mercredi 2 décembre 2015

Salé sucré (Ang Lee, 1994)

Chaque dimanche, une tradition s'est établie : le repas familial que Monsieur Chu prépare dès l'aube. Des plats en veux-tu, en voilà. Raviolis, canard laqué, pâté de soja, coq bouilli, en tout une bonne douzaine de plats. De quoi rassasier tout un bataillon. Taipei a beau déborder d'activités, Monsieur Chu prépare avec la tranquillité du sage les mets que l'on devine les plus fins. Hacher, pétrir, malaxer, frire, bouillir, saupoudrer d'épices. Patience, les plats se créent devant nos yeux ébahis. Pendant ce temps, les trois filles de Monsieur Chu vaquent à leurs occupations.

L'aînée, Jen est professeur de chimie dans un lycée. Elle porte une tenue stricte qui la ferait presque confondre avec les uniformes des lycéens. Kien est la deuxième fille. Elle bosse dans une compagnie aérienne où elle s'occupe de trouver de nouveaux marchés. Elle travaille le dimanche pour prouver qu'elle est une businesswoman hyper compétente et avoir la promotion que tous les cadres espèrent : être responsable de la compagnie à Amsterdam. Ning est la plus jeune. Etudiante, elle est amoureuse pour la première fois. Ning travaille dans un fast-food, ce qui, compte tenu du métier du papa, en dit long sur la liberté qu'elle entend conserver.

Elles seront toutes là ce dimanche, mais un coup de téléphone vient perturber le repas qu'ils s'apprêtent à entamer. Monsieur Chu doit filer vite dans son restaurant où un énorme problème l'attend. Les ailerons de requin se désagrègent et le restaurant est plein de clients exigeants. Il va rapidement trouver la recette adéquate, avec l'aide de ses cuistots et de son associé le vieux Wen. A ce stade du film, on le voit, tous les personnages sont célibataires et accaparés par leur travail. Leur petite routine commence à leur peser. Arrive alors la phrase magique : « J'ai quelque chose à vous annoncer », et le récit de Salé sucré bifurque vers un nouveau mouvement scénaristique.

Kien lance à ses sœurs et à son père qu'elle va quitter le cocon familial. Elle s'est acheté un appartement dans un immeuble. Pas de chance pour elle, les promoteurs sont des escrocs. Sa vie amoureuse est fluctuante. Elle couche de temps en temps avec Raymond, un de ses ex, mais est très séduite par Li-kai, son nouveau collègue de travail. Ning passe son temps à rencontrer Guo-lun le petit ami de Rachel, une de ses amies. A force de se voir chaque jour poser un lapin, Guo-lun finit par se lier à Ning. Ning annonce qu'elle est enceinte de lui. Et Jen, la coincée, est séduite par Dao, l'athlétique prof de gym du lycée où elle travaille. Chaque matin, Jen trouve sur son bureau dans la salle des profs, une lettre d'amour.

Monsieur Chu voit, l'une après l'autre, ses filles quitter la maison familiale. Lui-même est en train de se rendre compte que ses papilles gustatives le lâchent. Les filles de Monsieur Chu aimeraient tant qu'il se marie à nouveau. Et justement, Madame Liang rentre des Etats-Unis. Elle croit pouvoir se remarier avec Monsieur Chu. Mais elle est une « vieille sorcière », comme dit sa propre fille. Monsieur Chu qui veut bien se remarier, mais certainement pas avec elle. Salé sucré commence par un repas copieux à quatre (Monsieur Chu et ses filles) et qui se termine pas un repas encore plus copieux à neuf. Manger et boire entre femmes et hommes, voilà le secret du film.













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