John
Payson fait partie de ce cercle de cinéastes qui n'ont tourné qu'un
seul film dans leur vie, mais un film suffisamment marquant pour
qu'on s'en souvienne. Le gentil Joe (Jerry O'Connell) débarque de
son Iowa natal pour New York, où, pas de chance pour sa pomme, il se
fait tout voler dès qu'il sort du bus. Sans le sou, il doit trouver
un appartement vite fait. Oh que les loyers sont chers à New York,
sauf ceux plafonnés, mais ceux-là sont rares et dans des quartiers
mal famés (tout ça c'était avant que Bloomberg rénove de fond en
comble la ville). Un artiste post new wave néo punk délicatement
nommé Walter Shit (Jim Turner) conseille Joe qui va finalement
trouver un logement dans ses moyens. L'appartement est dans
l'immeuble le plus vétuste de New York.
Seulement
voilà, Joe doit partager son appartement, une colocation bien
inhabituelle puisque il cohabite avec une colonie de cafards. Et ces
cafards parlent, beaucoup, avec une petite voix de crécelle. Et ils
chantent aussi et dansent parfois. Ils sont ravis du nouvel habitant
de l'appartement. Joe n'est pas seulement fauché comme les blés, il
est aussi un souillon. Les déchets s'accumulent, les parts de pizza
moisissent et les chaussette sales s'entassent. Un bonheur pour les
cafards et pour le spectateur ravi de ce burlesque débridé. Bien
entendu, le réalisateur n'a pas dressé des milliers de cancrelats
pour son film, ce sont des effets spéciaux et parmi les voix, on
entend Dave Chappell, BD Wong ou Tim Blake Nelson, alors à leurs
débuts. Tout cela est à la sauce MTV (producteur du film), ultra
coloré, monté à la hache et léger comme un clip des années 90.
Les
cafards passent leur temps à taquiner Joe, à lui causer de nombreux
soucis dans ses recherches d'emploi et à perturber sa vie intime
avec la blondinette Lily (Megan Ward). Ce ne sont pas eux les vilains
de Joe's apartment.
Le père de Lily est un sénateur douteux et fan de lingerie SM
(Robert Vaughn) qui désire par tous les moyens faire raser
l'immeuble de Joe et y construire une prison ultra sophistiquée. Ces
moyens, ce sont deux grosses brutes au cerveau vide. Construit comme
un cartoon hyper vitaminé, Joe's
apartment est un mélange
entre le trivial extrême (Joe trimbale des excréments pour faire
plaisir à Lily) et la poésie naïve (cette dernière rêve de
transformer le lieu en jardin de fleurs). Car, on le sait, les fleurs
ne poussent que grâce à du bon fumier et les idées dégénérées
font parfois des comédies bien sympas.
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