vendredi 13 mai 2016

Café Society (Woody Allen, 2016)

Bruce Willis devait jouer dans Café Society, son rôle a été repris par Steve Carell, hyper à l'aise dans l'univers de Woody Allen. Il est Phil, un agent de stars hollywoodiennes qui passe son temps au téléphone à donner des noms d'actrices, metteurs en scène de l'époque où se déroule le film, dans ces années 1930 (la prohibition a été abolie, on peut à nouveau boire du brandy à gogo). Il attend un rendez-vous avec Ginger Rogers, il n'est jamais à son bureau, il sourit à une réception mondaine. C'est Woody Allen en personne qui se charge de présenter les personnages de son film, en voix off, il filme Phil dans son univers, en chromo légèrement ocre, et tout la famille de Phil, restée à New York.

A Hollywood, Phil est un impresario mondain, mais pour sa sœur Rose (Jeannie Berlin), il est l'oncle de Bobby Dorfman (Jesse Eisenberg). Et Bobby s'ennuie à New York, il veut du soleil et des nanas. Il débarque dans un hôtel minable, essaie de prendre rendez-vous avec son tonton pour trouver un petit job à Hollywood. Enfin dans le bureau de Phil, il tombe sur sa secrétaire Vonnie – diminutif de Veronica (Kristen Stewart), charmante dans sa petite robe jaune. Vonnie, peu encline à goûter au star system, propose tout de même à Bobby de visiter Beverly Hills et les maisons des acteurs. Jane Crawford vit ici, on admire son auto, puis on file au Chinese Theater regarder un film. Un roman d'amitié qui commence entre eux deux.

Vonnie accepte de venir cuisiner chez lui des spaghetti bolognaise (pourquoi pas) et finalement retire sa promesse. Vonnie, au grand dam de Bobby, a un petit ami, qu'elle appelle Doug et à qui elle a offert pour leur première année de liaison (noce de papier) une lettre de Rudolph Valentino. Et ce Doug, c'est l'oncle Phil. Woody Allen s'amuse dans les répliques entre Bobby et son oncle à prolonger le quiproquo amoureux, comment chacun apprend que l'autre a une aventure avec Vonnie, qui va-t-elle choisir entre l'homme mûr et le jeune blanc-bec qui commence à gravir les échelons dans Hollywood (les coulisses sont filmées comme une garden party bien gentille, loin de la férocité des Coen ou de Dalton Trumbo).

Après une moitié à Hollywood, amusant triangle amoureux un peu poussiéreux, Woody Allen revient à New York pour parler de ce qu'il connaît : une famille juive où chaque membre s'aime tellement qu'ils ne peuvent pas se voir en peinture. La mère Rose et le père Marty (Ken Stott) de Bobby qui se disputent sur la judéité de Phil, la sœur Evelyn (Sari Lennick) et son mari Leonard (Stephen Kunken), grand dadais « intello et communiste » comme le dit Woody Allen, qui se font harceler par un voisin bien peu accommodant. Des petites saynètes familiales au charme désuet comme Woody Allen sait en écrire et filmer à la dizaine.

Le film aurait gagné à se concentrer sur Ben (Corey Stoll), le frère de Bobby. Il rappelle Coups de feu sur Braodway et le personnage de gangster que jouait Chazz Palmentieri, qui se rêvait en auteur dramatique. Dans Café Society, Ben embauche son petit frère pour faire de sa boîte de nuit malfamée un lieu à la mode où tout le gratin se rend. Bobby y rencontrera sa deuxième Veronica (Blake Lively), aussi blonde que la première, et Woody Allen développe son petit hommage à la Madeleine du souvenir amoureux. Tout l'humour de cette partie réside dans la naïveté qui aveugle chacun au sujet de Ben, le si gentil fiston qui assassine et bétonne à tour de bras. Le meilleur personnage du film.

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