dimanche 20 décembre 2015

Eh mec ! elle est où ma caisse ? (Danny Leiner, 2000)

Bien avant Very bad trip (alias The Hangover, soit la gueule de bois) et avant Babysitting, Eh mec ! elle est où ma caisse ? déployait joyeusement l'idée « mais qu'est-ce qui a bien pu se passer ? ». Soit deux amis, Jesse (Ashton Kutcher) et Chester (Seann William Scott), colocataires, qui se réveillent un matin chez eux en n'ayant aucun souvenir de ce qui s'est passé la veille. Alors qu'ils glandent sur le canapé, leur patron débarque furibard parce qu'ils n'ont pas livré les pizzas aux clients. Ils décident de partir chez leurs petites-amies (Jennifer Garner et Marla Sokoloff), deux jumelles dissemblables pour leur demander ce qu'il s'est passé.

Les deux sœurs les engueulent quand ils arrivent chez elles et qu'ils découvrent le carnage qui s'est déroulé. La maison est dévastée, les canettes s'accumulent sur le sol et les deux gars, paresseux, irresponsables et fatigués de leur gueule de bois vont tenter de nettoyer la maison, car les filles ont promis des « special treats », c'est-à-dire des gâteries à leurs mecs. Obsédés sexuels, mais terriblement vantards, ils font exploser les sacs de détritus rendant la maison encore plus sale. Pire que tout, ils ne savent plus où se trouvent les cadeaux d'anniversaire des copines car ils ne retrouvent plus leur voiture (voilà d'où vient le titre du film).

Maquillé comme un teen movie qui était un genre à la mode en 2000, Eh mec ! elle est où ma caisse ? fait exploser à peu près tous les clichés du genre. Ni nerd, ni geek, encore moins premiers de la classe, Jesse et Chester vont passer la journée dans laquelle se déroule l'action à récolter les indices de leur soirée. Ils vont rencontrer, comme dans un film à sketches en forme de road movie minimaliste, ceux qu'ils ont croisés. L'humour repose tout autant sur l'incongruité des gens rencontrés que sur leur absence d'étonnement des deux crétins. Chaque bizarrerie du scénario est accueillie comme une chose normale, sans se poser de questions morales.

En vrac et sans exhaustivité, Jesse et Chester se rendent compte qu'ils ont sur le dos les tatouages Sweet et Dude, ce qui offre un quiproquo de langage (en VO). Ils ont commandé des beaux survets de rappeurs qu'ils portent sans peur du ridicule. La fraternité des sportifs de la fac les pourchasse. Ils ont passé la nuit dans une boite de strip-tease et ont couché avec un drag-queen. Ils roulent dans une voiture de sport et croisent le mannequin Fabio puis, par défi, se roulent une pelle. Ils osent tout et c'est à ça qu'on les reconnaît. Les gags, remarquablement bien écrits et subtilement joués, jouent sur tout une variété d'humour (langage, situation, burlesque, visuel).

Le film se lance, au tournant d'une rencontre, dans la science fiction délirante. Jesse et Chester croisent successivement deux hommes tout en cuir (genre David Hasselhoff) puis une bande de femmes à forte poitrine (genre Vixen) et enfin un groupe d’hurluberlus menés par Zlotan. Tous recherchent le même objet extra-terreste qu'ils annoncent chaque fois avec la même phrase, ils réclament « le disrupteur dimensionnel, un objet énigmatique très puissant, et l'énigme qui l'entoure n'a d'égal que son immense puissance. » Le récit s'accélère et le délire devient frénétique, on a rarement fait mieux dans le genre. Le meilleur film de Seann William Scott et Ashton Kutcher.














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