Cet
été, je n'avais pas du tout aimé Je suis à vous tout de suite
de Baya Kasmi scénarisé par elle-même et Michel Leclerc. Six mois
plus tard, j'ai bien aimé La Vie très privée de Monsieur Sim
de Michel Leclerc scénarisé par lui-même et Baya Kasmi.
Jean-Pierre Bacri qui incarne ce Sim (rien à voir avec une
biographie de l'acteur, évidemment), François de son prénom est un
fâcheux, un ennuyeux, l'un de ses hommes que l'on n'a jamais envie
d'écouter débiter ses histoires banales quand il vient s'incruster
à côté de vous. Bacri n'est plus un râleur comme chez Jaoui, mais
un homme sans histoire.
Pas
facile de faire un film sur un homme sans histoire mais qui passe
quand même son temps à la raconter. Il a divorcé de sa femme, son
père habite au fin fonds de l'Italie, il n'a plus de boulot et aucun
ami. Le vide intégrale, l'ennui total. C'est un personnage en
constant transit et à la recherche de personnes errant comme lui
dans des lieux sans personnalité : les cantines d'entreprise,
les zones commerciales, les halls d'aéroport. François Sim n'est
jamais chez lui et va passer les trois quarts du film dans sa voiture
électrique, aseptisée au possible, sans bruit et sans personnalité.
Il
rencontre Poppy (Vilama Pons), une jeune femme qu'il pense pouvoir
séduire (la scène où il se rend compte de sa méprise est superbe
et à contre-courante). Elle va lui présenter son oncle Samuel
(Mathieu Amalric) passionné par l'histoire d'un navigateur
solitaire. Cette solitude, Sim la vit dans son nouveau boulot, VRP
pour des brosses à dents bio, où sa seule compagnie est la voix
féminine de son GPS. Il décide de l'appeler Emmanuelle et discute
avec elle. Au moins, dans ces moments où il conduit, Sim peut
raconter tout ce qu'il veut sans qu'elle ne s'ennuie.
L'histoire
de François Sim est banale, mais celle de son père est des plus
romanesques. De retour dans la maison natale, il va lire le « roman »
qu'a écrit son père, véritable confession intime (jouée en
flash-back par Félix Moati et Vincent Lacoste) qui refonde son
propre passé et récrit ses souvenirs (d'autres flash-backs) sous un
jour nouveau. Le calme du film et la précision du jeu de Jean-Pierre
Bacri (qui déclame certaines de ses répliques avec un naturel
déconcertant) permettent de faire passer ces révélations avec
sérénité et tiennent la corde jusqu'au bout.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire