jeudi 4 août 2016

Green green grass of home (Hou Hsiao-hsien, 1982)

Comme dans Cute girl, Kenny Bee est le personnage principal de Green green grass of home, troisième film de Hou Hsiao-hsien, également inédit en France (sorti ce 3 août). Il incarne Lu Ta-nien un instituteur qui débarque de Taipei dans le petit village de montagne de Neiwan, à un peu moins de 100 km au sud ouest de la capitale. Arrivée en train, un tortillard qui met des heures, accueil par sa sœur qu'il doit remplacer à l'école du village et logement dans un petit appartement au dessus du théâtre municipal. Le film ne quittera par ce village verdoyant pendant la belle saison du printemps.

Ta-nien sera guidé dans sa nouvelle vie par M. Li, un bon gros sympathique qui restera un personnage secondaire et par Mademoiselle Chen Su-yun (Chen Mei-feng), tous deux instituteurs à l'école. Su-yun habite en face du théâtre. Entre elle et Ta-nien, une gentille romance va s'établir sur un mode en trois actes. Séduction autour d'une chanson (Encore une gorgée de cola / Je vais te serrer fort la main), puis déception quand l'exubérante ancienne petite amie de Ta-nien débarque au volant de sa BMW et reconquête sous les regards bienveillants des parents. Une romance bien conforme aux canons du genre.

Ce qui intéresse Hou Hsiao-hsien, bien plus que les roucoulements des deux amoureux, c'est la banalité de la vie des habitants du village. Le récit de Green green grass of home suit les travaux des champs au fil de la saison, les moissons, le jardinage, les difficultés de gagner sa vie pour certains parents trop pauvres. Mais aussi au travers de l'histoire de M. Chou, les problèmes d'éduquer les enfants quand on est père célibataire. D'autant que la maman aborigène des enfants de M. Chou a quitté le foyer.

Hou Hsiao-hsien se focalise sur deux enfants de la classe de Ta-nien. Tout d'abord, Hsin-wang le fils de M. Chou. Son père pratique la pèche illégale et certains de ses camarades se moquent de Hsin-wang. Il souffre du départ de sa mère et du mutisme de son père. Pourtant, il a de bonnes notes à l'école. Ce garçonnet timide et frêle apporte des séquences fortes en émotion dues au sentiment d'injustice qui le frappe. La famille Chou vit dans une maison faite de tôles et de cartons. Le cinéaste évoque le dénuement de la population bien loin de l'idée du développement économique vanté à l'époque par Taïwan.

Le second gamin fait partie des « trois mousquetaires ». Lin Wan-chin fait les 400 coups avec ses deux amis Huang Chin-chui et Yen Chang-kuo. Chaque fois qu'une bêtise a lieu dans la classe, les instituteurs peuvent être certains que l'un des trois est responsable. Parmi les sottises, ils imitent M. Chou dans sa pèche à la tige électrique. Les trois gamins utilisent une batterie de voiture et le plus petit d'entre eux, Chang-kuo se prend une décharge dans la rivière et s’étale de tout son long. Si Chou Hsin-wang est l'élément dramatique, le trio est l'élément comique du film.

Assez vite, Hou Hsiao-hsien ne se passionne que pour Wen-chin, le petit grassouillet (on peut sûrement parier que le récit est largement autobiographique ou tout au moins que le cinéaste a connu cet enfant). Il laisse rapidement ses deux amis de côté. Espiègle et insolent, mauvais à l'école et bagarreur, Wen-chin est le fils de Monsieur Lin, un paysan qui n'en peut plus des bêtises de son fils. Il est souvent puni mais quand il est privé de dîner, la grande sœur soutient son petit frère et lui apporte un bol de riz.

La famille Lin accueille Hung Pei-yu, la cousine de Wen-chin. Très timide mais intelligente, elle va influencer son cousin et lui apprendre le calme. Et inversement, il lui apprendra à prendre confiance en elle. Ensemble, il soigneront un jeune hibou blessé. Ils deviendront très amis. Ils soutiendront le projet de leur instituteur de créer un zone protégée de la rivière (la partie écologique un peu mièvre du film). Avec deux décennies d'avance, Green green grass of home fait penser aux films doux et enfantins de Hirokazu Kore-eda.

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