Bien
avant Very bad trip
(alias The Hangover,
soit la gueule de bois) et avant Babysitting,
Eh mec ! elle est où ma
caisse ? déployait
joyeusement l'idée « mais qu'est-ce qui a bien pu se
passer ? ». Soit deux amis, Jesse (Ashton Kutcher) et
Chester (Seann William Scott), colocataires, qui se réveillent un
matin chez eux en n'ayant aucun souvenir de ce qui s'est passé la
veille. Alors qu'ils glandent sur le canapé, leur patron débarque
furibard parce qu'ils n'ont pas livré les pizzas aux clients. Ils
décident de partir chez leurs petites-amies (Jennifer Garner et
Marla Sokoloff), deux jumelles dissemblables pour leur demander ce
qu'il s'est passé.
Les
deux sœurs les engueulent quand ils arrivent chez elles et qu'ils
découvrent le carnage qui s'est déroulé. La maison est dévastée,
les canettes s'accumulent sur le sol et les deux gars, paresseux,
irresponsables et fatigués de leur gueule de bois vont tenter de
nettoyer la maison, car les filles ont promis des « special
treats », c'est-à-dire des gâteries à leurs mecs. Obsédés
sexuels, mais terriblement vantards, ils font exploser les sacs de
détritus rendant la maison encore plus sale. Pire que tout, ils ne
savent plus où se trouvent les cadeaux d'anniversaire des copines
car ils ne retrouvent plus leur voiture (voilà d'où vient le titre
du film).
Maquillé
comme un teen movie qui
était un genre à la mode en 2000, Eh
mec ! elle est où ma caisse ?
fait exploser à peu près tous les clichés du genre. Ni nerd, ni
geek, encore moins premiers de la classe, Jesse et Chester vont
passer la journée dans laquelle se déroule l'action à récolter
les indices de leur soirée. Ils vont rencontrer, comme dans un film
à sketches en forme de road movie minimaliste, ceux qu'ils ont
croisés. L'humour repose tout autant sur l'incongruité des gens
rencontrés que sur leur absence d'étonnement des deux crétins.
Chaque bizarrerie du scénario est accueillie comme une chose
normale, sans se poser de questions morales.
En
vrac et sans exhaustivité, Jesse et Chester se rendent compte qu'ils
ont sur le dos les tatouages Sweet et Dude, ce qui offre un quiproquo
de langage (en VO). Ils ont commandé des beaux survets de rappeurs
qu'ils portent sans peur du ridicule. La fraternité des sportifs de
la fac les pourchasse. Ils ont passé la nuit dans une boite de
strip-tease et ont couché avec un drag-queen. Ils roulent dans une
voiture de sport et croisent le mannequin Fabio puis, par défi, se
roulent une pelle. Ils osent tout et c'est à ça qu'on les
reconnaît. Les gags, remarquablement bien écrits et subtilement
joués, jouent sur tout une variété d'humour (langage, situation,
burlesque, visuel).
Le
film se lance, au tournant d'une rencontre, dans la science fiction
délirante. Jesse et Chester croisent successivement deux hommes tout
en cuir (genre David Hasselhoff) puis une bande de femmes à forte
poitrine (genre Vixen) et enfin un groupe d’hurluberlus
menés par Zlotan. Tous recherchent le même objet extra-terreste
qu'ils annoncent chaque fois avec la même phrase, ils réclament
« le disrupteur dimensionnel, un objet énigmatique très
puissant, et l'énigme qui l'entoure n'a d'égal que son immense
puissance. » Le récit s'accélère et le délire devient
frénétique, on a rarement fait mieux dans le genre. Le meilleur
film de Seann William Scott et Ashton Kutcher.
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