mardi 23 août 2016

Mars attacks! (Tim Burton, 1996)

Il est très facile d'imaginer que Tim Burton a tourné Mars attacks ! en se mettant à la place d'Ed Wood, comme si ce dernier avait enfin pu tourner son film de martiens dans un grand studio hollywoodien, avec ces soucoupes volantes bien rondes et ces extra-terrestres tout droits sortis d'une série Z bon marché. Une sorte de revanche par procuration. Bien entendu, la réalité est plus prosaïque. Après l'échec commercial d'Ed Wood (la seule valeur d'un film selon les producteurs), Tim Burton n'a pas d'autres choix que de réaliser une comédie tout public, très colorée et avec une ribambelle de stars.

Et des stars, il y en a. Ceux qui rempilent, Jack Nicholson dans un double rôle, celui du Président des Etats-Unis d'Amérique et celui d'un escroc minable de Las Vegas qui tente de monter un casino, Danny DeVito dans une courte apparition où tout excité il joue aux machines à sous, Sarah Jessica Parker en présentatrice télé d'une émission très populaire toujours armée de son chihuahua, Sylvia Sidney en grand-mère qui n'aime rien d'autre qu'écouter de la country, Lisa Marie en extra-terrestre ondulant dans la Maison Blanche, O-Lan Jones qui incarne la mère de famille des rednecks du Kansas.

Et des nouveaux venus. Glenn Close joue la First Lady persuadée que la Maison Blanche est sa propre maison (elle veut changer la tapisserie posée par Eleanor Roosevelt) sous les yeux agacés de sa fille Taffy que joue Nathalie Portman, Annette Bening est la copine hippie et alcoolique de l'autre Jack Nicholson, Michael J. Fox est un journaliste d'une chaîne genre CNN et le copain de Sarah Jessica Parker, jaloux qu'elle interviewe Pierce Brosnan, spécialiste ès extra-terrestres, Martin Short le conseiller média du Président et accessoirement amateur de petites pépées, Rod Steiger est lui le général va-t-en guerre.

Au milieu de ce corpus de vedettes, Pam Grier en chauffeuse de bus divorcée d'un ancien boxeur (Jim Brown) déguisé en pharaon à Las Vegas, doit s'occuper de ses deux enfants, Tom Jones vient chanter It's so unusual (que l'on entendait déjà dans Edward aux mains d'argent). Et je n'oublie pas les personnages mineurs que jouent Christina Applegate et Jack Black, deux amants du Kansas, elle en tenue légère et lui en amateur d'armes. Et enfin, Lukas Haas, le petit-fils de Sylvia Sidney, enclave intelligente au milieu de sa famille de bouseux qui bosse dans une boutique de donuts.

Mars attacks ! se joue sous une forme de film choral. A Washington où le Président et son entourage décident de l'accueil à avoir face aux aliens. Le général veut leur envoyer des bombes nucléaires, le scientifique est convaincu qu'ils sont pacifiques compte tenu de leur avancée technologique et l'attaché de presse veut faire une conférence de presse. Le Président Nicholson va donc s'exprimer devant la Nation entière pour annoncer la venue des Martiens. Tous les Américains ont les yeux rivés devant leur télé. L'inventeur d'une machine à traduire le langage alien (Jerzy Skolimowski) envoie ainsi un message pour convenir du lieu de rendez-vous.

Ce sera le désert du Nevada, près de Las Vegas, deuxième décor du film. Tim Burton a choisi l'archétype des années 1950 pour représenter les Martiens. Des soucoupes volantes à l'ancienne que l'on découvrait par centaines dans le générique d'ouverture et des têtes squelettiques au gros cerveau comme dans Les Survivants de l'infini. C'est leur voix qui les fera entrer à la postérité du cinéma, une sorte de petit cri, de cliquètement qu'ils profèrent en remuant de manière saccadée leur grosse tête enfouie dans un casque en verre. Les Martiens sont à la fois effrayants et rigolos.

Le bon gros toutou du couple présidentiel et le chihuahua de la présentatrice télé ne peuvent pas se tromper, ils aboient à la vue des Martiens, comme un signal d'alarme. Et ce qui devait arriver, arriva, avec leur pistolets lasers, ils flinguent tous les militaires et quelques civils (adieu Jack Black et Michael J. Fox). Tout ça à cause d'un colombe blanche lâché par un hippie. Symbole de paix ici, de guerre sur Mars. Le joyeux jeu de massacre peut commencer et la destruction de notre belle planète Terre s'enclencher. Ils sont jolis ces lasers qui brûlent la chair des victimes et colorent en rouge ou vert les squelettes.

Les spectateurs avaient compris dès le tout début du film que les intentions des Martiens n'étaient pas bonnes. Toutes ces vaches cramées en attestent. Mais l'équipe de choc réitère l'invitation à l'ambassadeur martien qui décime tout le Congrès. Direction la salle de conférence blindée qui ressemble à celle de Dr. Folamour. Pendant ce temps, les Martiens font des expériences sur les corps de Pierce Brosnan et Sarah Jessica Parker qu'ils ont embarqués dans leur vaisseau, détruisent le Taj Mahal en se prenant en photo et tue ce pauvre Maurice, le Président français que joue le temps d'une réplique Barbet Schroeder.

Warner espérait que Tim Burton ferait un gentil film, mais tous ses personnages sont lâches, égoïstes et stupides. On est très loin de l'héroïsme béat et patriotique d'Independence Day. Les spectateurs ont préféré allé voir le film de Roland Emmerich, Mars attacks ! a été un échec commercial. Tim Burton sauve cependant quelques personnages, notamment les deux enfants de Pam Grier, spécialistes des jeux vidéos qui utiliseront leur talent pour flinguer les aliens et Lukas Haas qui comprendra que les chansons country de Slim Whitman qu'écoute sa grand-mère font exploser les cerveaux des Martiens. La sous-culture sauvera toujours le monde.


































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