Tous
les deux tournés en 1967, A
propos des chansons paillardes au Japon
se déroulait en hiver, était
filmé en couleurs et s’intéressait à la libido masculine, Eté
japonais : double suicide
se passe en été, est en noir et blanc et met en scène une jeune
femme (Keiko Sakurai) qui veut coucher avec tous les hommes qu’elle
rencontre. L’ouverture du film pose immédiatement la ligne
abstraite que Nagisa Oshima va désormais utiliser comme une
expérimentation de ses récits et de sa mise en scène.
Cette
femme apparaît comme coupée des autres. D’abord physiquement avec
sa mèche colorée dans les cheveux, look improbable face aux
employés qui nettoient les murs sans faire attention à elle,
ensuite en demandant à un homme (Kei Sato) s’il veut bien coucher
avec elle. Lui, habillé en treillis, veut trouver une personne qui
accepterait de le tuer. Le jour est bien trouvé, les autorités
annoncent qu’un tueur fou, un Américain, tire dans le tas. Nagisa
Oshima continue de filmer une société malade qui ne cherche des
solutions que dans la mort ou la force.
Le
duo, particulièrement mal assorti, poursuit ses pérégrinations
dans un Tokyo désert jusqu’à arriver dans une usine désaffectée.
Une bande de malfrats y séjourné, prête à en découdre le
lendemain matin avec une autre bande de malfrats. Leur comportement
est paramilitaire et leurs mines sont patibulaires. Cela n’empêche
pas la femme d’aller vers eux, d’encore une fois, demander de
faire l’amour et l’homme de demander qu’on le tue. Dans une
pièce, huit autres hommes accueillent l’homme suicidaire et la
femme nymphomane.
Personne
n’aura de nom dans Eté
japonais : double suicide
mais chacun aura une fonction précise. Celui habillé en moine est
le plus sage, un adolescent en uniforme de lycéen veut tuer un
homme, un tatoué, un réparateur de télévision. L’absence de
psychologie crée du mystère sur la raison pour laquelle ces huit
hommes sont présents là. Les discussions qu’ils ont ne tournent
qu’autour de la rixe prévue le lendemain. La femme va s’apercevoir
que les malfrats ont tous quitté les lieux, laissant la porte
ouverte à encore d’autres questionnements.
Leur
cloisonnement volontaire apparaît comme l’antichambre de la mort.
Ils sont exclus de la société et leur unique lien avec le monde est
une télé portative qui donne des nouvelles du tueur fou comme des
malfrats. Assez vite, la folie gagne chacun des personnages, les
vêtements quittent les corps des hommes au fur et à mesure que la
femme couche avec eux. Une idée de la liberté surgit jusqu’au jeu
de massacre qui arrive. On a l’impression de vivre une version
pessimiste et nihiliste des 10
petits indiens où chacun va
mourir, sans qu’on sache qui sera le dernier.
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