Comme
dans Cute girl, Kenny Bee est le personnage principal de Green
green grass of home, troisième film de Hou Hsiao-hsien,
également inédit en France (sorti ce 3 août). Il incarne Lu
Ta-nien un instituteur qui débarque de Taipei dans le petit village
de montagne de Neiwan, à un peu moins de 100 km au sud ouest de la
capitale. Arrivée en train, un tortillard qui met des heures,
accueil par sa sœur qu'il doit remplacer à l'école du village et
logement dans un petit appartement au dessus du théâtre municipal.
Le film ne quittera par ce village verdoyant pendant la belle saison
du printemps.
Ta-nien
sera guidé dans sa nouvelle vie par M. Li, un bon gros sympathique
qui restera un personnage secondaire et par Mademoiselle Chen Su-yun
(Chen Mei-feng), tous deux instituteurs à l'école. Su-yun habite en
face du théâtre. Entre elle et Ta-nien, une gentille romance va
s'établir sur un mode en trois actes. Séduction autour d'une
chanson (Encore une gorgée de cola / Je vais te serrer fort la
main), puis déception quand l'exubérante ancienne petite amie de
Ta-nien débarque au volant de sa BMW et reconquête sous les regards
bienveillants des parents. Une romance bien conforme aux canons du
genre.
Ce
qui intéresse Hou Hsiao-hsien, bien plus que les roucoulements des
deux amoureux, c'est la banalité de la vie des habitants du village.
Le récit de Green green grass of home suit les travaux des
champs au fil de la saison, les moissons, le jardinage, les
difficultés de gagner sa vie pour certains parents trop pauvres.
Mais aussi au travers de l'histoire de M. Chou, les problèmes
d'éduquer les enfants quand on est père célibataire. D'autant que
la maman aborigène des enfants de M. Chou a quitté le foyer.
Hou
Hsiao-hsien se focalise sur deux enfants de la classe de Ta-nien.
Tout d'abord, Hsin-wang le fils de M. Chou. Son père pratique la
pèche illégale et certains de ses camarades se moquent de
Hsin-wang. Il souffre du départ de sa mère et du mutisme de son
père. Pourtant, il a de bonnes notes à l'école. Ce garçonnet
timide et frêle apporte des séquences fortes en émotion dues au
sentiment d'injustice qui le frappe. La famille Chou vit dans une
maison faite de tôles et de cartons. Le cinéaste évoque le
dénuement de la population bien loin de l'idée du développement
économique vanté à l'époque par Taïwan.
Le
second gamin fait partie des « trois mousquetaires ». Lin
Wan-chin fait les 400 coups avec ses deux amis Huang Chin-chui et Yen
Chang-kuo. Chaque fois qu'une bêtise a lieu dans la classe, les
instituteurs peuvent être certains que l'un des trois est
responsable. Parmi les sottises, ils imitent M. Chou dans sa pèche à
la tige électrique. Les trois gamins utilisent une batterie de
voiture et le plus petit d'entre eux, Chang-kuo se prend une décharge
dans la rivière et s’étale de tout son long. Si Chou Hsin-wang
est l'élément dramatique, le trio est l'élément comique du film.
Assez
vite, Hou Hsiao-hsien ne se passionne que pour Wen-chin, le petit
grassouillet (on peut sûrement parier que le récit est largement
autobiographique ou tout au moins que le cinéaste a connu cet
enfant). Il laisse rapidement ses deux amis de côté. Espiègle et
insolent, mauvais à l'école et bagarreur, Wen-chin est le fils de
Monsieur Lin, un paysan qui n'en peut plus des bêtises de son fils.
Il est souvent puni mais quand il est privé de dîner, la grande
sœur soutient son petit frère et lui apporte un bol de riz.
La
famille Lin accueille Hung Pei-yu, la cousine de Wen-chin. Très
timide mais intelligente, elle va influencer son cousin et lui
apprendre le calme. Et inversement, il lui apprendra à prendre
confiance en elle. Ensemble, il soigneront un jeune hibou blessé.
Ils deviendront très amis. Ils soutiendront le projet de leur
instituteur de créer un zone protégée de la rivière (la partie
écologique un peu mièvre du film). Avec deux décennies d'avance,
Green green grass of home fait penser aux films doux et
enfantins de Hirokazu Kore-eda.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire