C'est
l'été coréen dans les salles de cinéma, quatre films en ces mois
de juillet et août, mais je ne suis allé voir que Dernier train
pour Busan. Un TGV qui va de Séoul à Busan avec de nombreux
voyageurs et parmi eux, un père de famille et sa fillette. Le film
de Yeon Sang-ho semblait commencer comme n'importe quel autre film
familial (je ne savais rien du film avant d'entrer dans la salle), ce
père Seok-woo (Goon Yoo) est totalement obnubilé par son travail
(une sorte de trader aux dents longues), le téléphone constamment à
l'oreille. Quand il rentre chez lui, il se rend compte qu'il a oublié
la kermesse de sa fille Su-an (Kim Su-an). C'est son anniversaire et
il lui offre le même cadeau que l'année précédente. Divorcé et
père relativement indigne, Seok-woo doit emmener sa fille à sa mère
(que l'on ne verra jamais).
Le
huis-clos s'enclenche avec toute une ribambelle de personnages. Un
homme costaud et peu aimable (Ma Dong-seok) et son épouse enceinte
(Jeong Yu-mi). Une équipe de baseball, des jeunes gens qui se
chamaillent gentiment, notamment le jeune puceau Young-guk (Choi
Woo-shik) qui voit débarquer la fille dont il est amoureux sans
jamais avoir oser lui dire, Jin-hee (Ahn So-hee) viendra s’asseoir
à côté de lui. Deux vieilles dames, l'une est la grande sœur de
l'autre. Un homme d'affaire (Kim Eui-sung). Quelques contrôleurs. Et
enfin, un SDF (Choi Gwi-hwa). Le prologue de Dernier train pour
Busan aura averti le spectateur, une fourgonnette en pleine
campagne heurte un cerf. Pensant qu'il est mort, le conducteur
poursuit sa route, mais l'animal se tord, se redresse et se met sur
ses pattes. La caméra s'approche de lui, la bête lance un regard
caméra au spectateur, ses yeux sont devenus blanchâtres, tels ceux
d'un zombie.
On
en a vu des films de zombies, on sait parfaitement comment ils
fonctionnent, ils sautent à la gorge des futures victimes et les
contaminent. Leur nombre excédera celui des hommes sains. Le film ne
déroge pas à cette règle. Le but du jeu est toujours le même,
d'abord apprendre à lutter contre eux, à se cacher, à ne pas être
mordu, et ensuite deviner qui va s'en sortir. Pour les voyageurs,
pour l'instant tout ce passe bien. Mais une femme vient de grimper
dans un wagon juste au moment où le train fermait ses portes. De
larges veines zèbrent ses membres, on vient lui porter secours.
Erreur fatale, elle va commencer à contaminer le compartiment, et
répandre la terrible gangrène à tous ceux qui l'entourent. Assez
vite, les nouvelles de l'extérieur se répandent. Par téléphone,
par les écrans télé installés dans les wagons où les chaînes
info parlent de manifestations qui dégénèrent. Les passagers ne
savent pas encore comment réagir.
L'habileté
du film tient dans sa manière de créer de la tension traversée par
un humour pince sans rire. Cette tension est multiple, autant dans
l'étude des zombies, empirique, pour savoir quand les voyageurs
peuvent leur échapper que dans la formation de deux groupes ennemis
parmi les non contaminés. Ce qui me plaît beaucoup dans Dernier
train pour Busan est la manière dont les zombies sont filmés.
Leurs mouvements saccadés et mécaniques sont une belle trouvaille
visuelle tout autant que leur afflux en masse pour attaquer les
pauvres humains. Mon moment préféré qui mêle tension et humour
est la poursuite d'une meute en furie à une locomotive. La meute
compacte s'accroche comme elle peut et tombe comme un château de
cartes. Comparativement, la portée sociale (l'entraide est meilleure
que la lâcheté et l’égoïsme) et la rédemption du père (il va
devenir un héros pour sa fille sous un torrent de musique
assourdissante) sont plus banales et balisées.
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