L'Economie
du couple (Joachim Lafosse, 2016)
Je
suis assez partagé. Joachim Lafosse aborde son sempiternel sujet,
une communauté restreinte qui s'enferme dans un lieu unique sans que
l'extérieur ne semble avoir de prise. Ce lieu, une maison bourgeoise
au rez-de-chaussée, un jardin et un grand portail qui donne sur la
rue. Marie (Bérénice Bejo) et Boris (Cédric Kahn), séparés mais
qui se disputent sur l'argent avant de divorcer. Ils ont deux filles.
Le film est un petit théâtre en huis clos, les personnages
circulent dans les pièces et le jardin au gré des conversations. Le
quotidien est pénible, fait de petites mesquineries (je mets que 3
assiettes, tu manges pas avec nous, lui dit-elle), de colères
sourdes, sans tomber dans les engueulades de règlement de compte
(comme on le voit dans la plupart de ces films français de réunion
de famille). D'un autre côté, tout le scénario est forcé. Dès la
séquence d'ouverture, Joachim Lafosse crée artificiellement une
tension. Marie arrive avec ses filles. Elle met la clé dans la porte
pour ouvrir et se rend compte au bout d'un moment que Boris est là
(tout est en plan séquence). Il se serait donc enfermé dans la
maison pourtant équipé d'un solide portail ? Or dans toutes
les scènes suivantes, ni elle, ni lui ne ferme la porte quand il est
déjà présent avant que l'autre n'arrive. Et c'est toujours à ce
genre de détails que l'on voit la puissance d'un film.
Nerve
(Henry Joost & Ariel Schulman, 2016)
A
l'heure de Pokémon Go, Nerve propose un autre jeu sur
smartphone où les joueurs doivent aussi aller dans la rue (ici New
York, en commençant par Staten Island) et relever des défis lancés
par les voyeurs. Il est interdit aux deux héros (Dave Franco, le
frère de James et Emma Roberts, la nièce de Julia mais surtout
l'incroyable vilaine Chanel de l'épatante série parodique Scream
queens) de dévoiler le jeu à ceux qui ne sont ni joueur ni
voyeur, comme dans Fight club. Mais c'est à un autre film de
David Fincher que j'ai pensé devant ce scénario sans originalité,
l'horrible The Game. Les défis sont d'abord inoffensifs
(mettre une robe de luxe et un tuxedo dans un magasin chic) puis de
plus en plus violents, foncer yeux fermés à 100km/h dans la rue à
moto, s'accrocher à une grue. Dans sa navrante pudibonderie, les
scénaristes ne pensent jamais à passer par la case sexe, motif bien
plus subversif dans l'Amérique de Trump. Si j'avais été voyeur,
j'aurais proposé que Dave Franco se retrouve au beau milieu d'un
bukkake en compagnie de Kaleb Scott. Voilà une belle idée pour
Nerve 2 !
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