mardi 22 décembre 2015

Pauline s'arrache (Emilie Brisavoine, 2015)

Quand la réalité dépasse la fiction, il faut filmer la réalité. Emilie Brisavoine a enregistré sa demi-sœur Pauline pendant plusieurs années. Pauline a 15 ans au début de Pauline s'arrache et 17 ans à sa fin. Pauline vit avec sa grande sœur et son petit frère qui vont vite quitter le foyer pour s'installer ailleurs. Ils laissent l'adolescente seule avec son père Fred, homo qui fait des spectacles de drag queen (y compris lors des fêtes familiales, comme on le découvre en ouverture du film) et avec sa mère Meaud, un ancienne gothique (également la mère de la cinéaste). Pauline aime bien ses parents, mais ce qu'elle préfère, c'est s'engueuler avec eux, les contredire et n'en faire qu'à sa tête. La maladie de la liberté.

Pendant tout la durée du film, Pauline se dispute avec tout le monde. Avec sa sœur, l'une fait de la guitare ou met la musique à fond pendant que l'autre veut faire ses devoirs. Avec son père qui lui lance des mots doux et lui fait du chantage affectif. Avec son petit ami Abel avec qui elle une relation basé sur l'attirance répulsion. Le film est une suite, dans sa première moitié, de cris, d'injures, de pleurs, de reproches et de mauvaise foi. Le tout dans un appartement de la banlieue parisienne, un logement si petit que Pauline, Meaud et Fred se marchent en permanence dessus. Quand Pauline grandit, elle devient un peu plus calme, sauf en amour où elle est déchaînée. Il faut bien avouer qu'elle est épuisante.

Emilie Brisavoine ne cache pas que l'écriture de son premier film s'est fait sur la table de montage, elle se met ainsi dans la lignée de cinéastes français pour qui le montage est leur beau souci. De ces centaines d'heures de film familial où elle scrute sa petite sœur, elle a choisi de montrer des moments très forts (Pauline n'a pas la langue dans sa poche, comme son père, et elle aime le combat) et des moments de creux (elle s'ennuie constamment, y compris quand tout va bien). L'image est souvent très ingrate, pixelisée, terne. Le film est une immersion dans le prolétariat filmé, avec ironie, comme un conte de princesse, ainsi que l'affirment le générique et l'affiche.

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