11
février 1967, Tokyo. Quatre lycéens viennent de province passer des
examens pour entrer à l’université. Nakamura, Ueda, Maruyama et
Hiroi ont remarqué une lycéenne. Elle est assise à la place N°469.
Ils cherchent à savoir son nom. Il neige à gros flocons. Le quatuor
remarque que 469, ainsi qu’ils l’appelleront pendant tout A
propos des chansons paillardes au Japon,
va signer une pétition contre la guerre au Viet Nam. Ils vont signer
également dans l’espoir de la connaitre. Elle n’aura inscrit que
3 XXX.
Les
quatre amis vont redoubler d’efforts pour rencontrer la lycéenne.
Sur le quai de la gare, ils font connaissance avec trois filles. Leur
professeur, Monsieur Otake, est là pour surveiller et leur propose
d’aller boire des verres avec eux au bar « Lawrence ».
S’agit-il de Lawrence d’Arabie ou de l’auteur de Lady
Chatterley ? Les discussions entre les lycéens vont bon train,
occupant une bonne partie du film avec, dans leur bouche, une seule
obsession : les filles. On est loin des préoccupations
politiques des pétitionnaires.
Ils
s’attendaient que le professeur leur donne des leçons de vie. A la
place, il leur chante une chanson paillarde sur un homme qui va
détrousser les jeunes femmes d’une famille, en commençant par
l’aînée et en terminant par la bonne. Tous sont étonnés de la
gaillardise de cet homme lettré. Tout le monde s’enivre dans le
bar. Chacun répète la chanson. Le professeur lit des poèmes. Otake
est fin soûl. Les lycéens et les lycéennes le ramènent chez lui
et prennent des chambres dans une auberge. Là, le jeu de séduction
continue entre les jeunes.
Le
film aurait pu s’appeler comme le dernier Resnais « Aimer,
boire et chanter ». Boire permet à tous de se désinhiber. Les
lycéennes restent pourtant dans leur chambre. Elles n’ouvrent pas
la porte aux quatre garçons. Aucun stratagème ne fonctionne.
Nakamura semble le leader du groupe et envisage de s’introduire
dans leur chambre. Il est hanté par le désir qu’il a pour les
jeunes femmes. Et il sera encore plus avec la mort accidentelle du
professeur Otake qui s’asphyxie avec le gaz du chauffage de sa
chambre.
La
mort du professeur ne le traumatise pas, contrairement aux jeunes
filles qui pleurent tout leur sou. Il y voit au contraire l’occasion
de séduire la compagne d’Otake. La puissance de thanatos augmente
son éros. Les quatre garçons fantasment également sur 469. Nagisa
Oshima met en scène une longue séquence où les quatre garçons
imaginent coucher, successivement, avec elle dans la salle d’examen.
Les voix off des garçons se superposent à l’image, la description
est double et purement fantasmatique.
Les
lycéens font la douloureuse découverte de la différence entre le
fantasme et la réalité. Nakamura va vite culpabiliser d’avoir de
telles pensées et va chercher 469 pour se confesser. Elle s’appelle
Mayuko et chante, dans un festival pop, des chansons pacifistes. Son
visage souriant apporte une pureté. Celui de Nakamura est par
contraste dur, presque désespéré. Ce dernier lui répète à
l’envi sa chanson paillarde dans une opposition qui montre un
visage pessimiste de la jeunesse du Japon de 1967.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire