mercredi 9 décembre 2015

Studio 54, director's cut (Mark Christopher, 2015)

Il était une fois dans le beau Royaume de Hollywood un jeune troubadour nommé Mark Christopher qui voulait conter l'histoire très bonne et très joyeuse de la boite de nuit Studio 54 du comté de Manhattan. Les frères Weinstein, marquis de Miramax décident de financer le projet du cinéaste. On engage de jeunes et beaux acteurs. Ryan Phillippe qui n'hésite jamais à enlever sa chemise, Salma Hayek pour donner un peu d'exotisme, Neve Campbell pour offrir du glamour, Breckin Meyer pour représenter le boy next door et Mike Myers tout juste sorti de Wayne's world mais pas encore entré dans le costume d'Austin Powers. On tourne le film, on fait une bande annonce, on fait des avant-premières, et là, patatras, les petits marquis Weinstein ne sont pas du tout contents. Ils sont tout colère du résultat, reportent la sortie du film et obligent le jeune cinéaste à retourner un tiers du film. Le film sort en 1998, fait un gros bide, mais en 2015, après bien des soucis, Mark Christopher remonte l'ensemble, projette sa version au Festival de Berlin 2015, et revoici Studio 54 à nouveau visible.

Shane (Ryan Phillippe) s'emmerde profondément dans son New Jersey natal et ne rêve que d'une chose, traverser le fleuve Hudson et aller danser dans le night-club à la mode en cette fin des années 1970, le Studio 54. Avec ses potes un peu ploucs, il se rend là-bas où Steve Rubell (Mike Myers), le patron accepte que Shane rentre, mais pas avec cette chemise. Shane ne comprend pas tout de suite, puisqu'il n'a rien d'autre à se mettre. Steve veut qu'il rentre torse nu, ce que Shane va faire et constate que dans la discothèque il n'est pas le seul à être à moitié à poil. C'est un lieu de débauche dans lequel Shane se sent immédiatement à l'aise mais que son père, une fois rentré dans le New Jersey où il raconte sa folle nuit, lui interdit de fréquenter. « Il n'y a que des pédés et des métèques » dit-il dans le version 2015, phrase censurée en 1998. Peu importe à Shane, il y retournera (sans ses potes ploucs) et parviendra à se faire embaucher comme barman. Tenue obligatoire des simples barmen : un petit short en tergal et des baskets. Tous les employés mâles sont torse nu, seul le responsable du bar à droit de mettre un jean.

Viré de chez son père, Shane trouve alors refuge chez Anita (Salma Hayek) et Greg (Breckin Meyer). Elle bosse au vestiaire du 54, lui est aussi barman en short. La petite taille de se dernier le cantonne à ce rôle. Shane, parce qu'il est sexy et qu'il n'a pas froid aux yeux, devient la mascotte de Steve qui le présente aux clients. Assez vite, il devient l'amant de Billie (Sela Ward). Elle lui apprend à s'habiller, elle le sort dans des soirées mondaines. Il devient également le mec de Julian (Donald Carrier) qui lui fait découvrir l'univers de la drogue. Dans la version 2015, Shane couche donc alternativement avec eux, Mark Christopher voulait en faire un personnage bisexuel (même si le mot n'est jamais prononcé dans les dialogues et que les rapports sexuels comme amoureux ne sont jamais problématiques). Il accentue cette tension sexuelle quand Shane embrasse successivement Anita et Greg, tombant amoureux de ses deux hôtes. Là, en revanche, cela pose un problème d'infidélité ce qui crée une dispute entre Anita et Greg. Pourtant, notre jeune héros rêve de romantisme et surtout de la belle nouvelle star Julie Black (Neve Campbell), elle aussi sortie de province.

Sex, drugs & disco, voilà quel pourrait le sous-titre de Studio 54. Shane en jeune arriviste et en gigolo potentiel est prêt à tout pour devenir la vedette du night-club. Comme il ne comprend pas vraiment le fonctionnement de son boss, il va jusqu'à proposer ses faveurs à Steve en échange du fameux jean de responsable du bar. Parlons un peu de Steve, que Mike Meyers incarne dans un contre-emploi convaincant. Il semble constamment sous l'emprise de la drogue, mais cela ne l'empêche pas de trafiquer les comptes et de se rouler dans les billets. Il est le roi dans son night-club, séparant les clients suivant leur niveau de revenus. Le carré VIP (dans les sous-sols) est peuplé des stars qui viennent sniffer la cocaïne en abondance. Les barmen se font aussi un peu de fric en vendant de la drogue aux clients, notamment à Dottie (Ellen Albertini Dow), gentille mamie gâteau le jour et fêtarde invétérée la nuit. Shane tient le coup grâce à la drogue et Steve va tomber sous le coup de loi à cause des comptes truqués. Pendant ce temps, Anita se voit en vedette de disco. Le soir où elle doit chanter sa chanson, la police intervient et ferme le night-club.

Les différences entre les deux versions de Studio 54 sont nombreuses. Dans la version 1998, Shane n'embrasse ni ne couche avec aucun homme. Sa liaison avec Billie est éphémère alors que celle avec Julie Black est développée tout au long du film, tout comme l'amourette avec Anita. Le récit des comptes truqués est également plus importante dans la version 1998. En 2015, ce sont à la fois Greg et Shane qui vendent de la drogue aux clients, Shane en donne notamment à son amant Julian. Et pour finir, l'ouverture de 2015 commence avec la fin du récit (Shane torse nu dans la rue la nuit du jour de l'an) lançant le film comme un flash-back mais sans la voix off de Shane qui était le narrateur en 1998. Le finale de 1998 qui voyait, après la fermeture du night-club, tous les protagonistes revenir quelques mois plus tard est supprimé. Les scènes inédites en 2015 sont d'une qualité d'image médiocre puisqu'elles viennent d'une copie de survie. Studio 54 est désormais plus conforme à la vision du cinéaste, à la fois plus sensuelle et plus sombre, décrivant la fin et les vestiges d'une époque insouciante. Quant à Mark Christopher, sa carrière n'a jamais pu prendre son envol, entrant dans le club des cinéastes éphémères.















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