Quand
Werner Herzog apprend que le volcan La Soufrière menace d'entrer en
éruption, il décide de partir en Guadeloupe pour filmer cet
événement exceptionnel. C'était à la fin de l'été 1976. Les
autorités françaises, sans aucun doute échaudées par le drame
vécu en Martinique des décennies plus tôt, organisent l'évacuation
de la population (73000 personnes). L'éruption catastrophique de la
Montagne Pelée en 1902, Werner Herzog la raconte avec des photos de
presse de l'époque. Avec son sens de la contradiction, il se moque
de la rapidité de l'évacuation de 1976 tout autant que de l'inertie
de 1902. Il constate qu'en 1902, le seul survivant était un
prisonnier mis au cachot.
Ce
qu'il découvre est une ville et ses alentours totalement vidée de
sa population. Il filme les rues désertes, la gendarmerie sans
gendarmes, les usines abandonnées. Dans certaines maisons la
télévision fonctionne encore, les feux de signalisation n'ont pas
été désactivés. Seuls quelques animaux affamés se promènent,
deux ânes, un chien famélique. C'est un paysage digne d'un film
apocalyptique, un pur décor de cinéma que film Werner Herzog qui
rappelle tout autant le cinéma de science-fiction que les images de
la télévision de l'époque quand les Khmers Rouge ont évacué par
la force Phnom Penh un an plus tôt.
Werner
Herzog, qui a souvent filmé l'instinct de mort dans ses fictions,
part avec sa petite équipe à la rencontre du volcan. Il veut voir
ce qui se passe, être le seul à pouvoir témoigner de l'éruption.
Las, les routes sont coupées, l'air s'est chargé d'une irrespirable
odeur de soufre et la visibilité est restreinte. Au détour d'un
chemin, le cinéaste rencontre un vieil homme qui a choisi de ne pas
quitter sa maison. Il roupille tranquillement avec son chat au pied
d'un arbre. En créole, il explique qu'il fera bien ce que Dieu a
choisi pour lui. Le païen qu'est Werner Herzog l'écoute avec une
pointe d'amusement. Finalement, la volcan n'entrera pas en éruption.
Les
captures d'écran sont issues du DVD « Les ascensions de Werner
Herzog » édité par Potemkine Films en 2015.
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