Dans
Casanova '70,
Mario Monicelli imagine ce qui arriverait si la figure du célèbre
séducteur de femmes en venait à ne plus pouvoir jouir, à être
impuissant. Et c'est bien entendu le séducteur numéro du cinéma
italien de l'époque que le cinéaste convoque pour incarner son
Casanova. Marcello Mastroianni sera donc cet Andrea de l'Italie de
1965, métaphore du séducteur (le film ne sera pas une adaptation de
la vie de Casanova contrairement aux versions géniales de Luigi
Comencini en 1969 ou de Federico Fellini en 1976), il ne sera pas non
plus ces versions modernisées des grands romans (Les
Liaisons dangereuses de Roger
Vadim en 1960). Le film en forme de sketches n'est pas la plus grande
réussite de Monicelli, mais certaines parties veulent le coup d’œil.
Marcello
Mastroinanni est un homme dépassé par sa libido. Andrea est un
officier de l'OTAN qui va de caserne en caserne, de ville en ville et
de pays en pays pour contrôler la bonne marche des armées. Et le
proverbe, une femme dans chaque port, s'applique à la vie d'Andrea.
Mais il est épuisé par son travail, ce qui se ressent dans son lit.
Conséquence de aventures nombreuses, il lui faut mettre en scène
ses ébats pour pouvoir en profiter (il feint de cambrioler
l'appartement de sa belle). Ce qui l'excite et lui provoque une
érection, c'est se mettre en danger. C'est ce qu'il raconte à son
psy, un médecin pop à la sauce hippie version hindouisme, petite
moquerie sur la mode dans l'air du temps. Un médecin (Bernard Blier)
lui avait d'abord dit qu'il est impuissant, ce que Andrea, tout comme
ses maîtresses ne pouvaient croire.
Le
film est ainsi la narration de ces histoires où Andrea ne veut
séduire que les femmes où les risques que le mari les surprenne
soient importants, qu'ils soient vus en public, que la femme soit
dangereuse. Ainsi Andrea fait l'amour avec une Sicilienne (sa famille
est rigoureuse), avec une femme qui porte la poisse, une femme issue
d'une famille de bigots ou encore une épouse mariée à un homme
très jaloux. La durée de sketches varie et les qualités d'humour
ne sont pas égales. Chaque fois, Monicelli teste un ton et un
registre différent. Mastroianni avec son petit air d'enfant sage est
épatant, ses diverses partenaires ne sont pas toutes à sa hauteur.
Le film est truffé de miroirs et de reflets pour bien montrer le
niveau de narcissisme d'Andrea. Tout ce beau monde se retrouve à la
fin pour faire le procès symbolique de ce macho des temps modernes.
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