Chaque
dimanche, une tradition s'est établie : le repas familial que
Monsieur Chu prépare dès l'aube. Des plats en veux-tu, en voilà.
Raviolis, canard laqué, pâté de soja, coq bouilli, en tout une
bonne douzaine de plats. De quoi rassasier tout un bataillon. Taipei
a beau déborder d'activités, Monsieur Chu prépare avec la
tranquillité du sage les mets que l'on devine les plus fins. Hacher,
pétrir, malaxer, frire, bouillir, saupoudrer d'épices. Patience,
les plats se créent devant nos yeux ébahis. Pendant ce temps, les
trois filles de Monsieur Chu vaquent à leurs occupations.
L'aînée,
Jen est professeur de chimie dans un lycée. Elle porte une tenue
stricte qui la ferait presque confondre avec les uniformes des
lycéens. Kien est la deuxième fille. Elle bosse dans une compagnie
aérienne où elle s'occupe de trouver de nouveaux marchés. Elle
travaille le dimanche pour prouver qu'elle est une businesswoman
hyper compétente et avoir la promotion que tous les cadres espèrent
: être responsable de la compagnie à Amsterdam. Ning est la plus
jeune. Etudiante, elle est amoureuse pour la première fois. Ning
travaille dans un fast-food, ce qui, compte tenu du métier du papa,
en dit long sur la liberté qu'elle entend conserver.
Elles
seront toutes là ce dimanche, mais un coup de téléphone vient
perturber le repas qu'ils s'apprêtent à entamer. Monsieur Chu doit
filer vite dans son restaurant où un énorme problème l'attend. Les
ailerons de requin se désagrègent et le restaurant est plein de
clients exigeants. Il va rapidement trouver la recette adéquate,
avec l'aide de ses cuistots et de son associé le vieux Wen. A ce
stade du film, on le voit, tous les personnages sont célibataires et
accaparés par leur travail. Leur petite routine commence à leur
peser. Arrive alors la phrase magique : « J'ai quelque chose à
vous annoncer », et le récit de Salé
sucré bifurque vers un
nouveau mouvement scénaristique.
Kien
lance à ses sœurs et à son père qu'elle va quitter le cocon
familial. Elle s'est acheté un appartement dans un immeuble. Pas de
chance pour elle, les promoteurs sont des escrocs. Sa vie amoureuse
est fluctuante. Elle couche de temps en temps avec Raymond, un de ses
ex, mais est très séduite par Li-kai, son nouveau collègue de
travail. Ning passe son temps à rencontrer Guo-lun le petit ami de
Rachel, une de ses amies. A force de se voir chaque jour poser un
lapin, Guo-lun finit par se lier à Ning. Ning annonce qu'elle est
enceinte de lui. Et Jen, la coincée, est séduite par Dao,
l'athlétique prof de gym du lycée où elle travaille. Chaque matin,
Jen trouve sur son bureau dans la salle des profs, une lettre
d'amour.
Monsieur
Chu voit, l'une après l'autre, ses filles quitter la maison
familiale. Lui-même est en train de se rendre compte que ses
papilles gustatives le lâchent. Les filles de Monsieur Chu
aimeraient tant qu'il se marie à nouveau. Et justement, Madame Liang
rentre des Etats-Unis. Elle croit pouvoir se remarier avec Monsieur
Chu. Mais elle est une « vieille sorcière », comme dit
sa propre fille. Monsieur Chu qui veut bien se remarier, mais
certainement pas avec elle. Salé
sucré commence par un repas
copieux à quatre (Monsieur Chu et ses filles) et qui se termine pas
un repas encore plus copieux à neuf. Manger et boire entre femmes
et hommes, voilà le secret du film.
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