A
Los Angeles en 1977, on savait bien se saper. Jackson Healy (Russell
Crowe) aime mettre un chemise bleu clair en flanelle sur une chemise
hawaiienne. C'est une tenue idéale pour passer inaperçu quand il va
bosser. Son boulot est de donner du coup de poing au contrat. En
exemple, dans l'une des séquences de présentation des personnages,
Healy porte un poing américain, attend qu'une ado mineure sorte de
la maison où se trouve un adulte à qui il casse la gueule, non sans
lui avoir dit de ne pas toucher aux gamines.
Son
futur partenaire dans The Nice guys est Holland March (Ryan
Gosling), plus jeune que Healy mais toujours en costume cravate
marron, une chemise souvent ouverte sur un bon vieux débardeur. Et
une moustache, ça en impose pour un détective. La rencontre est
musclée et violente car Healy n'a pas compris qui est March et tous
les deux suivent la même personne : Amelia. Sa mère a engagé
March pour la retrouver et une amie d'Amelia en engagé Healy pour
casser la gueule de March. Voilà d'où vient le plâtre.
Maintenant
que Shane Black a décliné l'identité de ces deux gentils gars du
titre, il faut leur faire un duo d'enfer, digne, disons de ceux que
le scénariste d'il y a trente ans avait fait avec L'Arme fatale
ou Le Dernier samaritain, soit un duo désaccordé qui doit
trouver son accord tout au long du film. Healy est le genre de gentil
gars qui cogne et qui discute ensuite, Holland March est aussi le
gentil gars qui se trompe toujours jusqu'au moment où il a enfin
raison, le modèle du genre étant l'inspecteur Clouseau.
Entre
deux explosions, deux poursuites en voiture, deux coups de poing dans
la gueule, deux coups de feu et deux morts, The Nice guys
déploie un gag. Les deux hommes montent en silence dans un encenseur
qui joue The Girl from Ipanema, Holland March est aux chiottes en train de lire un magazine quand Healy
ouvre la porte, March, encore lui, dégringole de la terrasse après
avoir bu comme un trou (il picole pendant tout le film), Healy tente
de convaincre un barman de donner des renseignements.
L'incompétence
de March n'est pas contrecarrée uniquement par Healy. La fille du
détective privé, une gamine de 12 ans, Holly (Angourine Rice) na
pas besoin d'être protégée. Elle se mêle de l’enquête, se
glisse dans la soirée organisée par le producteur porno, est
menacée par le tueur à gages (Matt Bomer) engagé par la mère
d'Amelia (Kim Basinger). C'est la gamine, bien plus adulte que lui,
qui protège son père dans le mouvement comique crée par
l'inversion des rôles entre les personnages.
Cette
enquête mène donc Healy, March et sa fille dans les coulisses du
cinéma porno mais aussi de l'industrie automobile. Tout est
clairement expliqué dans le film. Pas de putasserie ni de scabreux
dans The Nice guys. L'action des films produits dans les
années 1980 et 1990 par Joel Silver et scénarisés par Shane Black
étaient contemporains de leur réalisation. C'est d'ailleurs assez
fascinant de retrouver les mœurs de l'époque aujourd'hui, tout
comme les couleurs, les voitures et les vêtements des personnages.
Faire
se dérouler The Nice guys en 1977, permet d'éviter les
téléphones portables, les techniques modernes, mais je crois que
Shane Black ne l'a fait que pour une seule scène, celle de la
projection du film porno sur pellicule suivie de la bobine que jette
Holland March. Evidemment, en 2016, le porno ne passe que sur
Internet, sur l'ordinateur, impossible de lancer quoi que ce soit.
Cette bobine, c'est aussi tout ce cinéma (celui de Joel Silver) qui
n'existe plus, remplacé par les navets Marvel et ses images de
synthèse. The Nice guys est aussi un film politique (des
auteurs).
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