Autant
le dire immédiatement et sans ambages, je ne vais pas faire des détours
inutiles, aucune nécessité de tergiverser, pas besoin d’y aller par quatre
chemins, je vais être direct et ne pas faire attendre plus longtemps, je vous
le dis tout-de-go et je l’écris franchement, Star Wars, le réveil de la force est un très bon film. Je n’en
attendais pas moins de J.J. Abrams dont j’avais adoré les trois films
précédents, Star Trek, Super 8 et Star Trek into darkness. Je vais faire tout mon possible pour ne
pas révéler les éléments clés, c’est-à-dire spoiler le scénario.
La
première question de mise en scène que se pose J.J. Abrams pour lancer son
récit foisonnant (le film fait tout de plus de deux heures) est de faire la
transition entre les films des deux trilogies précédentes et son Star Wars tout en adoptant la mythologie.
Son idée est de démarrer sur une planète qui ressemble beaucoup à Tatooine,
désertique et qui sert de déchetterie. Max Von Sydow et Oscar Issac sont là,
l’un porte une tunique qui ressemble à celle d’Alec Guinness dans Un nouvel espoir, l’autre est en
uniforme classique de la résistance (le même que portait Luke Skywalker).
Le
film démarre donc sous les mêmes auspices qu’en 1977, un groupe restreint de
résistants combat pour la République et contre le nouvel Empire tyrannique,
appelé Premier Ordre. Darth Vader n’est plus là, en revanche, les stormtroopers
sont encore présents, larbins à la solde du nouveau super vilain du film, au
masque de squelette. Dès les cinq premières minutes du film, la bataille est
lancée, les lasers s’activent, dans un déluge de couleurs, le péché mignon de
J.J. Abrams. On est en terrain connu (si l’on a vu les six films de la
franchise) mais le cinéaste dérègle cette zone de confort pour aller ailleurs.
Cet
ailleurs est un stormtrooper qui découvre le sang des autres, trois traces de
doigt ensanglantés sur son casque blanc. Pour la première fois, un stormtrooper
enlève son casque et révèle son visage, puis son nom F-N 2187, immédiatement
rebaptisé Finn. En portant enfin un nom, il peut accéder à l’humanité. Enlever
son masque pour exister, c’est également le cas de Rey, une jeune femme de
cette planète que l’on découvre. Finn et Rey seront les personnages principaux
du film, secondés par un droïde tout rond qui va les suivre dans leurs
aventures.
Pour
dire la vérité, le véritable personnage de Star
Wars, le réveil de la force n’est ni humain, ni droïde, ni un être d’une
autre planète. Le récit est entièrement centré sur le sabre laser bleu de Luke
Skywalker, véritable McGuffin du film. Tous les personnages ne parlent que de
cet objet iconique de la franchise, ils partent à sa recherche, et, dans un
même élan, de son propriétaire. Rey est persuadée qu’il s’agit d’une légende,
d’un mythe, d’une histoire pour enfants. J.J. Abrams en fait son Graal,
transformant l’idée (le scénario) en action (la mise en scène).
Star Wars, le réveil de la force s’intègre totalement dans l’univers cinématographique
de J.J. Abrams. Il s’accapare la franchise comme il l’avait pour ses deux Star Trek. On retrouve toujours cet
esprit du bricolage inspiré de la série B, avec le personnage de Rey qui sait
tout faire dans les machines comme le personnage de Simon Pegg était un
bricoleur chevronné. Les effets spéciaux voyants et grandiloquents qui
rendaient ridicules la plupart des scènes de la deuxième trilogie (celle
tournée exclusivement par George Lucas) cèdent à la place à des effets
nécessaires au récit.
Les
hommages à la trilogie initiale sont nombreux et parfaitement inscrits dans la
nouvelle histoire. On retrouve tout ce qui a pu faire le charme d’Un nouvel espoir et du Retour du Jedi, dont il est la suite
directe trente ans plus tard. Batailles en vaisseau (beaux plans séquences),
habitants bigarrés de toutes les planètes des différentes galaxies et une
nouvelle étoile noire (plus grand plus grosse comme on le voit quand on compare
avec celle de Darth Vader dans une scène du film). On retrouve aussi les
décombres des vaisseaux en forme de chameau, pour rappeler que le film se
construit sur les cadavres des précédentes trilogies.
Il
y a quelques chose de particulièrement émouvant à retrouver tous les
personnages de la trilogie initiale et de les entendre discuter entre eux
trente ans plus tard. Han Solo et Chewbacca font toujours un fameux duo (ils
apparaissent assez vite et restent jusqu’à la fin du film), Leïa a changé de
coiffure comme lui fait remarquer Han Solo. Le film fonctionne aussi par son
humour, mélange de références méta à l’adresse du spectateur et d’ironie entre
les personnages qui se connaissent depuis maintenant si longtemps et qui
peuplent l’imaginaire culturel depuis 1977.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire