Harold
Lloyd joue dans Vive le sport un jeune étudiant qui s'apprête
à rentrer pour la première fois à l'Université. En 1925, il avait
déjà 31 ans, mais on est prié de le croire, comme on croyait qu'il
était écrivain romantique dans Girl shy et jeune époux dans
Une riche famille. Comme ses deux précédents films, Vive
le sport est de la veine naïve de l'acteur, un jeune homme qui
se fait marcher sur les pieds et qui subit les moqueries de tous sans
qu'il s'en rende compte. Et bien entendu, c'est un puceau qui va
rencontrer l'amour avec, encore une fois, Jobyna Ralston dans le rôle
de Peggy, la belle jeune femme énamourée mais pauvre.
Le
film développe la confrontation entre le rêve que se fait Harold de
l'université et la réalité quand il devient étudiant. Dans sa
chambre, à la maison familiale, les murs sont ornés de fanions de
fac, un poster de film lui sert d'inspiration. Il a pris pour modèle
l'acteur, qui joue un jeune étudiant joueur de football, notamment
dans sa manière de dire bonjour aux gens qu'il rencontre pour la
première fois. Il effectue une petite pirouette, remue les jambes et
tend la main avec un grand sourire. Un geste ridicule qu'il pratique
avec fierté. Dans son fantasme, il se voit l'étudiant le plus
populaire de la Tate University dont il arbore déjà l'écusson sur
son pull et le calot rayé sur la tête.
La
réalité est plus difficile. On rencontre l'étudiant le plus
populaire, Chet Trask (James Anderson) qui attire tous les regards
mais ne daigne pas jeter un œil à Harold. Les bizuths doivent se
prosterner devant les anciens. Le Doyen, strict et sévère, le prend
immédiatement en grippe, d'autant que certains anciens jouent un
mauvais tour à Harold en lui indiquant qu'il peut utiliser la
voiture du doyen, puis qu'il doit faire le discours d'accueil.
C'était le Doyen qui devait tenir ce discours. Mais devant le bagou
d'Harold, les moqueries se transforment en encouragement puis en
ferveur. Il pourrait donc accomplir son rêve.
L'unique
élément comique de Vive le sport repose sur l'escalade des
humiliations subies par Harold. Chet suggère au coach de le prendre
dans l'équipe de football, mais il servira de punching ball pour que
les autres s'entraînent aux tacles. Il organise une grande fête
pour célébrer son entrée dans l'équipe de football mais les gens
abusent de sa gentillesse et se jouent de lui : il n'a été
pris que pour être le porteur d'eau, ce qu'il ignore. Lors du grand
match du finale du film, il attend patiemment sur le banc que le
coach daigne le faire entrer sur le terrain. Gros suspense, va-t-il
parvenir à faire gagner la Tate University qui est à la ramasse.
Reste
Peggy qu'Harold rencontre dans le train dans une jolie scène de mots
croisés où ils doivent trouver un mot « chérie, amour,
darling ? », la voisine de wagon croit qu'ils sont
amoureux. Dès leur premier contact, le spectateur sait qu'ils sont
fait l'un pour l'autre et ils ne cesseront de se croiser. Peggy
comprend assez vite les moqueries dont est l'objet Harold, mais elle
ne sait comment lui dire. Il s'acharne à vouloir être populaire, à
vouloir faire partie de l'équipe de football au grand dam de Peggy.
Elle lui fera comprendre qu'il doit être lui-même plutôt qu'un
étudiant comme les autres, une manière de convenir que, oui
définitivement, Harold Lloyd n'est plus assez frais pour jouer les
jeunes étudiants.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire