J'avoue
que je ne connais pas bien Orelsan, ni sa musique, ni sa séquence
humoristique du Petit journal de Canal+. J'ai bien vu quelques clips,
bourrés d'effets spéciaux, l'un en Grèce où telle Ursula Andress,
Orelsan sort de la mer en slip rouge. Mais mon a priori est plutôt
positif. Comparer Comment c'est
loin aux films sur les rappers
américains (NWA Staight Outta
Compton, 8
mile, ou je ne sais encore
quel film) n'a pas plus de sens que comparer Saint
Laurent de Bertrand Bonnello
avec Le Diable s'habille en
Prada. Sa bonne dizaine de
chansons font du film la première comédie musicale rap.
Comment
c'est loin a une histoire
limitée dans le temps (une grosse journée entourée de deux nuits).
Deux amis, Orel (Aurélien Cotentin) et Gringe (Guillaume Tranchant)
vivent ensemble, en gentil petit couple, dans une maison de
l'agglomération de Caen. Le premier bosse la nuit dans un hôtel,
porte deux sweats à capuche, le deuxième est chômeur et a un
bonnet vissé sur la tête. Deux tocards qui font, pendant leur temps
libre (et ils en ont beaucoup) du rap dont les paroles ont
essentiellement pour sujets une sexualité débridée et des rêves
de grandeur.
La
sexualité des deux gars n'est pas vraiment comme dans leurs
chansons, Orel a un copine un peu bourge, Gringe va aux putes et
trompe sa copine. Paresseux comme c'est pas possible, les deux amis
ne se foulent pas pour enfin enregistrer ce morceau exigé par leurs
producteurs. Sujet à la mode : la procrastination, comme dans
le magazine Biba. Moyen de le raconter : observer les
personnages glander, picoler et tenter d'aller manger. Résultat :
un petit film à l'humour bon-enfant que l'on pourra oublier très
vite mais auquel on prend du plaisir.
L'univers
géographique d'Orel et Gringe est réduit. Le sous-sol de la maison
où ils s'affalent sur le canapé, l'Hôtel de France où travaille
Orel dirigé par un patron raciste mais pas trop et le bar
L'Embuscade. Pour y aller, faut voler un vélo, faire du stop,
attendre des heures le bus ou traverser des champs à pied à n'en
pas finir. Le co-réalisateur, également chef opérateur, Christophe
Offsteiner filme leur déplacements entre ces lieux en temps réel,
comme autant de moments perdus où les deux personnages peuvent
discuter sans fin de choses inutiles.
L'univers
amical est tout autant réduit. Comme dans un road movie minimaliste,
le film est ponctué de rencontres avec d'autres tocards. Un vendeur
d'un magasin Wonder Cash qui donne les plus mauvais conseils. Un
jeune avocat qu'ils hébergent. Une amie qu'Orel passe son temps à
vanner. La grand-mère qui vient apporter à manger à Orel. Ça n'a
l'air de rien, mais toute cette fantaisie faite de répliques bien
senties et, pour une fois, sans langage faussement « djeune »,
est à contre-courant des comédies qui peinent à dépasser leur
pitch initial.
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