Il
était une fois dans le beau Royaume de Hollywood un jeune troubadour
nommé Mark Christopher qui voulait conter l'histoire très bonne et
très joyeuse de la boite de nuit Studio 54 du comté de Manhattan.
Les frères Weinstein, marquis de Miramax décident de financer le
projet du cinéaste. On engage de jeunes et beaux acteurs. Ryan
Phillippe qui n'hésite jamais à enlever sa chemise, Salma Hayek
pour donner un peu d'exotisme, Neve Campbell pour offrir du glamour,
Breckin Meyer pour représenter le boy next door et Mike Myers
tout juste sorti de Wayne's world mais pas encore entré dans
le costume d'Austin Powers. On tourne le film, on fait une
bande annonce, on fait des avant-premières, et là, patatras, les
petits marquis Weinstein ne sont pas du tout contents. Ils sont tout
colère du résultat, reportent la sortie du film et obligent le
jeune cinéaste à retourner un tiers du film. Le film sort en 1998,
fait un gros bide, mais en 2015, après bien des soucis, Mark
Christopher remonte l'ensemble, projette sa version au Festival de
Berlin 2015, et revoici Studio 54 à nouveau visible.
Shane
(Ryan Phillippe) s'emmerde profondément dans son New Jersey natal
et ne rêve que d'une chose, traverser le fleuve Hudson et aller
danser dans le night-club à la mode en cette fin des années 1970,
le Studio 54. Avec ses potes un peu ploucs, il se rend là-bas où
Steve Rubell (Mike Myers), le patron accepte que Shane rentre, mais
pas avec cette chemise. Shane ne comprend pas tout de suite,
puisqu'il n'a rien d'autre à se mettre. Steve veut qu'il rentre
torse nu, ce que Shane va faire et constate que dans la discothèque
il n'est pas le seul à être à moitié à poil. C'est un lieu de
débauche dans lequel Shane se sent immédiatement à l'aise mais que
son père, une fois rentré dans le New Jersey où il raconte sa
folle nuit, lui interdit de fréquenter. « Il n'y a que des
pédés et des métèques » dit-il dans le version 2015, phrase
censurée en 1998. Peu importe à Shane, il y retournera (sans ses
potes ploucs) et parviendra à se faire embaucher comme barman. Tenue
obligatoire des simples barmen : un petit short en tergal et des
baskets. Tous les employés mâles sont torse nu, seul le responsable
du bar à droit de mettre un jean.
Viré
de chez son père, Shane trouve alors refuge chez Anita (Salma Hayek)
et Greg (Breckin Meyer). Elle bosse au vestiaire du 54, lui est aussi
barman en short. La petite taille de se dernier le cantonne à ce
rôle. Shane, parce qu'il est sexy et qu'il n'a pas froid aux yeux,
devient la mascotte de Steve qui le présente aux clients. Assez
vite, il devient l'amant de Billie (Sela Ward). Elle lui apprend à
s'habiller, elle le sort dans des soirées mondaines. Il devient
également le mec de Julian (Donald Carrier) qui lui fait découvrir
l'univers de la drogue. Dans la version 2015, Shane couche donc
alternativement avec eux, Mark Christopher voulait en faire un
personnage bisexuel (même si le mot n'est jamais prononcé dans les
dialogues et que les rapports sexuels comme amoureux ne sont jamais
problématiques). Il accentue cette tension sexuelle quand Shane
embrasse successivement Anita et Greg, tombant amoureux de ses deux
hôtes. Là, en revanche, cela pose un problème d'infidélité ce
qui crée une dispute entre Anita et Greg. Pourtant, notre jeune
héros rêve de romantisme et surtout de la belle nouvelle star Julie
Black (Neve Campbell), elle aussi sortie de province.
Sex,
drugs & disco, voilà quel pourrait le sous-titre de Studio
54. Shane en jeune arriviste et en gigolo potentiel est prêt à
tout pour devenir la vedette du night-club. Comme il ne comprend pas
vraiment le fonctionnement de son boss, il va jusqu'à proposer ses
faveurs à Steve en échange du fameux jean de responsable du bar.
Parlons un peu de Steve, que Mike Meyers incarne dans un
contre-emploi convaincant. Il semble constamment sous l'emprise de la
drogue, mais cela ne l'empêche pas de trafiquer les comptes et de se
rouler dans les billets. Il est le roi dans son night-club, séparant
les clients suivant leur niveau de revenus. Le carré VIP (dans les
sous-sols) est peuplé des stars qui viennent sniffer la cocaïne en
abondance. Les barmen se font aussi un peu de fric en vendant de la
drogue aux clients, notamment à Dottie (Ellen Albertini Dow),
gentille mamie gâteau le jour et fêtarde invétérée la nuit.
Shane tient le coup grâce à la drogue et Steve va tomber sous le
coup de loi à cause des comptes truqués. Pendant ce temps, Anita se
voit en vedette de disco. Le soir où elle doit chanter sa chanson,
la police intervient et ferme le night-club.
Les
différences entre les deux versions de Studio 54 sont
nombreuses. Dans la version 1998, Shane n'embrasse ni ne couche avec
aucun homme. Sa liaison avec Billie est éphémère alors que celle
avec Julie Black est développée tout au long du film, tout comme
l'amourette avec Anita. Le récit des comptes truqués est également
plus importante dans la version 1998. En 2015, ce sont à la fois
Greg et Shane qui vendent de la drogue aux clients, Shane en donne
notamment à son amant Julian. Et pour finir, l'ouverture de 2015
commence avec la fin du récit (Shane torse nu dans la rue la nuit du
jour de l'an) lançant le film comme un flash-back mais sans la voix
off de Shane qui était le narrateur en 1998. Le finale de 1998 qui
voyait, après la fermeture du night-club, tous les protagonistes
revenir quelques mois plus tard est supprimé. Les scènes inédites
en 2015 sont d'une qualité d'image médiocre puisqu'elles viennent
d'une copie de survie. Studio 54 est désormais plus conforme
à la vision du cinéaste, à la fois plus sensuelle et plus sombre,
décrivant la fin et les vestiges d'une époque insouciante. Quant à
Mark Christopher, sa carrière n'a jamais pu prendre son envol,
entrant dans le club des cinéastes éphémères.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire