-mère qui vient apporter à manger à Orel. Ça n'a l'air de rien, mais toute cette fantaisie faite de répliques bien senties et, pour une fois, sans langage faussement « djeune », est à contre-courant des comédies qui peinent à dépasser leur pitch initial.

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