mardi 8 décembre 2015

Marguerite & Julien (Valérie Donzelli, 2015)

Depuis 15 ans, Jérémie Elkaïm tourne dans des films, depuis Presque rien de Sébastien Lifshitz en 2000. Il avait 21 ans et un corps tout fragile face à celui costaud et musclé de Stéphane Rideau. Aujourd'hui, il joue un personnage de 21 ans dans Marguerite & Julien. Partenaire de Valérie Donzelli depuis ses débuts (La Reine des pommes en 2010), il reste donc éternellement jeune quelle que soit sa partenaire. Mais, ça marche aussi dans ses autres films (je pense à Les Bêtises de Rose et Alice Philippon, mais de manière moins marquée). Sa partenaire est Anaïs Demoustier, elle est Marguerite et lui Julien, ils sont frère et sœur dans la France du début du 17ème siècle.

Pas plus que jouer un jeune homme de 21 ans, ouvrir le film avec un hélicoptère au bord de mer n'est étonnant, hommage évident à Peau d'âne. Les anachronismes sont nombreux et volontaires, une voiture, des photographies, quelques costumes. Plus qu'une recherche à la Sofia Coppola dans Marie-Antoinette, Valérie Donzelli offre la narration à un personnage extérieur qui raconte, à des fillettes, cette histoire comme un conte, multipliant les effets visuels, tels ces personnages figés comme des tableaux qui s'animent, ces décors miniatures ou ces fermetures à l'iris.

Marguerite & Julien prend aussi à Jacques Demy l'un de ses sujets les plus connus, l'inceste. Marguerite aime Julien depuis toujours. Le film s'ouvre sur leur enfance de châtelains, aimés par leur père (Frédéric Pierrot) et leur mère (Aurélia Petit). Sur le conseil de leur oncle, un abbé à l'aspect sévère (Sami Frey), Julien et son grand frère sont envoyés faire des études loin du château. « Mais de grâce, oubliez cet hymen insensé », auraient pu chanter la famille en chœur. Le mariage de Marguerite avec un vieux garçon qui vit avec sa mère revêche (Géraldine Chaplin) n'y fera rien.

Tout cela fait un film souvent très bancal et pas toujours maîtrisé tant le fourre-tout est copieux, mais tout autant que La Guerre est déclarée. Le film et sa cinéaste méritent pourtant qu'on s'y attarde parce que ce n'est pas si commun qu'un film s'aventure autant dans l'invraisemblable avec un tel romanesque et un tel aplomb. Le film a aussi la bonne idée de mettre en scène des acteurs rares, comme Emmanuel Salinger et Catherine Mouchet dans le rôle de la nourrice de Marguerite, la seule qui la comprenne et qui l'aide, sa bonne fée bleue.

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