Carlotta
sort ce mois d'août cinq films de Hou Hsiao-hsien, dont trois
totalement inédits en France, et parmi eux son tout premier
long-métrage sorti en 1980 à Taïwan. Cute girl est une
comédie du Nouvel An, donc visant le public populaire. Pour décrire
en une phrase, c'est comme une comédie cantonaise mais filmée avec
de nombreux plans séquences. Evidemment, les spectateurs qui aiment
les films du cinéaste ne retrouveront pas la langueur à laquelle
Hou Hsiao-hsien nous a habitué. Cute girl est très formaté
dans son récit autour du mariage.
Ils
ne le savent pas encore, mais ils vont tomber amoureux l'un de
l'autre. Elle est Wenwen (Feng Fei-fei), elle arrive dans sa voiture
de sport jaune, prête à aller travailler, elle est cadre
supérieure, une fille sérieuse habillée en tailleur strict. Lui
est Daigang (Kenny Bee, le chef cuisinier alcoolo dans Le Festin
chinois de Tsui Hark), il prend son déjeuner sur son scooter
rouge. Il est employé dans une entreprise de bâtiment. Dès la
scène d'ouverture, leur condition sociale opposée est mise en
avant, frein inexorable à la rencontre.
Je
ne sais pas si l'expression existe en chinois, mais Hou Hsiao-hsien
décide de les faire trouver chaussure à leur pied. Wenwen présente
un projet et joue avec ses escarpins, manquant de faire du pied à
son interlocuteur, quant à Daigang, il s'est déchaussé tandis
qu'il planche sur son projet. Les scènes sont très appuyées pour
bien montrer qu'ils ont, tous les deux, les mêmes petites manies.
Ils donc faits pour être ensemble. Il va falloir maintenant tordre
le scénario pour qu'ils puissent se rencontrer et trouver un terrain
d'entente.
Ce
terrain est dans la campagne de Taïwan. Wenwen s'y rend pour fuir la
pression qu'exercent ses parents et ses grands-parents pour qu'elle
se marie à Qian Ma (Anthony Chan) un homme choisi pour elle, un
grand dadais à lunettes parti faire ses études en France. Elle
n'est pas ravie, même si ses amies l'encouragent à se marier. Telle
était la tradition. Qian Ma est un homme de sa condition sociale, un
jeune étudiant promis à un brillant avenir. Wenwen court rejoindre
sa tante qui saura lui prodiguer de judicieux conseils, comme le font
toutes les tantines.
C'est
dans ce village qu'une autoroute doit être construite. L'entreprise
où travaille Daigang est chargée du projet. Il se rend au village
avec ses collègues et annonce que que la route doit traverser la
maison d'un ami très proche de Wenwen. Il va sans dire que le groupe
n'est pas bien accueilli et, très vite, Wenwen part batailler contre
Daigang dans des chamailleries bon enfant qui font sourire. Notre
homme se fait piquer par un serpent et reste se faire soigner par les
villageois. En vérité, ce n'était qu'une chenille mais le
propriétaire de la maison a décidé de lui mentir.
Le
romantisme de Cute girl se déploie sous plusieurs formes.
Plusieurs chansons sont entonnées par Kenny Bee et Feng Fei-fei dans
les plaines de la campagne. Ils se promènent à vélo et, hop, une
chanson d'amour. Ils commencent à se plaire. Puis, c'est sous
l'arbre des amoureux que les deux tourtereaux se retrouvent. Si leurs
noms sont gravés sur l'écorce l'un à côté de l'autre, ils seront
amoureux toute leur vie. Daigang écrit le sien, mais Wenwen refuse,
car elle ne veut finalement pas décevoir ses parents.
Retour
à Taipei et au projet de mariage, grosse déception de Daigang qui
ratisse toute la ville avec son fiston, l'encombrant et insolent
Ping, élément comique du film qui révèle que Daigang n'a presque
pas encore atteint l'âge adulte. Daigang retrouve Wenwen le soir de
ses fiançailles et contre attente, Daigang décide de devenir ami
avec Qian Ma. Le futur époux se voit accaparé par l'amoureux
éconduit, provoquant de joyeux petits gags (le duel rêvé, la scène
du téléphone). Comme la vie est plus belle au cinéma, tout se
terminera dans le bonheur du mariage.
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