dimanche 13 décembre 2015

Election (Johnnie To, 2005)

La tradition de la société Wo Sing, l'une des plus prospères triades de Hong Kong, est d'élire son parrain. Les « oncles », c'est-à-dire les plus anciens chefs de clan, doivent choisir entre Big D (Tony Leung Ka-fai) et Lok (Simon Yam). Deux caractères totalement opposés. Lok, qui est le favori des oncles est posé, vit une vie tranquille avec son jeune fils. Big D, qui inquiète les oncles, est violent et arriviste, aidé dans son ascension par sa femme mondaine (Maggie Shiu). Avant que les oncles ne se rencontrent pour discuter à l'écart, les manigances ont été fructueuses : pots de vin et intimidation.

Lok obtient la majorité des voix mais Big D continue d’intimider les oncles. Il en enlève un, ainsi que son second, il les enferme dans des caisses en bois et les balance du haut d’une colline. Gueulard, il ne cesse de se plaindre du mépris que tous lui portent. Au milieu d’une impression de démocratie dans un milieu corrompu, Big D apparaît comme un empêcheur de tourner en rond. Seulement voilà, la police commence à vouloir faire régner un peu d’ordre, d’autant qu’elle-même semble soutenir la candidature de Lok.

Big D et Lok s’affrontent, ils mesurent leurs forces et leurs soutiens. Pour calmer le jeu, la police décide d'enfermer en prison les chefs des triades, Big D, Lok et le plus respecté des chefs, l'oncle Teng (Wong Tin-lam), qui va faire l'arbitre entre les deux pour calmer le jeu. Chaque partie décide d'aller récupérer le sceptre que l'actuel parrain nommé Sifflet (Wong Chun) a mis à l'abri en Chine. Pendant que tout monde est en prison à comploter, à discuter vainement et à défier la police, les hommes de main de chaque camp partent en Chine s'emparer du sceptre.

Tous les acteurs du cinéma de Johnnie To sont convoqués pour partir en mission. Jet (Nick Cheung), Kun (Lam Ka-tung), Big head (Lam Suet), Jimmy (Louis Koo) se lancent dans une course poursuite effrénée où ces hommes de main obéissent à leur chef de clan respectif. Des ordres sont donnés auxquels ils obéissent aveuglément jusqu'à ce qu'un contre-ordre viennent rebattre les cartes. Au bout d'un moment, au fur et à mesure que le nombre de personnages augmente mais que le temps se fait pressant, la confusion règne de chaque côté.

Tout doit être régler en une nuit, que le cinéaste filme dans un clair obscur symbolique soutenue par une musique obsédante. Johnnie To alterne les longs moments de trajet, les discussions sans fin et les scènes d'action toujours brèves mais très vives. Le récit est sans cesse relancé puis interrompu pour enfin reprendre au rythme des manigances de chacun. Les personnages ne parlent que de loyauté, cette valeur fallacieuse des triades, mais Johnnie To filme des luttes de pouvoir impitoyables et sanglantes.

La violence des triades est le motif central d'Election, cette violence déraisonnable que Big D déploie contre tous ses adversaires, cette brutalité quand Kun frappe Big Head avec un tronc d'arbre pour récupérer le sceptre, cette violence de Jet armé d'une machette qui tranche à tout va. Mais Lok, malgré son tempérament calme, commande l'exécution de Sifflet qui menace de tout balancer à la police et décide d'éliminer ceux qui pourrait se mettre dans son chemin. Le regard stupéfait de son fils qui découvre ce qu'est vraiment son père est terrifiant.












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