Il
est très facile d'imaginer que Tim Burton a tourné Mars
attacks ! en se mettant à
la place d'Ed Wood, comme si ce dernier avait enfin pu tourner son
film de martiens dans un grand studio hollywoodien, avec ces
soucoupes volantes bien rondes et ces extra-terrestres tout droits
sortis d'une série Z bon marché. Une sorte de revanche par
procuration. Bien entendu, la réalité est plus prosaïque. Après
l'échec commercial d'Ed Wood
(la seule valeur d'un film
selon les producteurs), Tim Burton n'a pas d'autres choix que de
réaliser une comédie tout public, très colorée et avec une
ribambelle de stars.
Et
des stars, il y en a. Ceux qui rempilent, Jack Nicholson dans un
double rôle, celui du Président des Etats-Unis d'Amérique et celui
d'un escroc minable de Las Vegas qui tente de monter un casino, Danny
DeVito dans une courte apparition où tout excité il joue aux
machines à sous, Sarah Jessica Parker en présentatrice télé d'une
émission très populaire toujours armée de son chihuahua, Sylvia
Sidney en grand-mère qui n'aime rien d'autre qu'écouter de la
country, Lisa Marie en extra-terrestre ondulant dans la Maison
Blanche, O-Lan Jones qui incarne la mère de famille des rednecks du
Kansas.
Et
des nouveaux venus. Glenn Close joue la First Lady persuadée que la
Maison Blanche est sa propre maison (elle veut changer la tapisserie
posée par Eleanor Roosevelt) sous les yeux agacés de sa fille Taffy
que joue Nathalie Portman, Annette Bening est la copine hippie et
alcoolique de l'autre Jack Nicholson, Michael J. Fox est un
journaliste d'une chaîne genre CNN et le copain de Sarah Jessica
Parker, jaloux qu'elle interviewe Pierce Brosnan, spécialiste ès
extra-terrestres, Martin Short le conseiller média du Président et
accessoirement amateur de petites pépées, Rod Steiger est lui le
général va-t-en guerre.
Au
milieu de ce corpus de vedettes, Pam Grier en chauffeuse de bus
divorcée d'un ancien boxeur (Jim Brown) déguisé en pharaon à Las
Vegas, doit s'occuper de ses deux enfants, Tom Jones vient chanter
It's so unusual (que l'on entendait déjà dans Edward
aux mains d'argent). Et je
n'oublie pas les personnages mineurs que jouent Christina Applegate
et Jack Black, deux amants du Kansas, elle en tenue légère et lui
en amateur d'armes. Et enfin, Lukas Haas, le petit-fils de Sylvia
Sidney, enclave intelligente au milieu de sa famille de bouseux qui
bosse dans une boutique de donuts.
Mars
attacks ! se joue sous
une forme de film choral. A Washington où le Président et son
entourage décident de l'accueil à avoir face aux aliens. Le général
veut leur envoyer des bombes nucléaires, le scientifique est
convaincu qu'ils sont pacifiques compte tenu de leur avancée
technologique et l'attaché de presse veut faire une conférence de
presse. Le Président Nicholson va donc s'exprimer devant la Nation
entière pour annoncer la venue des Martiens. Tous les Américains
ont les yeux rivés devant leur télé. L'inventeur d'une machine à
traduire le langage alien (Jerzy Skolimowski) envoie ainsi un message
pour convenir du lieu de rendez-vous.
Ce
sera le désert du Nevada, près de Las Vegas, deuxième décor du
film. Tim Burton a choisi l'archétype des années 1950 pour
représenter les Martiens. Des soucoupes volantes à l'ancienne que
l'on découvrait par centaines dans le générique d'ouverture et des
têtes squelettiques au gros cerveau comme dans Les
Survivants de l'infini. C'est
leur voix qui les fera entrer à la postérité du cinéma, une sorte
de petit cri, de cliquètement qu'ils profèrent en remuant de
manière saccadée leur grosse tête enfouie dans un casque en verre.
Les Martiens sont à la fois effrayants et rigolos.
Le
bon gros toutou du couple présidentiel et le chihuahua de la
présentatrice télé ne peuvent pas se tromper, ils aboient à la
vue des Martiens, comme un signal d'alarme. Et ce qui devait arriver,
arriva, avec leur pistolets lasers, ils flinguent tous les militaires
et quelques civils (adieu Jack Black et Michael J. Fox). Tout ça à
cause d'un colombe blanche lâché par un hippie. Symbole de paix
ici, de guerre sur Mars. Le joyeux jeu de massacre peut commencer et
la destruction de notre belle planète Terre s'enclencher. Ils sont
jolis ces lasers qui brûlent la chair des victimes et colorent en
rouge ou vert les squelettes.
Les
spectateurs avaient compris dès le tout début du film que les
intentions des Martiens n'étaient pas bonnes. Toutes ces vaches
cramées en attestent. Mais l'équipe de choc réitère l'invitation
à l'ambassadeur martien qui décime tout le Congrès. Direction la
salle de conférence blindée qui ressemble à celle de Dr.
Folamour. Pendant ce temps,
les Martiens font des expériences sur les corps de Pierce Brosnan et
Sarah Jessica Parker qu'ils ont embarqués dans leur vaisseau,
détruisent le Taj Mahal en se prenant en photo et tue ce pauvre
Maurice, le Président français que joue le temps d'une réplique
Barbet Schroeder.
Warner
espérait que Tim Burton ferait un gentil film, mais tous ses
personnages sont lâches, égoïstes et stupides. On est très loin
de l'héroïsme béat et patriotique d'Independence
Day. Les spectateurs ont
préféré allé voir le film de Roland Emmerich, Mars
attacks ! a été un
échec commercial. Tim Burton sauve cependant quelques personnages,
notamment les deux enfants de Pam Grier, spécialistes des jeux
vidéos qui utiliseront leur talent pour flinguer les aliens et Lukas
Haas qui comprendra que les chansons country de Slim Whitman
qu'écoute sa grand-mère font exploser les cerveaux des Martiens. La
sous-culture sauvera toujours le monde.
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