Quand
la réalité dépasse la fiction, il faut filmer la réalité. Emilie
Brisavoine a enregistré sa demi-sœur Pauline pendant plusieurs
années. Pauline a 15 ans au début de Pauline s'arrache et 17
ans à sa fin. Pauline vit avec sa grande sœur et son petit frère
qui vont vite quitter le foyer pour s'installer ailleurs. Ils
laissent l'adolescente seule avec son père Fred, homo qui fait des
spectacles de drag queen (y compris lors des fêtes familiales, comme
on le découvre en ouverture du film) et avec sa mère Meaud, un
ancienne gothique (également la mère de la cinéaste). Pauline aime
bien ses parents, mais ce qu'elle préfère, c'est s'engueuler avec
eux, les contredire et n'en faire qu'à sa tête. La maladie de la liberté.
Pendant
tout la durée du film, Pauline se dispute avec tout le monde. Avec
sa sœur, l'une fait de la guitare ou met la musique à fond pendant
que l'autre veut faire ses devoirs. Avec son père qui lui lance des
mots doux et lui fait du chantage affectif. Avec son petit ami Abel
avec qui elle une relation basé sur l'attirance répulsion. Le film
est une suite, dans sa première moitié, de cris, d'injures, de
pleurs, de reproches et de mauvaise foi. Le tout dans un appartement
de la banlieue parisienne, un logement si petit que Pauline, Meaud et
Fred se marchent en permanence dessus. Quand Pauline grandit, elle
devient un peu plus calme, sauf en amour où elle est déchaînée. Il faut bien avouer qu'elle est épuisante.
Emilie
Brisavoine ne cache pas que l'écriture de son premier film s'est
fait sur la table de montage, elle se met ainsi dans la lignée de
cinéastes français pour qui le montage est leur beau souci. De ces
centaines d'heures de film familial où elle scrute sa petite sœur,
elle a choisi de montrer des moments très forts (Pauline n'a pas la
langue dans sa poche, comme son père, et elle aime le combat) et des
moments de creux (elle s'ennuie constamment, y compris quand tout va
bien). L'image est souvent très ingrate, pixelisée, terne. Le film
est une immersion dans le prolétariat filmé, avec ironie, comme un
conte de princesse, ainsi que l'affirment le générique et l'affiche.
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