Depuis
15 ans, Jérémie Elkaïm tourne dans des films, depuis Presque
rien de Sébastien Lifshitz en 2000. Il avait 21 ans et un corps
tout fragile face à celui costaud et musclé de Stéphane Rideau.
Aujourd'hui, il joue un personnage de 21 ans dans Marguerite &
Julien. Partenaire de Valérie Donzelli depuis ses débuts (La
Reine des pommes en 2010), il reste donc éternellement jeune
quelle que soit sa partenaire. Mais, ça marche aussi dans ses autres
films (je pense à Les Bêtises de Rose et Alice Philippon,
mais de manière moins marquée). Sa partenaire est Anaïs
Demoustier, elle est Marguerite et lui Julien, ils sont frère et
sœur dans la France du début du 17ème siècle.
Pas
plus que jouer un jeune homme de 21 ans, ouvrir le film avec un
hélicoptère au bord de mer n'est étonnant, hommage évident à
Peau d'âne. Les
anachronismes sont nombreux et volontaires, une voiture, des
photographies, quelques costumes. Plus qu'une recherche à la Sofia
Coppola dans Marie-Antoinette,
Valérie Donzelli offre la narration à un personnage extérieur qui
raconte, à des fillettes, cette histoire comme un conte, multipliant
les effets visuels, tels ces personnages figés comme des tableaux
qui s'animent, ces décors miniatures ou ces fermetures à l'iris.
Marguerite
& Julien prend aussi à
Jacques Demy l'un de ses sujets les plus connus, l'inceste.
Marguerite aime Julien depuis toujours. Le film s'ouvre sur leur
enfance de châtelains, aimés par leur père (Frédéric Pierrot) et
leur mère (Aurélia Petit). Sur le conseil de leur oncle, un abbé à
l'aspect sévère (Sami Frey), Julien et son grand frère sont
envoyés faire des études loin du château. « Mais de grâce,
oubliez cet hymen insensé », auraient pu chanter la famille en
chœur. Le mariage de Marguerite avec un vieux garçon qui vit avec
sa mère revêche (Géraldine Chaplin) n'y fera rien.
Tout
cela fait un film souvent très bancal et pas toujours maîtrisé
tant le fourre-tout est copieux, mais tout autant que La Guerre
est déclarée. Le film et sa cinéaste méritent pourtant qu'on
s'y attarde parce que ce n'est pas si commun qu'un film s'aventure
autant dans l'invraisemblable avec un tel romanesque et un tel
aplomb. Le film a aussi la bonne idée de mettre en scène des
acteurs rares, comme Emmanuel Salinger et Catherine Mouchet dans le
rôle de la nourrice de Marguerite, la seule qui la comprenne et qui
l'aide, sa bonne fée bleue.
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