dimanche 29 mai 2016

More (Barbet Schroeder, 1969)

Je suis arrivé à Barbet Schroeder par Pink Floyd que j'ai beaucoup écouté quand j'avais 20 ans. Je me rappelle ma fébrilité, et celle de mes amis fans eux aussi du groupe, quand Canal + a programmé More. Je me rappelle aussi notre relative déception. En revanche, la musique est toujours aussi bonne, d'une grande simplicité, des ritournelles très douces, des chansons fredonnées à la guitare et des instrumentaux plus expérimentaux à la batterie et aux claviers.

Barbet Schroeder utilise la musique du groupe essentiellement de manière intradiégétique. Un 33 tours que lance Estelle (Mimsy Farmer), une cassette BASF sur un magnétophone qu'écoute Stefan (Klaus Brückner). Elle écoute des chansons, lui des morceaux instrumentaux, cela montre leur différence. Le premier joint fumé est au son de Cymbaline à la mélodie planante, comme les deux autres chansons, Green is the colour et Crying song.

25 ans après ma première vision, More reste un document amusant et légèrement suranné sur la génération hippie qui part s'encanailler à Ibiza (l'Espagne est encore sous Franco), de bons bourgeois qui fuient une part de leur passé, comme Estelle dont le père est un ami d'Ernesto Wolf (Heinz Engelmann), un vieux retraité qui joue aux fléchettes avec des poignards dont le manche est décoré d'une croix gammée. Ernesto héberge Estelle.

Avant l'arrivée sur l'île aux maisons blanches (et qui sera le décor d'Amnesia), Stefan fait du stop, sous la pluie, pour quitter l'Allemagne et se rendre à Paris. Dans un café, il rencontre un certain Charlie, un gars qui va lui présenter plein de gens, l'inviter dans des fêtes. C'est lors l'une d'elles que Stefan rencontre Estelle. Elle reste mystérieuse. Leur premier dialogue consiste à ne rien se dire. « Tu fais quoi ? Rien. Et toi ? Rien ».

La partie parisienne est un chouette hommage à la Nouvelle Vague, ou plus précisément aux clichés de ces aînés de cinéma. Un vendeur noir du New York Herald Tribune, une chambre de bonne où se retrouvent Estelle et Stefan discutent de tout, de la vie, lui en noir, elle en rouge, les déambulations dans les cafés et les rues, la voix off de Stefan (dommage que l'acteur ait un jeu si limité et parfois terriblement pénible).

Elle lui donne rendez-vous à Ibiza. Il s'y rend une semaine après elle, il ne la trouve pas, il devient jaloux croyant qu'elle couche avec Ernesto, commence à lui faire la morale, et surtout, il lui reproche de se droguer (du horse, surnom de l'héroïne). Il résiste un certain temps à goûter la drogue dure puis cède, lors d'une scène d'amour à trois. La longue descente aux enfers peut commencer, Estelle et Stefan vont passer une année à se piquer.

Barbet Schroeder refuse de filmer les effets de la drogue sur ses personnages, si ce n'est avec les morceaux de Pink Floyd en contrepoint. Ce qui est filmé dans More, c'est le comportement de Stefan quand il est en manque et quand il s'est piqué, c'est la recherche quotidienne de la drogue qui passe par le vol. Le cinéaste filme tout cela avec un ton neutre, il laisse agir ses personnages dans leur libre arbitre.

















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